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Billet de blog 22 janvier 2019

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Burundi : Nkurunziza demande aux juges parisiens de sanctionner ses contestataires

Prenant prétexte de l’erreur d’interprétation d’une vidéo diffusée sur France 3, le président burundais Pierre Nkurunziza poursuit pour diffamation l’avocat belge Bernard Maingain et des journalistes français et burundais.

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Illustration 1
© Présidence Burundi

Depuis longtemps le mot “justice” n’a plus grand sens au Burundi. L’indépendance des magistrats, quel que soit leur rang, n’est qu’une fiction. Lorsqu’il décida en avril 2015 de briguer un troisième mandat - en violation de la Constitution et des Accords de paix d’Arusha - le président Nkurunziza dût solliciter la Cour Suprême. Ce ne fut pas une simple formalité comme il l’imaginait : des magistrats dirent « non ». Alors on employa à leur égard la manière forte habituelle : les menaces de mort. L’un des juges suprêmes dut se cacher puis fuir le pays avec sa famille. Ca servit d’exemple aux autres qui finirent par plier.

Autre exemple : en décembre 2015, lorsque le régime décida de juger des opposants, le Parquet récusa tous les avocats burundais de la défense, ainsi que Me Bernard Maingain, accusé publiquement de “complicité de coup d’Etat”. Et pour faire bonne mesure, un mandat d’arrêt international aurait été décerné contre lui. Lorsqu’il passe un poste frontière et tend son passeport, l’avocat belge n’est pas interpellé par les douaniers. De toute façon, un mandat d’arrêt international émis par le régime ubuesque de Pierre Nkurunziza n’a aucune valeur hors du Burundi. Tout comme les décisions des juges burundais terrorisés.

Le potentat de Bujumbura a fini lui-même par le comprendre, et s’est dit qu’une décision émise par des juges parisiens aurait davantage de poids. D’où le procès qui, en principe, doit se tenir ces jeudi 24 et vendredi 25 janvier 2019 devant le tribunal correctionnel de Paris. En cause, outre Me Maingain, le journaliste burundais David Gakunzi, ainsi que Mme Delphine Ernotte, présidente de France Télévision, et un collaborateur de France 3. Ce dernier, dans le Journal de la soirée du 13 janvier 2016, avait diffusé une vidéo supposée montrer des miliciens Imbonerakure assassiner des civils par divers moyens traditionnels. En réalité, on comprit vite qu’il s’agissait d’un “kit vidéo” tourné en Afrique de l’Ouest, qui servait d’instrument en quelque sorte « pédagogique » aux Imbonerakure. Nuance...

France 3 s’excusa dès le lendemain. Me Bernard Maingain, qui reconnaissait avoir fourni la vidéo, publiait aussitôt un communiqué rectificatif. Selon toute vraisemblance, le potentat de Bujumbura estima qu’il tenait là un moyen de “coincer” l’avocat belge. D’où la plainte pour diffamation à Paris, siège de France 3.

Il est vrai que Nkurunziza a des raisons d’en vouloir à Me Maingain. Connaisseur de longue date de la région des Grands Lacs et avocat de plusieurs organisations de défense des droits de l’homme, il a collationné au Burundi et en Europe de nombreux témoignages et preuves des crimes contre l’humanité commis par le régime de (...) Lire la suite sur Afrikarabia.

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