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Ils tiennent leur revanche. Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, tous les deux favoris pour décrocher la candidature commune de l’opposition à la présidentielle, avaient été doublés par un candidat de compromis : Martin Fayulu. Déçus de leur défaite et bousculés par leurs militants, Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe s’étaient alors retirés de l’accord de Genève, 24 heures seulement après sa signature. Quelques jours de tractations tendues ont permis aux deux leaders de l’opposition, encore en lice pour les élections du 23 décembre, de se mettre d’accord sur une plateforme politique - Cap pour le changement - et son sur un « ticket » qu’ils espèrent gagnant.
Félix Président, Vital Premier ministre
Le deal est simple. Le président de l’UNC, Vital Kamerhe, se désiste et accepte d’apporter son soutien à Félix Tshisekedi pour la présidence du Congo. En échange, l’UDPS lui cède le poste de Premier ministre si la coalition l’emporte. Le partage du gâteau, qui semble semble être au coeur de l’accord, prévoit également que la présidence du Sénat, les Finances, la Défense ou la Justice soient réservés à des membres de l’UNC. Pendant la campagne, c’est Vital Kamerhe qui assurera le poste de directeur de campagne, 12 ans après avoir piloté celle de… Joseph Kabila.
Sur le papier, la « grosse coalition » UDPS-UNC pèse un poids certain sur l’échiquier politique. Si l’on en croit le récent sondage de l’institut Berci et du Groupe d’étude sur le Congo (GEC), les intentions de vote de Félix Tshisekedi cumulées à celle de Vital Kamerhe seraient de 53%, alors que celles de Martin Fayulu plafonneraient à 13% si on y ajoute les voix de Freddy Matungulu. L'UDPS est forte au Centre et à l'Ouest du pays, alors que l'UNC est puissante à l'Est. Mais cela reste de la pure mathématique électorale, qui ne prend pas en compte plusieurs inconnues : le report de voix de Kamerhe vers Tshisekedi, le soutien de poids de Katumbi et Bemba pour Fayulu, et surtout la crédibilité et la transparence d’un scrutin qui fait craindre un risque de fraude massive.
Une crédibilité en doute et des contentieux tenaces
Le ticket de circonstance Tshisekedi-Kamerhe pose tout de même de nombreuses interrogations sur son réel poids politique, mais surtout sur sa fiabilité. Quelle crédibilité accorder à cette nouvelle alliance, alors qu’il y a moins de deux semaines, Tshisekedi et Kamerhe reniaient leur signature de l’accord de Genève soutenant Martin Fayulu comme candidat commun de l’opposition ? D’autant plus qu’aujourd’hui, les deux opposants se sont accordés sur un pacte politique de 10 ans, puisqu’au bout des 5 ans de présidence Tshisekedi, ce serait au tour de Vital Kamerhe de briguer la magistrature suprême ! Peut-on encore croire aux promesses de ces deux opposants après leur vote-face de Genève ? Beaucoup on des doutes.
L’autre interrogation est de savoir si les bases militantes des deux partis soutiendront ce ticket « contre-nature », composé de deux frères ennemis. Car il faut dire qu’entre les deux partis, ce n’est pas vraiment l’amour fou. Un premier rapprochement avait échoué pour la présidentielle de 2011. Et depuis, UDPS et UNC s’accusent mutuellement d’être responsable de la défaite. A l’UNC, on estime le dirigeant de l’UDPS « peu fiable » et « sans leadership », alors qu’à l’UDPS on accuse Kamerhe de faire le jeu du pouvoir, notamment en ayant cautionné le dialogue de l’Union africaine, en 2016. Reste à savoir si les contentieux entre les (...) Lire la suite sur Afrikarabia.