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Billet de blog 13 février 2019

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Une mode anglaise

De petits cahiers de confidences venus d'Angleterre, appelés Confessions, sont très à la mode chez les adolescents de la fin du XIXe siècle. Marcel Proust y a laissé sa trace l'année de ses 15 ans. Mais bien d'autres se sont pris au jeu, dévoilant les préoccupations et les émotions d'une époque.

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Illustration 1

Évelyne Bloch-Dano, Une jeunesse de Marcel Proust, éditions Stock, 281 pages, 2017, 19,50 euros.

Nous avons tous déjà entendu parler du questionnaire de Proust. Il a été popularisé, sous forme simplifiée, par Bernard Pivot dans Bouillon de culture jusqu’en 2001. Mais quelle est l’histoire de ce questionnaire ? Proust en est-il vraiment l’auteur ? Évelyne Bloch-Dano, biographe, essayiste, mène l’enquête. Non, Proust n’en est pas l’auteur mais un des premiers signataires, et des plus prestigieux.

Illustration 2
Extrait de l'inédit de Marcel Proust intitule "Mes confidences" en 1887

La mode des petits cahiers appelés Confessions – an album to record thoughts and feelings  vient d’Angleterre vers 1878. Il s’agit de proposer à des amis de répondre, par écrit, à des questions intimes sur leurs goûts et leurs sentiments. Le jeu est pratiqué par tous les adolescents de la bonne société anglaise. En 1886, Marcel Proust a 15 ans et fréquente un petit groupe d’amis du lycée Condorcet, dont Antoinette Faure, 13 ans (fille du futur président). L’époque, chez les aristocrates comme chez les grands bourgeois du 8ème arrondissement, est à « l’anglophilie ». Leurs enfants parlent anglais grâce à des nurses venues d’Outre-Manche. Antoinette Faure adopte la mode du carnet de « Confessions » et le soumet à son ami Marcel.

Le carnet d’Antoinette aura 43 signataires. En 1924, le fils d’Antoinette Faure le retrouve dans le grenier de la maison familiale et le fait publier. Le mythe se met en route. Si Proust a focalisé toute l’attention du public, par ses réponses très matures pour son jeune âge, et en est devenu ainsi l’auteur présumé, il y a pourtant aussi dans ce carnet des trésors d’histoire : les goûts, les désirs et les habitudes des contemporains de Proust. Évelyne Bloch-Dano s’applique à retracer les vies de chacun à travers les réponses des multiples signataires. Toute une société émerge avec ses failles, ses enthousiasmes, ses rivalités, ses points de vue sur l’actualité.

Il est tout à fait possible de lire ce livre sans avoir lu Proust, c’est d’abord un document historique. Mais comptez avec le risque d’avoir aussitôt une envie irrésistible de lire À la recherche du temps perdu !

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