Agrandissement : Illustration 1
Le rapport est explosif pour les autorités congolaises. Human Rights Watch (HRW) affirme que « des officiers supérieurs des forces de sécurité (…) ont mobilisé plus de 200 anciens rebelles du M23 venant des pays voisins pour étouffer les manifestations contre le président Joseph Kabila en décembre 2016 ». Une répression sanglante, puisqu’au moins 62 personnes ont été tuées lors des manifestations des 19 et 20 décembre 2016, selon HRW.
L’enquête de l’ONG - à consulter ici - se base sur plus de 120 entretiens de victimes, mais aussi d’ex-miliciens du M23 qui ont participé à ces missions très spéciales pour le compte de Kinshasa. Le rapport raconte par le menu l’acheminement des ex-rebelles, venus des camps de réfugiés d’Ouganda et du Rwanda, pour être ensuite déployés à Kinshasa, Goma et Lubumbashi, trois foyers de contestation réputés hostiles au président Kabila. Des uniformes neufs et des armes ont été distribués aux anciens rebelles par l’armée régulière, avant de les intégrer dans la police ou la Garde républicaine.
Payés, logés et nourris, les ex-M23 ont été engagés pour « protéger le président et étouffer les manifestations ». Les ordres étaient explicites afin d’utiliser la force létale, y compris « à bout portant » si nécessaire. « De nombreux combattants du M23 ont été déployés pour faire la guerre à ceux qui voulaient menacer le maintien au pouvoir de Kabila », a raconté un ex-rebelle à Human Rights Watch. Un autre a expliqué : « nous avons reçu l’ordre de tirer immédiatement à la moindre provocation des civils.
Sous-traiter les basses besognes
Cette enquête tombe au plus mal pour Kinshasa qui tente pour la seconde fois de repousser les élections censées se tenir fin 2016. La contestation enfle et l’opposition prévoit de nouvelles manifestations le 19 décembre pour demander le départ de Joseph Kabila, un an jour pour jour après les grandes mobilisations de décembre 2016. Pour Ida Sawyer, la directrice pour l’Afrique centrale de Human Rights Watch, les opérations clandestines de recrutement d’anciens M23 pour réprimer les manifestations de l’opposition, « montrent jusqu’où le président Joseph Kabila est capable d’aller pour rester au pouvoir »
Le principal enseignement de ce rapport est de venir confirmer ce que de nombreux opposants dénoncent depuis de nombreuses années : l’instrumentalisation des groupes armés par le pouvoir. Avec deux objectifs : sous-traiter les basses besognes à des rebellions et court-circuiter l’armée régulière pour mieux la contrôler. Pour l’opposition Joseph Kabila cherche à créer des foyers d’insécurité dans le seul but de retarder les élections et se s'accrocher au pouvoir. « La seule manière pour Kabila de se maintenir au pouvoir est qu’il reste fort, mais vous n’êtes pas fort si vous ne contrôlez pas entièrement votre armée et c’est là qu’intervient le M23 » a expliqué un ex-rebelle à Human Rights Watch. « Le manque de confiance de Kabila dans sa propre armée explique pourquoi il (...) Lire la suite sur Afrikarabia.