Le Musée Field de Chicago —l’un des plus gros musées d’histoire naturelle du monde— en novembre, après celui de l’Académie australienne des sciences en octobre, celui de l’Académie californienne des sciences, et le musée et jardin botanique de Pittsburgh pendant les semaines précédentes... Tous ont en commun d'avoir annoncé qu’ils avaient institué une nouvelle politique leur interdisant de recevoir des dons de l’industrie du pétrole et du gaz, ou bien qu’ils retiraient leurs placements de l’industrie, ou les deux.
Par ailleurs, le Musée des sciences de Londres avait annoncé de son côté qu’il ne renouvellerait pas, en décembre, une commandite controversée de la pétrolière Shell, tout en refusant de dire s’il fermait la porte à de futures ententes du même genre.
L'idée que les fonds de placement soient retirés des industries polluantes est l’objet d’une campagne depuis 2012, appelée en anglais Divest ou désinvestissement. Elle a rallié, d'abord aux États-Unis, des universités puis des villes et des fondations charitables.
Mais l’idée que les musées de science doivent aller plus loin et refuser les commandites du pétrole, de la même façon qu’ils ont jadis refusé les commandites du tabac, n’avait pas fait l’objet d’une telle campagne jusqu’ici. En mars 2015, une lettre ouverte aux musées de science et d’histoire naturelle leur en a fait officiellement la demande. Signée par 30 chercheurs (aujourd’hui plus de 150), dont les climatologues James Hansen, Kevin Trenberth et Michael Mann, cette lettre disait entre autres:
Nous sommes profondément préoccupés par les liens qu'entretiennent les musées de science et d’histoire naturelle avec ceux qui bénéficient des carburants fossiles ou financent les groupes qui désinforment sur la science du climat.
L'idée défendue dans la lettre: les fossiles ont leur place au musée, mais pas les carburants fossiles.
Les auteurs citent également le Code d’éthique des musées, adopté en 1991 par le conseil d'administration de l’Alliance américaine des musées :
Les musées... doivent faire davantage qu’éviter une responsabilité légale, ils doivent prendre des actions nécessaires à maintenir leur intégrité afin de se mériter la confiance du public.
À Londres, Chicago ou Pittsburgh, les institutions qui ont pris ces décisions l’ont fait discrètement.
On note par exemple que l’institution de Pittsburgh est située au coeur d’une région où l’industrie du charbon est non seulement influente, mais fait partie du paysage depuis des générations.
Ce texte a été initialement publié par l'Agence Science-Presse