Suite aux attentats de Nice et St Etienne du Rouvray, les médias ont occupé une partie de l'été avec une série de faits visant encore et toujours nos compatriotes musulmans : affaire de la piscine privée, burkini, rixe de Sisco en Corse…
La classe politique de droite et d’extrême droite a joint ses voix à ce concert, mêlant musulmans, état d’urgence, attentats et terrorisme. Le climat islamophobe s'est brusquement embrasé. En quelques jours, trente et un arrêtés anti-burkini ont été pris dans plusieurs communes. Manuel Valls, premier ministre, a pour sa part déclaré que le port du burkini était incompatible avec les valeurs de la République et continue d'alimenter régulièrement le rejet des musulmans par ses déclarations.
M. Chevènement, élu à la tête de la Fondation de l’Islam, suggère la discrétion à nos compatriotes musulmans.
Comme le monde entier a pu le voir sur la plage de Cannes, et comme c'était prévisible, c’est maintenant le simple voile qui est visé. Et cela n'est pas prêt de s'arrêter comme l'illustre le cas des deux femmes voilées exclues par le responsable d’un restaurant à Tremblay. Evidemment dans la suite logique, les LR, FN ont annoncé qu'ils feront du burkini un de leurs thèmes de campagne électorale pour 2017, et ce malgré le Conseil d'Etat qui a déclaré ces arrêtés illégaux. Ces affaires relancent une nouvelle vague islamophobe, encore plus profonde que les précédentes, relayée par les médias et couverte par les autorités de ce pays, en particulier par Valls qui joue les pyromanes.
Comme beaucoup de personnes en France nous ne sommes pas POUR le burkini mais simplement pour le droit de le porter, et ceci pour plusieurs raisons.
Le port du burkini ne contredit aucune loi de la République, y compris dans ses principes de laïcité. Nous rappelons que la loi de 1905 impose la neutralité de l'État et donc de ses représentants. A ce titre, les arrêtés anti-burkini sont des actes anti-laïques qui, s’ils venaient à être un jour promulgués, s’ajouteraient aux autres anomalies tolérées sous la Vème république (concordat Catholique d’Alsace-Moselle, financement des écoles privées catholiques …).
Parce que nous soutenons les femmes et les mouvements féministes qui se battent pour le droit de contrôler leur corps, nous considérons que les femmes qui souhaitent revêtir un burkini en ont tout à fait le droit, et qu’il n’appartient à personne de leur dire ce qu’elles ne doivent pas porter.
Rien ne permet de relier cette pratique vestimentaire à une offensive intégriste.
L’état d’urgence, en train de devenir permanent au mépris de toute légalité, ne saurait constituer un motif d'interdiction, car le port d’une tenue individuelle couvrante n’a rien à voir avec la sécurité des plages ou des populations.
L’ordre public, comme l’a rappelé le Conseil d’Etat, n’est pas menacé.
Nous dénonçons la mise en accusation de nos compatriotes musulmans.
Ces mesures discriminatoires attisent les tensions que l’extrême droite cherche à créer dans ce pays. Elles donnent le sentiment que nos compatriotes musulmans ne sont pas comme les autres, et créent chez eux un sentiment d’humiliation et d’isolement. Que font les autorités de ce pays si ce n’est cautionner cette nième campagne de haine contre les citoyens musulmans, et oser prétendre dans le même temps défendre la fraternité républicaine? Que font les médias, y compris de "service public", si ce n’est de participer à cette campagne de mise en accusation quasi-permanente ?
Le débat autour de cette tenue est dans la continuité des débats anti-musulmans. Toute cette rhétorique imaginaire et fantasmatique n'a qu'un but: stigmatiser les musulmans et alimenter le racisme islamophobe afin de détourner des questions qui fâchent: le bilan de Hollande, qui n'a rien a envier à celui de Sarkozy. Alors on va emprunter ce qui est au coeur du programme du Front National. Le FN n'a pas eu grand chose à faire: la campagne présidentielle est déjà lancée et sur le thème de prédilection du FN : l'islamophobie !