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Billet de blog 16 novembre 2016

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Le syndrome post-Trump traumatique

Une semaine après les résultats d’une élection qui voit l’accession de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, les New-Yorkais soignent leur blues.

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Illustration 1

"Not my president". Dans les couloirs du métro, au lendemain des résultats, des centaines de passants ont recouvert les briques de faïence de post-it et de messages manuscrits pour exprimer leurs sentiments et leurs symptômes: écoeurement, angoisse, honte,colère, refus, amour, solidarité.

Illustration 2

Un geste individuel et collectif public, et un acte cathartique et salutaire sur leur trajet, pour rompre le désemparement et l’isolement ressentis face à leurs écrans. La plupart des New-Yorkais accusent encore le coup avec la sensation du K.O debout. Dans la rue, la frénésie des pas semble s’être un peu ralentie. Les regards sont encore hagards, mais les visages moins indifférents. Les esprits préoccupés se trompent en comptant leur monnaie aux caisses des supermarchés. Les pubs et les restos sont un peu moins remplis: pas encore le coeur à sortir, ni à prétendre, ni à parler d’autre chose. New York lèche ses blessures. Dans les conversations, on glane le nom de Bernie. on refait le match. Les plus fatalistes ou les plus optimistes lorgnent sur les élections de mi-mandats en 2018.

Illustration 3

 "Not my president", c’est aussi la réaction des milliers de personnes qui ont marché de Union Square à la Trump Tower sur la 5e avenue cette semaine, pour manifester leur refus du racisme, de la misogynie et de la xénophobie déployés par le futur occupant de la Maison blanche et leurs craintes pour les droits des femmes, des immigrés, des homosexuels et des transsexuels. Ce mouvement de protestation, rarement égalé depuis le mouvement Occupy Wall Street en 2011, s’est répliqué à Philadelphie, Seattle, Portland, Los Angeles, San Francisco, Oakland, Chicago, Oklahoma City, Salt Lake City, Springfield, Dayton, ou Cincinnati.

Face aux promesses de Donald Trump de déporter 2 à 3 millions d’immigrés illégaux, les villes de New York, Chicago et Los Angeles, ont réaffirmé leur statut de « villes sanctuaires », réitérant les dispositions légales qui limitent la collaboration des services de police avec le département du Homeland Security contre les risques de rafles dans les quartiers où vivent et travaillent de nombreux immigrés sans statut légal.

Lors d’une conférence de presse, le maire de New York, Bill de Blasio, a voulu rassurer « Nous n’allons pas sacrifier un demi-million de personnes qui vivent parmi nous , qui font partie de notre communauté, et briser les familles », faisant référence aux estimations de la population new-yorkaise sans-papiers. La ville a mis en place depuis deux ans une carte d’identité municipale ouverte à toutes les personnes domiciliées à New York qui en font la demande, sans critères de nationalité ou de visa. Ce justificatif d’identité - couplé à l’accès gratuit dans les musées publics -, facilite l’accès des sans-papiers à l’ouverture d’un compte en banque ou leur participation à des réunions de parents d’élèves dans les écoles. Bill de Blasio s’est dit prêt à détruire les fichiers si besoin est, pour résister aux risques de profilage. 
La nomination de Steve Bannon, propagandiste de « l’alt-right » et éditeur du site nationaliste et suprémaciste Breitbart, au poste de conseiller stratégique de la Maison blanche ne fait que renforcer les craintes des immigrés. A Staten Island, le seul arrondissement de la ville de New York qui a voté majoritairement pour Trump (57%), à l’exception des quartiers noirs et hispaniques, une réunion d’urgence a été organisée pour conseiller les familles en situation irrégulière des démarches à suivre en cas d’arrestation et de détention par les services d’immigration. « Nous devons espérer le meilleur mais être préparés pour le pire » a déclaré l’avocat Cesar Vargas, arrivé illégalement à l’âge de cinq ans, et premier de cette génération de Dreamers à avoir accédé au barreau de New York, au terme de plusieurs années de mobilisation et de bataille juridique.

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