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Billet de blog 17 janvier 2017

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A pisser de rire et à pleurer

On savait que Donald, comme l’oncle Picsou, aime l’or. On vient d’apprendre qu’il aimerait aussi la douche dorée, même si ce n’est pas la fuite la plus juteuse du rapport d’un ex-agent secret britannique sur les liens troubles de Donald Trump avec la Russie.

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Illustration 1

From Russia with love. A moins d’une semaine de l’investiture de Donald Trump, le site buzzfeed a mis en ligne un rapport de 35 pages -  à télécharger ici - révélant les liens de connivence sulfureux du candidat Trump avec le Kremlin. Comme l’explique le New York Times, ce rapport émane d’un ancien agent du renseignement britannitque du MI6, Christopher Steele, reconverti à son compte, avec sa société Orbis Business Intelligence, dans le renseignement commercial. Par le biais de la firme américaine Fusion GPS dirigée par Glenn Simpson, un ancien journaliste du Wall Street Journal, Steele est chargé de compiler des informations sur les business et les scandales de Donald Trump, une pratique politique courante aux Etats-Unis. Les services de Fusion GPS sont d’abord commandités par un riche donateur républicain, avant d’être sollicités par des partisans d’Hillary Clinton, après le piratage informatique du comité du parti démocrate.

Les mémos fournis par Steele de juin à décembre 2016, basés sur des sources anonymes donc invérifiables, ont été transmis au FBI et à la CIA qui les a jugé suffisamment plausibles pour en briefer Obama et Trump - déclenchant le mépris et les foudres de ce dernier -, et ont circulé pendant plusieurs mois auprès de membres du Congrès et dans les bureaux de diverses rédactions, sans être rendus publics, les allégations formulées ne pouvant être étayées. On y apprend que le gouvernement russe aurait courtisé Trump depuis au moins cinq ans, tout en compilant du matériel compromettant, - Kompromat, - susceptible de le faire chanter. On peut y lire qu’en 2013, l'organisateur du concours de Miss Univers se serait livré à des pratiques salaces, engageant des prostituées à pisser sur le lit occupé auparavant par le couple Obama, lors d’un voyage officiel, dans une suite présidentielle du Ritz Carlton à Moscou.

On y apprend surtout que l’équipe Trump, par l’intermédiaire de son directeur de campagne, Paul Manafort et de son conseiller en politique étrangère, Carter Page, aurait échangé des informations avec les services de renseignement russes, sur le parti démocrate et Hillary Clinton. Ou encore que le Kremlin aurait été déçu que les partisans de Jill Stein ou de Bernie Sanders ne se soient pas suffisamment détournés de la candidate démocrate.

Cet épisode aura occulté les larmes d’Obama lors de son discours d’adieu, ou la visite furtive de Marine Le Pen dans le hall de la Trump Tower, la présidente du FN n’ayant pas réussi à se faire mousser ou adoubée par son american daddy putatif.

Autant pisser dans un violon

Balayant de tweets vengeurs les allégations portées contre lui, l’incroyable Hulk orange a poussé le bouchon plus loin, affirmant que sa bonne entente avec Poutine n’était pas un handicap mais au contraire un atout, frappé au coin du bon sens. Ce qui pourrait s'avérer exact dans la résolution du conflit en Syrie, ou pour les projets d'intérêts pétroliers américains, comme le laisse à penser la nomination de Rex Tillerson, ex-PDG d’Exxon- Mobil au poste de Secrétaire d’Etat. 

Comme rien ne l’y oblige légalement, Trump s’est encore payé le luxe de refuser de rendre public le montant et le détail de ses propres impôts, qui pourraient révéler des montages financiers douteux avec des mafieux russes pour lui éviter la banqueroute.

En bon joueur de bonneteau, le président élu s’est ensuite livré, lors de sa conférence de presse, à un tour de passe-passe concernant ses possibles conflits d’intérêts. Entouré d’une pile de dossiers fictifs censés matérialiser ses affaires dans plus d’une vingtaine de pays, il a promis de confier la gestion de la Trump Organization à ses fils et à un conseiller éthique (sic), jurant de ne pas parler business pendant quatre ans au cours des repas de famille, tout en promettant de reverser aux impôts les bénéfices des nuitées d’hôtel réservées par des diplomates et gouvernements étrangers, dans les établissements dont il est propriétaire. 

Une étanchéité très insuffisante aux yeux du Bureau d’Ethique gouvernementale, pour éviter les transferts de liquidités en échange de faveurs présidentielles, mais qui bute sur un cas sans précédent pour un président. Car le problème, c’est qu’il n’y a pas de conflit, dans la tête de l’histrionique Trump qui refuse de se désinvestir totalement de l’entreprise familiale qui porte son nom, entre ses intérêts personnels et les intérêts nationaux. Et que face à cette mauvaise volonté, la clause constitutionnelle des émoluments qui pourrait conduire à la destitution du président, sujette à interprétations, ne peut être déclenchée que par le Congrès, majoritairement républicain, qui lui est encore pour l’instant acquis. 

Celui-ci s’est d’ailleurs empressé de pisser sa copie pour ouvrir la voie à l’abrogation de l’Affordable Care Act - Obamacare -, la privatisation de Medicare destiné aux personnes agées, le démantèlement de Medicaid pour les plus pauvres, l’arrêt du financement du planning familial, malgré les dizaines de manifestations de protestation organisées à New York et dans 45 autres villes au cri de « Trumpcare nous rend malade!» « Contre-attaque! ».

La démocratie dans de beaux draps

Rarement les citoyens américains ont eu autant l'impression qu’il n’y a plus aucun pilote dans l’avion pour protéger leurs intérêts, leurs valeurs ou leurs acquis. A la veille du Martin Luther King’s Day, Donald Trump a surenchéri dans la provocation, en insultant John Lewis, député démocrate de l’Etat de Georgie, figure du mouvement pour les droits civils. Bienvenue en tweetocratie. La rue est cependant décidée à protester avec ses pieds les 20 et 21 janvier prochains. De nombreux artistes ont aussi refusé de se produire pour l’inauguration présidentielle, ainsi que 24 représentants démocrates,  jusqu'à présent, qui boycotteront la cérémonie.

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