Said Ferdi, auteur du livre « Un enfant dans la guerre » est décédé le 1er décembre 2012. L‘association harkis et droits de l’Homme l’apprend tardivement et adresse ses condoléances à sa famille. Son livre est une autobiographie, un témoignage sur le positionnement d’un enfant pendant la guerre d’Algérie. Un récit dur, qui ne laisse pas indifférent.
Saïd a 14 ans en 1958 lorsqu'il est arrêté par l’armée française et torturé. Il restera leur prisonnier, et à leur service, jusqu'à la fin, en 1962.
Voilà ce qu’en dit Guy Pervillé (lire aussi en ligne) :
« Tout autre est le témoignage de Saïd Ferdi, bien qu’il semble commencer de la même façon. Fils d’un fellah pauvre d’un village de l’Aurès, instruit seulement à l’école arabe, l’auteur n’a que dix ans quand éclate l’insurrection, que rejoignent bientôt ses deux frères aînés. Lui-même sert d’agent de liaison quand il est arrêté par les « forces de l’ordre » sur le chemin de l’école, le 3 mars 1958. Torturé, compromis, il devient malgré lui un « traître », et doit quitter l’Algérie en 1962 dans les fourgons de l’armée coloniale. Son témoignage est un terrible réquisitoire contre celle-ci : à l’exception de quelques personnalités vraiment humaines - dont son meilleur ami, tué au combat - les tirailleurs dont il partage la vie sont des mercenaires sans conscience, et leurs cadres français trop souvent des brutes.
Mais, il n’est pas moins sévère pour l’excessive rigueur des « fellaghas », qui fait de tout suspect (à tort ou à raison) un traître ou un cadavre. Il montre qu’une partie de ceux que l’on appelle en bloc des « Français musulmans » ou des « harkis » n’ont pas choisi leur camp, mais y ont été entraînés par les circonstances et par les pressions des deux côtés. Bien que l’auteur généralise abusivement son expérience en affirmant que l’armée française combattante était essentiellement composée de musulmans, il démontre avec éclat la réalité d’une guerre civile entre Algériens : déjà frère d’un chahid avant sa capture, il reconnaît le cadavre de son autre frère moudjahid après un combat ; pis encore, un tirailleur tue son propre père dans les rangs des « rebelles ». Confirmation paradoxale de l’opinion de Slimane Chikh, suivant lequel « chaque famille compte parmi ses membres, soit un martyr mort les armes à la main, soit un militant qui a connu la prison, soit un moudjahid revenu auréolé de son combat patriotique ».
Ce témoignage sans art ni artifice plaide contre la violence aveuglement déchaînée, comme le Journal de Mouloud Feraoun dont il retrouve les accents tragiques. »