Le BP (bureau politique) du Front de libération national kanak et socialiste (FLNKS) a appelé l'ensemble des camarades mllilant·es, sympathisant·es, responsables politiques et élu·es de la mouvance indépendantiste à se mobiliser fortemement à l'occasion du 1er mai 2024 « Journée internationale des travailleuses et travailleurs destinée à célébrer et poursuivre les luttes et les actions ouvrières et révolutionnaires », et à prendre part à la « Marche du ler Mai » organisée par l'Union Syndicales des Travailleurs Kanak Exploités (USTKE). « Placée sous les mots d'ordre “d'unité” et de “stabilité politique et institutionnelle de la Nouvelle-Calédonie”, le bureau politique du FLNKS invite les citoyens du Pays à participer à cette marche pour marquer notre volonté permanente d'émancipation des travailleuses et travailleurs et également pour réaffirmer la ténacité du peuple KANAK et des citoyens calédoniens pour l'accession de son Pays à la pleine souveraineté.»
Cette mobilisation vient après celle historique du 13 avril ayant rassemblé à l'appel du CCAT dans les rues de Nouméa 80 000 personnes selon les indépendantistes. « C’est dans le calme et le respect de la dignité du combat pour l’accession à la pleine souveraineté de notre pays que vous avez répondu à l’appel de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) et du FLNKS ce samedi 13 avril 2024, conformément au motions du 42ème congrès du FLNKS » (communiqué du FLNKS du 17 avril 2024).
Rappel du contexte récent
Trente ans après l’accord de Nouméa, plusieurs de ses points centraux n'ont toujours pas été concrétisés : le transfert des compétences n'est pas terminé ; le rééquilibrage n'est pas atteint et les inégalités restent très importantes ; le non-respect de la priorité à l’emploi local avec l'arrivée massive et constante depuis une vingtaine d'années de métropolitain·es en Nouvelle-Calédonie, du fait de conditions attractives (niveau de salaire et indexation, avantages en terme de logement ou de soutien à l’installation) pour occuper les postes au détriment des travailleurs kanak.
Comme nous le disons depuis longtemps, nous assistons à une véritable recolonisation du pays en violation totale du droit international. En effet, la Kanaky/Nouvelle-Calédonie reste un territoire non autonome au regard du droit international, à ce titre toujours inscrit sur la liste des pays à décoloniser selon la résolution 15-14 des Nations unies.
L’accord de Nouméa est un accord dits de décolonisation. Il prévoyait 3 consultations référendaires d’autodétermination. Le deuxième référendum avait montré, en 2020, une poussée des voix indépendantistes : à seulement 9000 voix près, le « Oui » à la pleine souveraineté de la Nouvelle-Calédonie était majoritaire. Les conditions du troisième et dernier référendum, fin 2021, sont aujourd’hui toujours remises en question par l’ensemble des courants indépendantistes, lesquels avaient demandé suite à l’épidémie du Covid et au confinement qui empêchait toute campagne, le report de la consultation et le respect tant de la promesse d’Édouard Philippe de le tenir en 2022 que de la période de deuil kanak. Ce troisième référendum n’est pas reconnu par les indépendantistes qui n’ont pas participé au vote. Une plainte est prévue à ce sujet auprès de la Cour Internationale de Justice.
Les projets de loi en question
Aujourd’hui, le gouvernement français a décidé de passer en force. Il présente unilatéralement deux projets de loissur l’avenir institutionnel de la Kanaky/Nouvelle-Calédonie qui mettent en jeu l’avenir du peuple kanak, et la stabilité du pays. Ils visent une sortie dans des conditions très contestées et non consensuelles de l’accord de Nouméa, avec pour conséquence une aggravation considérable des clivages.
Le premier projet de loi concernant le report des élections provinciales a été adopté en mars dernier, le second vise à modifier la constitution pour permettre l’ouverture du corps électoral aux métropolitain·es arrivé·es récemment (loi adoptée au Sénat en avril dernier et soumise au vote à l’Assemblée nationale le 13 mai prochain).
Le gel du corps électoral est central dans l’Accord de Nouméa, aucune modification ne devrait être faite par une décision unilatérale de l’État, sans un accord global entre les forces politiques locales.
Ces projets de lois renouent avec les pratiques éprouvées de mise en minorité du peuple kanak dans son propre pays, au profit d’une droite locale qui voudrait par une modification des sièges au Congrès de Nouvelle-Calédonie y trouver une majorité en sa faveur.
L’État s’engage dans une modification brutale de toute l’organisation de la vie démocratique de la Nouvelle-Calédonie. C’est une façon de favoriser la recolonisation du territoire et l’invisibilisation du peuple kanak !
En réponse, en Kanaky/Nouvelle-Calédonie, les mobilisations s’amplifient contre ces deux projets de lois. Plus de 80 000 personnes dans la rue le 13 avril dernier sur tout le territoire. Des mobilisations historiques qui sont impulsées par la CCAT (Cellule de Coordination des Actions de Terrain,) qui regroupe l’ensemble des courants indépendantistes. Les objectifs sont clairs : la demande du retrait du projet de loi sur le dégel du corps électoral, la non-reconnaissance du troisième référendum et la poursuite de la trajectoire de décolonisation.
Ce passage en force de l’État français rappelle de tristes souvenirs et favorise une dynamique de tensions extrêmement dangereuse. La mobilisation du 1er mai est donc cette année marquée politiquement par ce contexte où la moindre étincelle peut embraser le pays.
29 avril 2024
Caisse de solidarité aux prisonnier.es Kanak, cantine et frais de défense (https://www.helloasso.com/associations/association-information-et-soutien-aux-droits-du-peuple-kanak/collectes/caisse-de-solidarite-aux-prisonniers-kanak-cantine-frais-de-defense).
Merci pour eux.
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