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Billet de blog 31 janvier 2021

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RDC : le juteux business des élections de 2018

Un rapport de l’ONG The Sentry dénonce les affaires que souhaitaient faire le patron de la Commission électorale (Céni), Corneille Nangaa, après les élections de 2018, entachées d’irrégularités et de corruption.

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Illustration 1
Le président de la Céni devant une machine à voter en 2018 © Céni

Le cycle électoral de 2018 en République démocratique du Congo (RDC) n’a pas seulement été chaotique, entaché de graves irrégularités et aux résultats douteux, il a également été très opaque dans sa gestion financière. L’ONG anti-corruption The Sentry s’est plongée dans les différents business du président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), Corneille Nangaa. Dans un rapport sur la corruption autour des élections de 2018, The Sentry explique que le patron de la centrale électorale s’est lancé dans le business des mines, via des sociétés écrans, après le scrutin contesté de décembre.

Fichier électoral : un contrat à 7 millions d’euros

L’affaire démarre avec les soupçons de « détournement de fonds » des fortes sommes d’argent débloquées par la Céni pour organiser les élections de 2016, et reportée en 2018 pour cause de retard dans l’enregistrement des électeurs. En 2017, en pleine crise pré-électorale, alors que les élections tardent à venir, Corneille Nangaa signe « une entente de collaboration » avec deux sociétés, UAB Neurotechnology, une société lituanienne de biométrie, et l’entreprise congolaise Bravo Tozali Compagnie SARL (BTC). Un contrat de gré à gré, sans appel d’offre est alors passé avec la Céni dans l’urgence, et 7 millions d’euros sont attribués au groupement.

Le business des doublons

L’objectif du contrat était d’éliminer les doublons dans le fichier électoral. 1,9 million d’euros étaient destinés à la société BTC pour gérer « les questions administratives ». Au poste de co-fondateur et partenaire minoritaire de BTC, on trouve Roger Abotome Bekabis, que sera élu député dans les élections de 2018 supervisées par Corneille Nangaa, et que l’on retrouvera plus tard associé en affaires avec le patron de la Céni. Des doutes sont soulevés par The Sentry sur l’arrivée de BTC dans ce contrat sur le nettoyage du fichier électoral. L’entreprise est plutôt spécialisée dans l’agriculture, le forage minier, le terrassement et la construction. La qualité du travail d’élimination des doublons est également sujette à caution.

Des doutes sur le nettoyage du fichier électoral

Alors que Neurotechnology affirmait avoir traité 46,5 millions de dossiers, contenant chacun 10 empreintes digitales et une biométrie faciale, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), qui a mené une enquête indépendante, a constaté que 16,6% des inscrits, soit près d’un électeur sur six, n’avaient pas enregistré d’empreintes digitales. « Le nombre d’inscriptions sans empreintes a soulevé des doutes » pointe le rapport de The Sentry, qui s’étonne également de la démission surprise du directeur du Centre national de traitement des données (CNT), Jonathan Seke Mavinga, juste avant la publication du rapport de l’OIF. En septembre 2018, le Comité laïc de coordination (CLC), un collectif proche de l’église catholique, a dénoncé un nouveau fichier électoral « douteux et corrompu ».

Conflit d’intérêts et sociétés écrans

C’est en février 2019, après la publication des résultats contestées des élections présidentielle et législatives, que l’on retrouve Roger Abotome et Corneille Nangaa, tous les deux associés pour créer la société d’exploration minière General Ressources and Services SARL (GRS), comme l’attestent plusieurs documents consultés par The Sentry. Roger Abotome vient d’être élu député de la province d’origine de Corneille Nangaa. Un montage financier complexe est alors élaboré autour de cette société. Car, en fait, ce sont trois autres entreprises qui composent GRS : « le Domaine Agro-pastoral des Uélés SARL (DAU), BTC Mining and Services SARL (BMS) et la Société coopérative Grand Katanga pour le développement SARL. Le DAU était propriétaire de 64,7% des parts, la BMS de 15,4% des parts, et la SCGKD, une société contrôlée par l’homme d’affaires Jean Paul Kaduwa, possédait le reste ». Roger Abotome détenait  (...) Lire la suite sur Afrikarabia.

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