1- Me Joseph Breham et Me Matilda FEREY, Bonsoir, vous avez rallié la capitale toglaise du 21 au 25 Octobre, dites-nous quel est le mobile de votre présence ?
Nous avons déposé le 27 Juillet 2023 une plainte concernant la lettre de félicitation apocryphe prétendument envoyée par M. le Président de la République Française à M. Faure GNASSINGBE.
Nous savons d’expérience que la justice et la police française ne peuvent pas facilement enquêter à plusieurs milliers de kilomètres de Paris, spécialement dans un pays dirigé précisément par celui même qui a bénéficié de ce courrier et dont l’amour pour une justice indépendante n’est pas la caractéristique principale.
Nous avons donc décidé de nous déplacer personnellement pour pouvoir enquêter, loin des lourdeur…
2-Justement, concernant cette affaire de lettre de félicitations du président Macron à Faure Gnassingbé, vous vous êtes approché de l'ambassade de France à Lomé. Qu'est-ce qui a été dit à propos ?
Nous avons joint l’ambassade de France à de nombreuses reprises tant avant notre déplacement que pendant notre déplacement (mails, téléphone et sur place).
Nous n’avons jamais pu joindre un membre du personnel de l’ambassade qui avait la moindre information et qui acceptait de nous répondre.
Nous savons pourtant que l’ambassadeur était présent à LOME, puisqu’il a oeuvré directement et par le biais des services de l’ambassade à nous sortir de la nasse dans laquelle le pouvoir voulait nous maintenir. A cet égard, nous voulons ici, remercier l’ambassadeur et les …
3- Avez-vous échangé avec les autorités togolaises sur le sujet ?
Nous avons énormément de réserves sur le caractère fructueux d’échanges avec des représentants d’un pouvoir qui entretient une relation extrêmement laxe avec la réalité, avec un régime qui n’hésite pas à recourir à la force pour faire taire les voix dissidentes, avec un pouvoir que plusieurs rapports des services américains pointent comme en lien avec le trafic de drogue international.
4- Avez-vous cependant échangé avec certaines organisations à Lomé ?
Bien sur.
Pour ne pas mettre en danger nos interlocuteurs nous ne dévoilerons cependant pas leur noms. Mais tous, sans aucune exception, nous ont raconté les tracasseries, brimades, harcèlement, violences et séjours en prison que seul leur amour de la liberté et de la démocratie leur a valu.
Nous avons été extrêmement surpris de la violence décrite unanimement, de l’arbitraire permanent.
L’un de nos interlocuteurs nous a dit que le TOGO était la Corée du Nord Africain. Cette métaphore, avec les limites de toutes ces métaphores nous semble extrêmement parlante.
Et pourtant, en France et en Europe, le Togo passe inaperçu, passe sous les radars. L’affaire BOLLORE, et la corruption autour…
5. Depuis le 09 mai 2023, vous avez écrit à l'Elysée sans réponse. Pensez-vous que c'est une manière de se dérober d'une quelconque manifestation de la vérité sur cette affaire ?
Comme nous l’indiquions tout à l’heure, le silence des autorités françaises signe, selon nous, la gène de ces dernières. Ne voulant pas mentir - car le coût politique serait trop important en cas de découverte, les autorités françaises ne peuvent pas confirmer la véracité du courrier et préfèrent se taire, se terrer. Courber l’échine en attendant que l’orage se passe, plutôt que de faire face au grain n’est pas forcément très courageux mais peut sembler moins risqué - à court terme.
6- Une conférence de presse était prévue à Lomé sur le sujet, mais finalement empêché selon nos informations. Que s’est il passé ?
Convaincu que les dictatures ne prospèrent que dans l’ombre et les semi-vérités, nous avions décidé, avant de repartir en France, de résumer à la presse togolaise notre enquête, nos analyses et progressions. Le 25 Octobre, après plusieurs jours d’un agenda bien rempli pendant lesquels nous n’avions pas chômé, cette conférence de presse était prévue à 14h. Notre avion du retour était prévu à 21h.
Vers 10h, lorsque nous descendions nous aérer et discuter loin des éventuels systèmes d’enregistrement que nos logements étaient susceptibles de contenir, nous avons été interceptés dans le hall de l’hôtel du 2 février par un agent de …
7- êtes-vous senti intimidé ou traumatisé ? Quelle suite réservez-vous à cet empêchement de Lomé de faire votre travail ?
Il s’agit évidemment d’une tentative d’intimidation et ce comportement signe la volonté des autorités togolaises de nous empêcher de rendre compte de notre mission.
Nous n’avons pas été traumatisés, même si, évidemment, ce genre d’épisode soumet à un stress important et à une tension, que seul le temps permettra d’évacuer.
Nous n’avons ni l’un ni l’autre de souvenirs de contact physique avec nos gardiens, pourtant la chemise de Me BREHAM portait des traces de sang à l’issue de cet épisode et un bleu a été identifié. Le cerveau a la capacité d’oublier certains épisodes trop durs….
En tout état de cause, nous avons rarement été aussi c…
8- Que peut-on espérer du dossier que votre client vous a confié ?
Nous avons déposé une plainte simple le 27 Juillet 2023, préalable obligatoire à une plainte avec constitution de partie civile (PCPC) que nous venons juste de déposer.
Ensuite, si le système judiciaire français est lent, il est relativement indépendant du système politique.
Ainsi, dans quelques mois, un juge d’instruction sera désigné avec pour charge de faire toute la lumière sur la véracité de ce courrier.
Il devrait interroger les protagonistes :
- Le journaliste,
- Les membres du cabinet du ministère des affaires étrangères,
- Les membres du cabinet présidentiel.
Et nous saurons enfin officiellement, sans que les autorités togolaises ne puissent tergiverser, ce que tous savent…
Dernière question, comment se porte votre client, Dr Agbéyome Kodjo ? Il revient quand au pays, au Togo ?
Nous communiquons avec le Dr Agbéyome Kodjo régulièrement au téléphone, il se porte à merveille. Il est toujours combatif et il lui tarde de pouvoir se remettre au travail pour le bien du Togo et des Togolais.