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Billet de blog 25 juin 2012

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Les grand-mères indignées

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

 Avec le retours des beaux jours est revenue la mode du vide -greniers. Tous les villages sont tombés dans ce travers et se font sur ce point d'âpres concurrences sur les dates. Le vide -grenier est devenu le lieu où on se promène , où on promène ses enfants, où on se donne rendes-vous et où on assouvit toutes ses envies d'achat pour trois fois rien car le marchandage est de rigueur. Autrefois , on vidait les greniers quand les gens étaient morts ou qu'on vendait la maison familiale. on avait un peu plus de pudeur car on étalait pas ses objets qui racontaient des histoires de vie sur la place publique : on faisait venir le brocanteur à domicile. Aujourd'hui les greniers sont vides depuis bien longtemps!. Ce  ne sont pas les greniers mais les maisons et on se débarasse de tout ce qui ne plait pas parfois même avec les emballages cadeaux ou a cessé de plaire. Il y a toujours un grand malaise à se promener dans ce genre d'endroit quand on y voit de jeunes mamans vendre allègrement les jouets de leurs enfants parfois sous leurs yeux, les vêtements qui leur ont été offerts ou parfois ême donnés et qui sont de qualité, les cadeaux de noël ou des anniversaires, les tricots et robes confectionnées par les grands -mères qui y ont consacré argent, amour, et temps et dont on se défait pour 3 à 4€ en omettant pas de préciser "c'est ma mère qui l'a tricoté". Que dire des enfants à coté de leurs mères que l'on dépouille et qui se remettent à jouer avec leurs affaires qu'on va vendre à quelqu'un d'autre alors qu'ils lui ont été données!

En grande majorité ce n'est pas le besoin qui conduit ces acteurs de ce lieu à jouer aux marchands. c'est le gain si maigre soit-il. Que dire de la satisfaction affichée quand on s'est débarassé de tout: un véritable exploit! Tout le monde à l'air de touver ça normal et chacun de comparer ses achats. Ce n'est pas seulement une société de consommation. C'est bien pire que celà et les difficultés actuelles ont bon dos de couvrir de telles pratiques. Il faut faire partie de ses parents et grands parents indignés qui ont conservé quelques valeurs morales et constatent à l'étalage le côut de leur générosité, de  leurs sentiments, de  l'amour de leur petits enfants symbolisé par la bicyclette, le tracteur bradés à 3 ou 4 €. C'est du blanchiment des sentiments, des marchés de l'irrespect, des marchés du mépris de l'autre, du mépris de toutes les valeurs y compris celle du repect de l'enfance, de toutes les relations familiales.  Mais ce sont ces mêmes acteurs qui brandissent le besoin d'authenticité, parlent des valeurs, des racines. que du verbe que du verbe! la coupe est si pleine, les sentiments si bléssés que certains préfèrent donner de l'argent pour aller acheter au vide grenier de cette façon le vêtement ou le cadeau sera revendu sans le moindre affect. D'autres préféreront acheter mais garder chez eux quitte à encombrer leur grenier de sentiments généreux qui n'ont plus cours aujourd'hui ou les porteront longtemps après au Secours populaire à titre gratuit. Gageons que excédées par cette perte de sens les grands-mères indignées feront elles mêmes leur vide greniers des cadeaux de leurs enfants ou petits enfants. Elles auront trop de coeur ou de valeur pour mettre sur la place publique leurs sentiments. Cette marchandisation de la société, nous paraît porteuse d'une marchandisation des relations humaines qui sera la mort de la famille. Et surtout qu'on ne couvre pas ces pratiques d'arguments de bonne conscience ou de redistribution qui rendrait service. Dans ce jeu du vide grenier tout le monde est complice et les mairies en tirent profit puisque les emplacements sont loués.Que retiendrons ces enfants à qui on enlève les jouets qu'on avait offerts dans de si beux papiers et qu'ils pensaient à eux pour l'éternité et qu'ils auraient peut être aimés faire cadeau à un copain? Au XIXème siècle il en était parfois ainsi, mais on en avait honte!

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