
A plusieurs reprises, Amira Soltane, rédactrice d’articles (journaliste ?) sur le site lexpressiondz.com, a rédigé des papiers mettant en cause, de manière malhonnête, les harkis et ceux qui les soutiendraient( ?).
Il en est ainsi de son premier article, rédigé le 18 septembre 2010, intitulé Un documentaire sur les harkis sur France 3 pour perturber Hors-la-loi (lire en ligne). Dans cet article, Amira Sultane écrit :
« ( …) voila que France 3 s’intéresse aux harkis et la programmation le 20 septembre prochain, du premier documentaire consacré aux supplétifs de l’armée française, n’est pas étranger à cette campagne visant à perturber la sortie du film de Rachid Bouchareb Hors-la-loi et par ricochet, s’attaquer à l’action du FLN durant la guerre d’Algérie ».
Amira Soltane conclut son article ainsi : « il est plus que certain qu’on veut délibérément combattre la sortie, en France, du film Hors-la-loi non pas par les écrits, mais par l’image et le documentaire de propagande. »
Nous voilà donc dans la théorie du complot où il suffit d’imaginer quelque chose, d’imaginer un lien de cause à effet pour que ces hypothèses soient avérées. La grande imagination d’Amira Soltane en fait une raconteuse d’histoires (et nous n’avons rien contre les raconteurs d’histoires) mais n’en fait en aucun cas une journaliste qui s’appuie sur des faits.
Car enfin, nul n’est dupe. La diffusion du documentaire « La blessure – La tragédie des harkis » en ce mois de septembre est vraisemblablement liée à la Journée nationale d’hommage aux harkis, célébrée le 25 septembre chaque année. Voir des nostalgiques de l’Algérie française dans les rouages de France Télévision intriguer pour programmer un documentaire sur les harkis afin de perturber la diffusion du film « Hors la loi » est proprement difficile à concevoir ! Des preuves, Madame Amira Soltane, des preuves !
Autre extrait de l’article d’Amira Soltane : « les massacres d’Oran et d’Alger, des photos d’une rare atrocité liées à des Algériens qui avaient choisi le mauvais camp vont être ressorties pour mieux salir la réputation déjà rouge d’une guerre qui n’a pas encore livré tous ses secrets »
Et nous revoilà dans le procès d’intention et la théorie du complot ! Ainsi, Amira Soltane voudrait qu’on écrive une histoire où les choses seraient cachées pour ne pas salir une réputation ! Amira Soltane ne sait sans doute pas qu’en France la parole est plutôt (relativement) libre et que l’histoire peut être analysée sous différents éclairages, même si ce ne sont pas toujours les mêmes qui mettent l’accent sur tel ou tel éclairage. Pour l’association Harkis et droits de l’Homme, la guerre et l’après-guerre ont vu d’innombrables exactions, tant du côté de l’armée française (la torture, les sinistres « corvées de bois », les horribles « promenades » en hélicoptère au-dessus de la mer, les viols, les exécutions sommaires sans jugement,..), que du côté du FLN (massacres de Melouza, tueries de Constantine, assassinats individuels ou collectifs de civils de toutes origines, viols, émasculations, mutilations, …). Oui, madame Amira Soltane, le manichéisme peut être un instrument de propagande mais jamais un outil pour écrire l’histoire.
Voilà pour l’article du 18 septembre ; mais ce n’est pas fini : un second article, intitulé « Quand Saïd Taghmaoui prend la défense des harkis » est mis en ligne le 21 septembre 2010 (lire en ligne).
Que dit cet article ? Amira Soltane persiste dans le procès d’intention, sans preuve :
« Diffuser un documentaire sur l’histoire encore brûlante des 200.000 harkis - «les supplétifs musulmans» (…) était en fait une réponse à ce que certains considèrent encore HLL comme un film pro-FLN ».
On connaît l’histoire, elle l’a déjà racontée. Puis Amira Sultane s’en prend à Saïd Taghmaoui, la personne qui lisait les commentaires :
« Pathétique est l’attitude de Taghmaoui, qui ne connaît rien de la Guerre d’Algérie et qui se présente comme l’envoyé spécial de la communauté algérienne. Mais où était Taghmaoui, quand les enfants de Ghaza se faisaient massacrer au phosphore, quand les jeunes de la Banlieue se faisaient buter comme du gibier? Le héros de la Haine de Kassovitz, devrait rester dans son périmètre géographique et politique et confirmer son statut de Ali Zaouia, et s’occuper plus de la situation des harraga, des enfants victimes du tourisme sexuel au Maroc que de s’occuper des histoires sans fin algéro-françaises. »
Ainsi Amira Soltane veut imposer à Saïd Taghmaoui le périmètre de ses interventions, lui déniant le droit à la liberté d’expression, le renvoyant à ses rôles d’acteur pour mieux le mépriser. Ce petit dictateur à la Charlie Chaplin est consternant.
Pire, on retrouve ensuite la manière habituelle d’esquiver un débat de fond : accuser l’autre d’être silencieux sur des sujets que l’on choisit pour en déduire que, puisque qu’il ne parle pas de ces sujets, il est partial et disqualifié ! Ce n’est pas dans les écoles de journalisme qu’on apprend de tels procédés, c’est dans des écoles de propagande. Chiche que nous retournons la situation et accusons Amira Soltane de ne pas parler d’autres sujets : « Ah, oui, elle critique Taghmaoui pour ne pas parler des massacres du FLN, des femmes persécutées de Hassi-Messaoud, de la corruption, du racisme envers les africains sub-sahariens, de la misère affective de la jeunesse en Algérie, du triste code de la famille, de la persécution de ceux qui ne jeunent pas durant le ramadan,… ». On peut allonger la liste…
Last but not least, Amira Soltane commet un troisième article le 22 septembre : Les harkis font baisser la cote de Daniel Costelle et Isabelle Clarke (lire en ligne).
Prétendant analyser les raisons de ce qu’elle qualifie comme « l’échec de la diffusion » du documentaire, elle assène :
"C’est la conséquence de plusieurs facteurs. (…) « D’abord, la guerre d’Algérie n’intéresse personne en France (une affirmation gratuite !). Ce doc a été regardé plus en Algérie et dans le Maghreb qu’en France" (encore une affirmation gratuite !).
Mais le comble est atteint quand cette valeureuse plumitive indique : « Seul le témoignage de Mohamedi Saïd, venu témoigner de l’authenticité de la lutte contre les harkis, les considérant comme des traîtres, a sauvé la mise. »
Quand on sait que Mohamedi Saïd est celui qui a organisé le massacre de la population de Melouza et qu’il s’en glorifie encore publiquement aujourd’hui (voir le documentaire), en disant « il fallait tuer les traitres », on croit rêver ! Combien de femmes d’enfants et de bébés massacrés ce jour dans le village pourraient se demander ce qu’ils viennent faire dans cette histoire de traitres ?
Mais Amira Soltane n’en est pas à son coup d’essai ; On pourra retrouver le nationalisme exacerbé, avec ses odeurs nauséabondes, la stigmatisation des juifs, la phobie des forces occultes et des lobbys, les procès d’intention, dans d’autres articles d’Amira Soltane. Si Amira Soltane était un citoyen français, on sait vers quel parti politique iraient ses préférences et dans quel torchon elle jouerait les journalistes.
Quelques extraits de récents papiers commis par cet individu :
- « La France moins accueillante que la Grande-Bretagne pour les médias » (lire en ligne) :
Extraits :
L’entrée dans le conseil d’administration du CSA de Rachid Arharb, premier journaliste d’origine arabe à présenter le Journal Télévisé sur une télévision française, n’était en fait qu’un leurre. Mais en revanche, les juifs ont leur place dans le paysage audiovisuel français et cela quel que soit leur accent radical, extrémiste ou toléré.
- « Documentaire de France 2 Apocalypse, ou le lobbying juif au service de l’histoire » (lire en ligne) :
Extrait :
Mais tout le doc était une succession de victimisation des juifs. Dans une séquence, on voit la visite du Mufti de Jérusalem, passant en revue des unités musulmanes, avec ce commentaire: «les musulmans ont toujours été les ennemis des juifs». Mais sur les chaînes privées et plus particulièrement TF1, la série américaine Les Experts a rassemblé mardi soir 7.890.000 téléspectateurs, réalisant une part d’audience de 30,3%, battant ainsi un documentaire de propagande du puissant lobby de la télévision publique.
- « Le linge sale musulman et algérien s’est lavé sur France 5 » (lire en ligne) :
Extrait :
Une rencontre explosive qui a tenu toutes ses promesses puisque les deux hommes sont connus pour être comme tous les Algériens, des personnes franches et directes. (Ah les excellents clichés !)
- "Ce que Canal + n’a pas dit aux Algériens" (lire en ligne) :
Dans les années 40, Mao Tsé-Toung avait lancé la révolution culturelle en exigeant de son peuple de lire et de se cultiver dans les simples préceptes du communisme.(Ah ! les belles approximations historiques !)
On va arrêter là. Et puisqu'Amira Soltane aime mettre des citations en tête de ses papiers (c’est vrai, cela donne un air de respectabilité, de caution), nous proposons, nous aussi, à nos lecteurs, des citations à méditer, toute généralisation étant à proscrire, les journalistes, les vrais, étant nécessaires à notre vie citoyenne :
Would you buy a second-hand car from this man? (Mort Sahl)
Il y a deux sortes de journalistes : ceux qui s'intéressent à ce qui intéresse le public ; et ceux qui intéressent le public à ce qui les intéresse - et ce sont les grands. (Gilbert Cesbron)
Les journalistes ne croient pas les mensonges des hommes politiques, mais ils les répètent ! C'est pire ! (Coluche)
Si la méchanceté suffisait pour faire fortune, il y a beaucoup de journalistes qui seraient célèbres.(Coluche)
Les journalistes disent une chose qu'ils savent ne pas être vraie, dans l'espoir que, s'ils continuent à l'affirmer assez longtemps, elle deviendra vraie.(Arnold Bennet)
Journaliste : un métier qui consiste à expliquer aux autres ce qu'on ne comprend pas soi-même (Lord Northcliffe)
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