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C’était une première dans l’histoire de l’opposition politique en République démocratique du Congo (RDC). Ce samedi, s’est en effet tenu le premier meeting unitaire de l’opposition congolaise face au Stade des Martyrs de Kinshasa. Félix Tshisekedi (UDPS), Vital Kamerhe (UNC), Martin Fayulu (Ecidé), Freddy Matungulu (Congo na Biso) et Adolphe Muzito étaient tous réunis sur la même tribune. Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba, empêchés de participer à la présidentielle, sont intervenus par téléphone ou vidéo-conférence.
Les autorités congolaises, qui ont autorisé le rassemblement après 20 mois d’interdiction de tout meeting politique, n’avaient pourtant pas facilité la tâche aux sympathisants des différents partis d’opposition. Les bus de la compagnie Transco étaient tous « en entretien général » ce samedi, et plusieurs monticules de sables avaient été déversés innocemment aux abords du lieu du meeting. Malgré ces obstacles, les militants d’opposition étaient bien au rendez-vous de premier meeting commun. Plusieurs milliers selon les observateurs présents.
Contre la machine à voter et le fichier électoral
Avant l’arrivée des principaux ténors sur scène, la star de ce rassemblement était sans aucun doute la machine à voter, que les opposants appelle la machine à tricher. La première revendication de cette mobilisation était de protester contre « la parodie électorale » qui se prépare au Congo. A la tribune, les orateurs ont tous rejeté l’utilisation de la machine à voter, source d’une possible fraude à grande échelle. Autre sujet d’inquiétude : la crédibilité du fichier électoral. Selon l’opposition, 10 millions d’électeurs seraient inscrits sans empreintes digitales.
Pour Vital Kamerhe, le pays se prépare à « une farce électorale (…) à cause de la machine à voter, ou des listes électorales », mais aussi à cause « de l’incertitude sur le financement des élections, ou de l’insécurité croissante dans l’Est du pays ». Mais au-delà de l’exigence d’un scrutin équitable, crédible et transparent, l’opposition sait qu’elle ne peut continuer à avancer en ordre dispersé face aux électeurs Congolais. Et le principale message de ce meeting commun était d’afficher l’unité de l’opposition… et couper l’herbe sous le pied aux tentations de la division. « Sachez qu’à partir d’aujourd’hui (…) nous venons de constituer une seule famille. Si vous voulez insulter l’un d’entre nous, il faut nous insulter nous tous. Si vous voulez soutenir l’un d’entre nous, il faut nous soutenir nous tous » a prévenu Félix Tshisekedi.
« Donnez-nous un peu de temps »
Pourtant, chacun sait que la bataille des égos fait rage au sein de l’opposition. Pour preuve, l’épineux dilemme du candidat unique, indispensable dans une élections à un seul tour de scrutin, est encore loin d’être tranché, à trois mois de la présidentielle. « Donnez-nous un peu de temps, 10 ou 5 jours, comme l’a dit Jean-Pierre Bemba et nous allons choisir un candidat commun », a cherché à rassurer Adolphe Muzito, lui aussi recalé par la Cour constitutionnelle pour concourir aux élections. Mais le choix est épineux.
Deux candidats font office de favoris. Félix Tshisekedi, légèrement en tête, et Vital Kamerhe, toujours accusé de faire le jeu du pouvoir. Mais il n’est pas dit que les opposants réussissent à se mettre d’accord sur un de ces deux noms. Katumbi a toujours soutenu Tshisekedi et le choix de Bemba pourrait se porter sur Kamerhe. En cas de désaccord, l’option du plus petit dénominateur commun pourrait faire pencher la balance vers un autre candidat, moins clivant, comme Freddy Matungulu ou (...) Lire la suite sur Afrikarabia.