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Billet de blog 25 août 2018

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Elections en RDC : l’exclusion de Bemba fait craindre un retour de la violence

La candidature de l’opposant Jean-Pierre Bemba à l’élection présidentielle a été déclarée irrecevable par la Commission électorale. Une décision « instrumentalisée par le pouvoir » selon l’opposition, qui ravive les tensions au Congo.

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© Twitter - DR

La République démocratique du Congo (RDC) n’en finit pas de s’enfoncer dans la crise politique. Après avoir été reportée par deux fois, l’élection présidentielle de décembre pourrait se tenir sans l’un des principaux opposants au camp présidentiel. L’ancien vice-président Jean-Pierre Bemba, récemment acquitté par la Cour pénal internationale (CPI), a vu sa candidature à la présidentielle invalidée par la Commission électorale (CENI) ce samedi dans la nuit.

Une invalidation « politique »

Selon la CENI, c’est « la condamnation de Jean-Pierre Bemba par la CPI à un an de prison et au paiement de 300.000 euros pour subornation des témoins » qui a rendu sa candidature irrecevable. La loi congolaise estime qu’en cas de condamnation pour corruption, tout candidat se verrait frapper d’inéligibilité. Une lecture « politique » de la loi pour l’opposition, qui estime que cette décision a été « instrumentalisée par le pouvoir » pour disqualifier des candidats. « La peur de la candidature du sénateur Jean Pierre Bemba fait trembler la Kabilie » a dénoncé Eve Bazaïba, la numéro deux du Mouvement pour la libération du Congo (MLC).

Cinq autres candidats on vu leurs dossiers jugés irrecevables : l’ancien Premier ministre Antoine Gizenga (92 ans) pour défaut de signature ; Adolphe Muzito, également ancien Premier ministre pour contestation avec son parti ; Samy Badibanga, lui aussi ancien Premier ministre pour défaut de nationalité. Deux autres candidatures, dont celle d’une femme, n’ont pas été retenues pour le même motif de double nationalité. Et mystère de la CENI, Samy Badibanga, candidat invalidé pour la présidentielle par la Commission, a visiblement été jugé éligible à la députation à Kinshasa par la même Commission ! Idem pour Aimée Kilolo, condamné par la CPI comme Jean-Pierre Bemba pour subornation de témoins, a vu sa candidature pour les législatives validée à Lubumbashi.

Quand le pouvoir choisit ses opposants

Avec ces invalidations en cascade, en plus de l’exclusion de l’opposant Moïse Katumbi qui n’a pas pu déposer sa candidature, le pouvoir donne l’impression de vouloir sélectionner les candidats qu’il souhaite voir concourir pour affronter le seul candidat de la mouvance présidentielle. En éliminant (provisoirement) deux poids lourds de l’opposition, le camp présidentiel espère pouvoir imposer son propre candidat, Emmanuel Ramazani Shadary, peu connu des congolais, mais désigné par Joseph Kabila comme son « dauphin ».

Cette stratégie de Kinshasa pour éliminer les opposants qu’elle considère comme les plus gênants pour faire gagner son poulain, replonge la RDC dans une crise politique des plus inquiétantes. Le président congolais avait pourtant fait retomber la pression en décidant de ne pas se représenter aux élections. Mais en verrouillant ainsi le scrutin, Joseph Kabila risque d’enflammer de nouveau le pays. L’opposition, l’Eglise catholique et la société civile ont prévenu que sans scrutin équitable, avec la participation de tous les opposants, la RDC pourrait s’enfoncer de nouveau dans le chaos. Le mouvement pro-démocratie Lucha appelle à une mobilisation le 3 septembre et le Comité laïc de coordination (CLC) pour le 19 septembre. Depuis le début de la crise politique, fin 2016, les manifestations de  (...) Lire la suite sur Afrikarabia.

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