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Si une image vaut mille mots, celle de la jeune Binja Yalala, 15 ans, interpellée par la police, résume à elle seule la répression policière aveugle qui sévit régulièrement en République démocratique du Congo (RDC) lors de chaque manifestation d’opposants au président Joseph Kabila. Sur la photo, on y voit la jeune fille en train d’être menottée par un membre de la police nationale, avant d’être incarcérée à la prison centrale d’Idjwi. Binja Yalala sera finalement détenue 10 heures avant d’être relâchée. Mais entre temps, l’image a fait le tour du monde, via les réseaux sociaux, et a suscité une importante vague d’émotion. Sur Twitter, le hashtag #JeSuisYalala est largement partagé. Et la similitude de nom avec la jeune prix Nobel pakistanaise Malala Yousafzai fait réagir de nombreux internautes, qui voit dans cette photo, l’incarnation de la lutte contre le président Congolais.
Le 15 novembre dernier, les mouvements citoyens et l’opposition politique organisaient une journée ville morte et des marches dans tout le pays pour dénoncer le nouveau report de l’élection présidentielle fin 2018 et exiger le départ de Joseph Kabila dont le deuxième et dernier mandat a expiré depuis le 19 décembre 2016. Sur l’île d’Idjwi, dans l’Est de la RDC, les manifestations sont interdites, comme dans le reste du pays. Un groupe de manifestants souhaite déposer un mémorandum devant les bureaux de l’administration locale. La police intervient et interpelle une quinzaine de manifestants, dont le père de la jeune Binja Yalala, qui tente alors de s’interposer.
« Tu es une sorcière »
La jeune femme raconte son interpellation à l’ONG Human Rights Watch (HRW) : « Je me suis alors avancée et j’ai demandé à la police de les relâcher. Comme ils ne m’écoutaient pas, je leur ai dit que je ne partirais pas sans mon père, et que s’ils ne le relâchaient pas, ils devraient m’arrêter moi aussi. Alors sans hésiter, l’un d’eux m’a attrapée très fort par la main, il m’a frappée dans le dos avec son arme, et m’a ligotée les mains derrière le dos. J’avais très mal, je criais. Ils m’ont ensuite jetée dans le cachot avec mon père et les autres. » Binja Yalala est alors transférée à la prison centrale du territoire d’Idjwi.
« Ils nous ont posé beaucoup de questions sur ce qui s’était passé », a raconté Binja Yalala à Human Rights Watch . « Ils ont frappé mon père parce qu’ils disaient qu’il m’avait entraînée dans ces choses. Il a essayé en vain d’expliquer que je n’étais pas membre du mouvement. Après, ils m’ont dit : « Tu es une sorcière », et ils m’ont de nouveau frappée avec des bâtons. » Binja et son père ont été relâchés vers 22 heures.
644 violations des droits de l’homme en septembre 2017
Les autorités congolaises comme c'est souvent le cas, ont d’abord nié l’arrestation de mineurs lors des manifestations du 15 novembre. Mais, rapidement, la police congolaise a reconnu que Binja Yalala avait bien été interpellée « pour avoir violenté les forces de l’ordre » selon le communiqué officielle. Une accusation qui a créé la colère de l’opposition congolaise : « Voici le pays dans lequel nous vivons en 2017 » a fustigé l’opposant Martin Fayulu sur son compte Twitter, « #Honte, #TropCestTrop ». Quant aux autorités congolaises, elles (...) Lire la suite sur Afrikarabia.