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Billet de blog 6 oct. 2020

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Référendum du 4 octobre 2020 : Des enseignements de ce scrutin

Une participation record, une progression du oui impressionnante, un tassement très net du non qui ne semble plus avoir de marge de progression très grande. Un pari gagné par les indépendantistes.

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Illustration 1
Des jeunes dans les rues durant la campagne le 27 septembre 2020 © Cap 2020

Avec la défaite victorieuse du 4 novembre 2018, où les résultats pour le oui ont fait mentir tous les pronostics, le pari pour ce second scrutin était grand pour chaque camp. Une fois encore, même si le oui ne l’emporte pas, nous pouvons dire que les indépendantistes ont remporté cette deuxième manche. Sur l’ensemble du territoire, le oui a gagné 11 334 voix quand le non n’en a gagné que 2 769. C’est donc à nouveau une grande victoire pour les indépendantistes dont le poids progresse de façon considérable.

Les indépendantistes s’étaient fixés comme objectif de mobiliser les abstentionnistes dont l’un des plus forts réservoirs étaient les îles et de gagner des point sur Nouméa et le Grand Nouméa. On peut dire que ces objectifs ont été atteints. Nous allons revenir en plusieurs billets successifs sur ces résultats et ce qu’ils nous disent de la progression indépendantiste. Aujourd’hui, je vais vous parler des Loyautés et du Grand Nouméa.

Illustration 2
Reste de la campagne référendaire "Affichons nos couleurs" au-dessus de Yaté (juin 2019). © I. Leblic

En effet, si l’on regarde plus en détail, on s’aperçoit que, même dans le Grand Nouméa, les indépendantistes progressent presque deux fois plus que les Loyalistes : + 4 622 oui contre + 2 616 non. Les oui en plus du Grand Nouméa représentent 40,8 % de ces nouveaux oui : sur les 11 334 oui de plus sur ce dernier scrutin, 4 622 proviennent en effet des électeurs du grand Nouméa. Et les non en plus avoisinent pour ce secteur 94,5 % des nouveaux non (2 616 sur 2 769), signe que les Loyalistes ne convainquent pas du tout en dehors de leur fief traditionnel. À Dumbéa, le oui est passé de 2 930 à 4 012, soit + 1 082 voix alors que le non n’en a gagné que 714, et il y avait 1 213 nouveaux inscrits. À Mont-Dore, le oui a 646 voix de plus, le non 339, avec 530 nouveaux inscrits. À Païta, l’écart est plus faible puisque le oui prend 558 voix de plus et le non 448, avec 866 nouveaux inscrits.

Si on pousse plus loin l’analyse et que l’on regarde cette fois-ci en terme de communes indépendantistes ou non, on s’aperçoit que les communes indépendantistes ont enregistré entre les deux scrutins 1 988 électeurs de plus, que le taux de participation est passé de 77,51 % à 84 % et donc a progressé de près de 6 points, que le oui a gagné 6 181 voix alors que le non en a perdu 175. Partout, l’augmentation du nombre de suffrages exprimés dépasse grandement celui des nouveaux inscrits, preuve que les abstentionnistes de 2018 se sont mobilisés en partie. C’est donc le signe que parmi ceux-ci, des électeurs ont été convaincus par les uns ou les autres, et au regard des chiffres, plus par les indépendantistes, d’aller voter. Aux îles Loyauté, cette mobilisation est spectaculaire (voir tableau 1).

Tableau 1. Évolution du nombre d’inscrits, de votants et de votes pour le oui ou le non entre les deux référendums (2018/2020) aux îles Loyautés

Illustration 3
Tableau 1. Évolution du nombre d’inscrits, de votants et de votes pour le oui ou le non entre les deux référendums (2018/2020) aux îles Loyautés © Isabelle Leblic

Cela nous permet de voir que les nouveaux votants ont plus profité au oui à Lifou qu’à Ouvéa et surtout qu’à Maré, qui est le fief historique (notamment Guahma) du défunt grand chef Naisseline, fondateur du LKS, le  parti Dynamique autochtone LKS[1] avait appelé pour 2020 à voter non. Cela a sans doute aussi pesé à Ouvéa dans le résultat. Cela montre aussi que le oui a progressé à Lifou au-delà des nouveaux votants puisque la progression du oui dépasse de 197 voix l’augmentation des suffrages exprimés. Dans cette île, la campagne indépendantiste a donc rallié aussi des électeurs qui avaient voté non en 2018.

Lifou est en effet la commune indépendantiste où le oui a le plus progressé en valeur absolue. Rapporté au nombre de suffrages exprimés de la commune (8 255), cela représente 23,44 % de l’électorat. Lifou est d’ailleurs en terme d’inscrits la première commune indépendantiste. Vient ensuite Maré avec 6 858 inscrits, Ouvéa avec 4 418, Koné avec 4 412 et Poindimié avec 4 146. Puis dans les 3 000 inscrits, nous avons Houaïlou (3 688) et Canala (3 498). Dans les 2 000 et quelques se trouvent Pouébo (2 392), Ponérihouen (2 671), Hienghène (2 469), Poya (2 365), Voh (2 355), Thio (2 177) et Ouégoa (2 174). Les huit autres communes oscillent entre 510 inscrits pour la plus petite qu’est Sarraméa et 1 933 pour Touho.

Illustration 4
Grand meeting final de la campagne du oui à Kowe Kara à Nouméa

Du côté des communes non indépendantistes, nous avons 4 646 nouveaux inscrits, un taux de participation qui passe de 83,03 % à 86,57 %, soit 3,5 de plus et que le non a gagné 2 944 voix alors que le oui a quant à lui gagné 5 153 voix, soit près du double. Partout, sauf à Farino, le nombre de suffrages exprimés supplémentaires pour ce scrutin par rapport à celui de 2018 dépasse le nombre de nouveaux inscrits, démontrant la mobilisation des abstentionnistes de 2018.

Merci de nous avoir lu.

À suivre…

Isabelle Leblic  

[1] Dynamique autochtone LKS est apparue la première fois dans la province des îles Loyauté lors des élections provinciales du 10 mai 2009, où c’était la seule candidature du LKS sous le nom de « Dynamique autochtone ou La terre en partage ».

Illustration 5
Affiche UNI de la consultation du 4 octobre 2020 © Cap 2020

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