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Billet de blog 25 janvier 2017

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La marche des femmes inaugure 1459 jours de résistance

De mémoire de New Yorkais, la marche des femmes qui a réuni 400 000 personnes dans les rues de Manhattan, samedi 21 janvier, a battu des records d’affluence. Un exercice salutaire de démocratie et de résistance.

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Samedi matin à 11 heures, heure officielle du rassemblement, il n’est déjà plus possible de s’approcher des lieux de rendez-vous donnés pour le départ du cortège. La foule qui s’est pressée dans le métro, habituellement déserté à l’heure du brunch, se déverse, compacte, colorée et joyeuse, à la hauteur de la 48eme rue et de la Seconde Avenue, déjà saturée de corps au coude-à-coude sur plus d’un kilomètre.
« Je n’ai jamais vu autant de monde! s’enthousiasme Lisa. « Il y a plus de monde qu’en 2003 contre la guerre en Irak, et qu’en 2014, lors de la People Climate March !».  Lisa, lobbyiste environnementaliste, ne se berce pas pour autant d'illusions. « Ca va être très dur d'organiser une résistance pacifique face à une police militarisée et surarmée, comme on l'a vu au Nord Dakota contre le projet du Dakota Access Pipeline ».
Pour le moment, on savoure ce bain de foule. Une foule majoritairement féminine, qui refuse de baisser les bras face aux régressions et aux oppressions qui s’annoncent. « C’est bon pour l’hygiène mentale face aux fake news, aux mensonges et aux mauvaises décisions que l’administration Trump va prendre contre notre peuple », déclare Michelle.

Pour Michelle, faire acte de présence aujourd’hui, c’est « refuser la normalisation d’un gouvernement raciste, misogyne et xénophobe ». Claire, originaire du Missouri, se souvient, elle aussi, qu’il y a trente ans, bon nombre des familles de ses voisins abritaient encore des membres du Ku Klux Klan. 

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Dans la foule qui fait toujours du surplace, les voix s’élèvent pour reprendre en coeur «Women’s rights are human’s rights. We’re not going back!» ( Les droits des femmes sont des droits humains. Nous ne retournerons pas en arrière). Il faut se frayer un chemin à contre-courant pour tenter de rejoindre la 3e avenue à peu près dégagée, pour se rendre à la Gare Centrale, dans l’attente que le cortège se mette enfin en branle. Sous la voute étoilée du hall , une marée humaine se fraye lentement un chemin vers les portes à tambour qui débouchent sur la 42 eme rue, elle aussi saturée. Il est 14 heures. La file des manifestants et l’attente s’allonge. Ce n’est que vers 17 heures que le groupe de copines dont je fais partie atteindra la Trump Tower, sur la 5eme avenue à la hauteur de la 55eme rue.

Cette journée historique marque le début d’une résistance multiforme et déterminée, comme le souligne Angela Davis, à la tribune de la marche des femmes à Washington. « Au cours des mois et des années qui viennent, nous allons être appelées à intensifier nos demandes pour la justice sociale, à devenir plus militant-es pour défendre les populations vulnérables. Ceux qui défendent toujours la suprématie du patriarcat blanc, mâle et hétéro devraient se méfier. Les prochains 1 459 jours de l’administration Trump seront 1 459 jours de résistance. Résistance dans la rue, résistance dans les classes, résistance au travail, résistance dans notre art et dans notre musique ». 

Un message qui fait écho à l’état d’esprit des dizaines de milliers de New Yorkais qui étaient déjà descendus dans la rue la veille de l’investiture de Donald Trump, à l’appel de Michael Moore, du maire de New York, Bill De Blasio, du mouvement de Bernie Sanders Our Revolution et d’acteurs comme Robert de Niro, Alec Baldwin, Julianne Moore, Sally Field, ou Mark Ruffalo.

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