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C’est un véritable chamboule-tout politique qu’est en train de vivre la République démocratique du Congo (RDC) depuis quelques mois. La disqualification de certains poids lourds de l’opposition a créé d’importants bouleversements dans l’échiquier congolais. Un tsunami politique qu’un sondage de l’institut BERCI et du Groupe d’étude sur la Congo (CEG) vient de mettre en lumière à moins de 50 jours du scrutin. Dans une étude réalisée entre le 29 septembre et le 15 octobre 2018 auprès de 1179 personnes réparties dans les 26 provinces du pays, les chiffres sont cruels pour le pouvoir en place à Kinshasa.
Tshisekedi propulsé sur le devant de la scène
La première leçon à retenir est la constante côte de confiance des Congolais envers les candidats de l’opposition. Les cinq personnalités politiques qui décrochent une bonne opinion auprès de la population sont dans l’ordre : Moïse Katumbi (80%), Jean-Pierre Bemba (77%), Félix Tshisekedi (76%), Eve Bazaïba (75%) et Vital Kamerhe (72%). En miroir, 78% ont une mauvaise opinion du président Joseph Kabila, qui ne se représente pas à sa succession.
Le hic, c’est que les deux poids lourds de l’opposition ne participeront pas à la présidentielle de décembre. Moïse Katumbi, en exil forcée en Europe, n’a pas été autorisé à rentrer en RDC pour déposer sa candidature, et Jean-Pierre Bemba a vu sa candidature écartée pour la Cour constitutionnelle. Par jeu de chaises musicales très logique, les intentions de vote se sont reportées vers les opposants encore qualifiés pour le scrutin, Félix Tshisekedi en tête. Petit Poucet de la compétition et sans expérience politique majeure, le fils de l’opposant historique Etienne Tshisekedi, se retrouve propulsé sur le devant de la scène.
Ramazani Shadary recalé
Dans les intentions de vote du sondage, Félix Tshisekedi fait une percée très remarquée et vire en tête avec 36% des suffrages. Vital Kamerhe (UNC), lui aussi qualifié, occupe la seconde place, avec 17% des intentions de vote. Le candidat du pouvoir et « dauphin » du président Joseph Kabila, Emmanuel Ramazani Shadary, occupe une timide troisième place et ne serait donc pas élu. Martin Fayulu (Ecidé) et Freddy Matungulu (Congo na Biso) bénéficient également de l’éviction de Katumbi et Bemba, en remportant 8% et 5% des intentions de vote.
La répartition des voix dans les provinces congolaises met en relief une nouvelle « redistribution des rapports de force politique » après l’invalidation des deux leaders de l’opposition. Félix Tshisekedi, désormais opposant numéro un par défaut, profite de l’absence de Bemba pour rafler la mise en Equateur, la province natale du patron du MLC, mais aussi à Kinshasa. Il s’impose également au Katanga, le fief de Moïse Katumbi. A l’Est du pays, l’autre opposant encore en course à la présidentielle, Vital Kamerhe, « consolide sa position auprès des électeurs du Nord Kivu, du Sud Kivu et de la Province Orientale ». Le candidat du pouvoir, Emmanuel Ramazani Shadary, vire en tête dans une (...) Lire la suite sur Afrikarabia