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C’est le grand ménage dans l’armée congolaise. De nouvelles ordonnances lues samedi soir à la télévision nationale remanient profondément la chaîne de commandement des FARDC. Trois hommes se retrouvent désormais aux commandes de l’armée, à l’approche d’élections très attendues et alors que l’opposition soupçonne le président Joseph Kabila de vouloir passer en force afin de briguer un troisième mandat, interdit par la Constitution.
John Numbi, l'homme de main du pouvoir
La série d’ordonnances signent tout d’abord le retour du très controversé de John Numbi qui est nommé inspecteur général des FARDC. L’ancien chef de la police avait été suspendu de ses fonctions en 2010, après l’assassinat du célèbre militant des droits de l’homme Floribert Chebeya et de son chauffeur Fidèle Bazana. De lourds soupçons pèsent en effet sur l’ancien conseiller sécurité du président Kabila - voir notre article.
Un des témoins clés de l’affaire, le major Paul Mwilambwe, avait dû se réfugier au Sénégal après avoir dénoncé John Numbi comme étant le principal commanditaire du double meurtre. Sur Twitter, Paul Mwilambwe dénonce ce week-end le retour aux affaires de Numbi, et craint pour sa sécurité. Pour Jean-Claude Katende, président d’une importante association des droits de l’homme (ASADHO), « La nomination de John Numbi dans l'armée est une insulte à la mémoire de Chebeya et au travail des défenseurs des droits humains. »
John Numbi a toujours été considéré comme l’homme des basses oeuvres de Joseph Kabila. Et le sécurocrate n’est pas resté inactif après sa mise au vert de la police. Il aurait notamment joué un rôle de « soutien logistique » aux rebelles indépendantistes Bakata Katanga, qui avaient attaqué Lubumbashi en mars 2013. L’ombre de Numbi plane également autour de la surprenante reddition du milicien Gédéon en 2016 et de son allégeance au président Joseph Kabila.
Sanctionné par les Etats-unis et l’Union européenne, John Numbi est aussi accusé d’être « impliqué dans des actes d’intimidation violente pour assurer la victoire de candidats associés à la coalition de la Majorité présidentielle de Joseph Kabila en mars 2016 ». Toujours selon le Trésor américain, qui a gelé ses avoirs, John Numbi « a menacé de tuer les candidats de l’opposition qui ne s’étaient pas retirés de la course volontairement ». Le retour de l’homme de confiance du président Kabila au sein de l’appareil sécuritaire congolais ne peut donc que susciter des interrogations.
Célestin Mbala et Gabriel Amisi aux commandes
Une autre personnalité trouble vient de prendre du galon dans l’armée : le général Gabriel Amisi, dit « Tango Four », également dans le collimateur des États-Unis. Celui-ci est promu numéro deux des FARDC et devient chef d’État-major adjoint chargé des opérations et du renseignement. De triste réputation dans l’Est du pays, l’ancien rebelle proche de Laurent Nkunda est accusé d’exactions, de trafic d’armes et d’exploiter illégalement des mines. Avec Amisi, Joseph Kabila espère pouvoir tenir les provinces de l’Est de pays, qui lui avaient apporté la majorité des suffrages lors des deux dernières élections.
Un troisième homme fait son apparition dans le verrou sécuritaire mis en place par le président congolais. Il s’agit du général Célestin Mbala Munsense, qui devient le nouveau numéro un de l’armée congolaise. Cette nomination permet d’éloigner l’ancien chef d’Etat major, le général Didier Etumba, qui part à la retraite, ainsi que le général Denis Kalume Numbi, récemment nommé ambassadeur en Russie. Le nouveau patron de l’armée congolaise, Katangais comme le chef de l’Etat, est perçu comme la relève de confiance de Joseph Kabila. Une nouvelle génération d’officiers a également été promue cette semaine, puisque le président en (...) Lire la suite sur Afrikarabia.