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Billet de blog 3 mars 2022

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58_ Les Barbares

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Les barbares

Tu as fui ton pays mon frère, ta ville, ta maison bombardés.

Tremblant, les deux bras en avant.

L’humanité de l’Ouest t’assouvit, dépasse tes espérances les plus folles.

Et tu pleures d’émotion mon frère.

Les murs, les barbelés, les frises,

Les treillis, les armes ont par magie disparu.

L’Ouest te chérit

Pleure de compassion,

S’agenouille devant ton malheur.

Tu as les yeux bleus mon frère

Tu as le nez aquilin mon frère

Ton visage carotte

Porte le charme de ta race mon frère.

Tu es slave mon frère.

Ton regard n’est pas charbonneux

Tes enfants ne sont pas morveux,

Ne pataugent pas dans la fange.

Sur sa tête ta compagne ne porte pas de fichu

Mais une sainte couronne d’épis.

Et si elle en porte, il est diaphane.

Tes génuflexions sont belles mon frère,

Tu ne lèves pas les mains

Et si tu t’inclines c’est vers l’Occident.

Je m’interroge mon frère,

Car tu ne le sais peut-être pas,

Cette même humanité qui t’offre

Son merveilleux, fabuleux, prodigieux accueil

Est celle-là même qui crie, hurle, vocifère ne pouvoir

Accueillir toute la misère du monde,

Du monde pillé de tout temps par l’Ouest.

Je m’interroge mon frère

Sur cette humanité qui t’enlace

Et pleure de miséricorde,

Qui t’ouvre ses portes

Et qui simultanément chasse les autres afflictions

Parce qu’elles sont hâlées, noires, brûlées.

Comme les comptables mon frère et les hommes de bon sens

Je m’interroge sur ces deux mesures pour un même poids

Un même fardeau.

Un même désespoir.

Je m’interroge mon frère,

Quelle est cette humanité qui t’ouvre ses portes

Qui privilégie ta souffrance,

Ignore celle des gueux

Ces barbares fuyant leur étrange monde,

Pourtant par l’Ouest bombardé, détruit, anéanti

Par l’Ouest, cette contrée des Droits de l’Homme,

De certains hommes.

Mais quelle supercherie envers le reste de l’Humanité !

Je m’interroge mon frère,

Quelle est cette humanité qui

Se plie en quatre pour t’accueillir

Et dresse toutes ses rancunes, contre le blond d’Égypte

Cet Autre venu des Suds, mon miroir.

Et je n’ai trouvé hélas

Qu’une réponse mon frère et la voici.

Ta souffrance est blanche mon frère.

Ta langue slave et suave

N’est pas crainte, au pire inconnue.

Tu n’es pas miséreux

Et dans ton regard mon frère

On ne décèle nul effroi de la faim.

Tu as droit aux petits fours,

Tu as droit aux larges sourires,

Tu as droit à un fleuve de générosité

Tu as droit à Noël chaque soir.

Tu n’es pas Syrien mon frère

Tu n’es pas Libyen mon frère

Tu n’es pas Maghrébin mon frère

Tu n’es pas Africain mon frère.

Tu n’es pas musulman mon frère.

Tu n’es pas confronté aux barbelés, aux murs, aux requins.

Tes enfants ne s’appellent pas Aylan mon frère.

Tu ne viens pas de la mauvaise rive mon frère.

Tu ne viens pas de la mauvaise rive mon frère.

Tu ne viens pas de la mauvaise rive mon frère.

____________

Ahmed Hanifi

Poème spontané devant la télé, hier soir samedi 26 février 2022

(à retravailler donc)

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