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Billet de blog 26 décembre 2018

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Chaos électoral annoncé en RDC

Scrutin reporté trois fois, incendie du matériel électoral, élections repoussées dans deux zones de conflit, bureaux de vote supprimés à Kinshasa, huit millions d’électeurs fictifs, une machine à voter contestée… les élections générales du 30 décembre risquent de plonger la République démocratique du Congo (RDC) dans une nouvelle période d’instabilité.

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Le scrutin est reporté de trois mois à Butembo, où l'opposant Martin Fayulu avait réuni des milliers de partisans © Twitter - DR

Folles élections en République démocratique du Congo (RDC) ! Après le report d’une semaine de la présidentielle, des législatives et des provinciales, pour des raisons « logistiques », la Commission électorale (CENI) vient de nouveau de jeter le trouble sur le scrutin du 30 décembre. La CENI vient d’indiquer, à quatre jours du vote, que les élections seront reportées au mois de mars dans deux zones pour des raisons « sanitaires et sécuritaires ». Soit trois mois de report ! La région de Beni est en proie à des attaques fréquentes de rebelles musulmans ougandais (ADF) et à une épidémie d'Ebola qui a fait plus de 300 morts, explique la CENI. À Yumbi, au moins 80 personnes ont été tuées dans la soudaine éruption de violences communautaires qui a touché la province du Maï-Ndombe au nord de Kinshasa, au bord du fleuve Congo.

« Un prétexte fallacieux »

Ce report partiel concerne 1.256.117 électeurs (sur 40 millions), qui doivent désigner, après déjà trois reports de scrutin, le successeur du président Joseph Kabila, au pouvoir depuis janvier 2001. Cette nouvelle péripétie passe mal aux yeux de l’opposition congolaise, qui attend avec impatience les élections depuis décembre 2016. Martin Fayulu, candidat de la coalition Lamuka, met en garde la CENI « contre toute tentative d’annuler les élections à Beni ville, Beni territoire et Butembo ». L’opposant estime que « ce prétexte d’Ebola est fallacieux, car il y a bien eu campagne dans ces contrées. C’est une énième stratégie pour détourner la vérité des urnes ». Il faut dire que le candidat de Lamuka a remué les foules dans ces régions, abandonnées par les autorités congolaises qui peinent à juguler l’insécurité, tout comme l’épidémie d’Ebola.

Punir l’opposition

Pour beaucoup d’observateurs, le report du vote dans ces régions de l’Est pénalise essentiellement l’opposition congolaise et particulièrement Martin Fayulu, qui est soutenu par un baron local, Mbusa Nyamwisi, très influent dans le Nord-Kivu. Du côté de la société civile, c’est également l’incompréhension. La coordination provinciale de la société civile du Nord-Kivu invite même la population du territoire et de la ville de Beni et de Butembo « à se rendre aux bureaux de vote ce 30 décembre 2018 ». Selon ces mouvements citoyens, cette décision est « purement politique » et rappellent que, malgré Ebola, « les cours, les cultes, les matchs, les réunions, les meetings, les marchés se déroulent normalement » dans toute la région. Même son de cloche pour le secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), l’abbé Donatien N’shole, qui trouve cette décision « incohérente ». Pire, cette décision pourrait ranimer les violences. « Les habitants de Beni, sont déjà physiquement massacrés. Je ne veux qu’ils le ressentent aussi comme un assassinat de leurs droits civiques » prévient le patron de la très puissante CENCO. Pour la coalition au pouvoir (FCC), on fait plutôt profil bas. On « comprend la CENI et on appelle au calme ».

Situation ubuesque

Il est vrai que cette décision en a étonné plus d’un. Tout d’abord parce que d’autres provinces congolaises sont touchées par des conflits, comme les Kasaï ou le Sud-Kivu, sans report du scrutin. Ensuite, il est étrange de faire voter les électeurs de Beni et Butembo pour une élection dont ils connaîtront les résultats… depuis presque trois mois. Si le vainqueur de la présidentielle à un seul tour est élu avec moins d’un million de voix d’écart, le résultat pourrait être. (...) lire la suite sur Afrikarabia.

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