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journaliste radio, réalisatrice de programmes, artiste chanteuse et production et arrangement d'album, collaboration artistiques et management.

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Billet de blog 12 janvier 2016

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When I lost My Dream

Je suis bowienne. J'ai vu, dans un siècle révolu, l'image d'un ange déchu dans une camisole. "Ashes To Ashes", le premier vidéo clip du genre. Depuis, je n'ai jamais pu décrocher mon regard de l'image ambigu de cet étrange personnage qu'il était encore au début des années 80. Bowienne, hors du monde extérieur, dans une bulle cloisonnée, connectée au médium radio, j'entre dans ma vie à 11 ans.

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08 janvier 2016, je me précipite pour écrire d'un seul jet un article sur "Blackstar", l'étoile noire revenue aux sources de sa vie, au fondement quantique de son esprit, à la frontière du matériel et de l'abstrait.

J'ai écrit rapidement :

Inutile de revenir sur l’immense carrière de David Bowie, ex Major Tom rêvant de l’espace, ex Ziggy Stardust venu d’une autre planète, ex Hallowin Jack, homme animal allant du funk blanc à la gloire éphémère « Fame », ex Thin White Duke flirtant avec l’expressionniste allemand  en introduction de la trilogie berlinoise à double face, ou encore clown blanc de Scary Monsters, personnage avec lequel il termine de façon monumentale la période la plus explosive et énigmatique de l’histoire du rock.  Né le 8  janvier en 1947 à Brixton (London), il a dominé une décennie entière utilisant la pop, le rock, les guitares, les synthés, toutes les énergies musicales et rythmiques pour  affirmer la personnalité quasi schizophrénique de David Robert Jones. Dès lors, l’artiste sera sans borne, sans tabou tout en densifiant son art, en travaillant la complexité des accords et de leur structure mélodique.  Il imprimera par ses fulgurances mélo psychotiques, un lyrisme débordant. Créant des univers étranges à la frontière de la science-fiction et de la folie créative, il est toujours resté inqualifiable, habilement crooner au physique angélique ou compositeur inquiet détestant la répétition. Il a synthétisé les codes fondamentaux du Rock’n Roll pour les étirer, les retourner et les transcender, grâce notamment à va voix protéiforme et à sa discrétion naturelle qui semble le placer au-delà des troupes.  Inimitable pourtant tellement copié par les new waveurs anglais, il portera comme flambeau incandescent l’avant-garde, anticipant les mouvements musicaux avec une facilité si classieuse qu’il en a fait une marque de fabrique unique et inaccessible à ses contemporains. S’il accède dans les années 80 à un statut de Superstar gesticulante, V.I.P aux dents longues, et qu’il apparait proche de la réalité du monde, c’est encore un tour du mine chantant que peu comprendront comme tel.

Premier grand retour au « vrai Bowie » en 96, il déballe jusqu’en 2003 des albums forts aux accents euro techno rock, aux mélodies greffées sur fond d’électro ou de jungle, prenant de court ceux qui ne le pensaient plus dans les tendances à venir. Il enchaine les tournées et renforce son lien avec ses nouveaux musiciens, retrouve ses acolytes des grands moments.

BLACKOUT/BLACKSTAR

2004, Blackout, interruption forcée de sa tournée. Il est malade, il se cache, il disparait et fait des incursions dans le cercle mondain new-yorkais! Donc, plus de David Bowie. Quelle tragédie, il devient le mari de sa femme, Iman, ex mannequin et femme d'affaire. « The Next Day » sorti 10 ans après son dernier album en date, en 2013, jugé par toute la presse internationale comme le plus grand retour du rock a été nécessaire pour sa crédibilité d'artiste vivant. Cependant, et en dépit de sa réelle qualité musicale il semble aujourd’hui n’avoir été que l’amorce de la transition vers la dernière transformation existentielle. Bowie se  définit aujourd’hui comme une étoile noire « Blackstar » pour  se révéler à lui-même et aux autres dans sa fragilité, sa temporalité et sa renaissance provisoire. Est-il une étoile noire, habite-t-il désormais dans l'enfer dans l'obscurité? La question trouve sa réponse dans le titre et le clip de "Lazarus". Entre temps, l’exposition « Bowie Is » a  permis à l’observateur habile qu’il a toujours été, de vivre, anonymement, son mythe de son vivant. Contrepied inévitable : alors que les tenues excentriques de Ziggy Stardust s’exhibent et que les vidéos clips oscillant entre outrance et glamour tournent en boucle sous des lumières surexposées, David Bowie retourne aux origines de ses influences et aux ambitions artistiques de sa prime jeunesse. Le saxophone, son tout premier instrument recouvre avec ostentation tous les titres de « Blackstar », sans retenue. « Blackstar », album anti-rock, mêlant free jazz et expérimentations fait surgir le dysfonctionnement psychique de la résurrection rêvée  laissant échapper de fines mélodies aussi incantatoires que candides et quelques élans magiques absorbés par une sorte de tumulte redimensionné à la limite de dissonances troublantes. David Bowie  fusionne son chant aussi sombre que pudique avec un quasi chaos fantomatique. Tente-t-il consciemment de s’affirmer dans la supplication, dans la rédemption ou dans l’art d’être et de disparaitre dans un même âge ?

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