Attention spoiler. Lire ce texte, plus spécifiquemenr la partie 1, avant de visionner l'épisode de Black Mirror concerné gâcherait beaucoup son intérêt dramatique et le plaisir du spectateur.
Il s'agit de l'épisode qui a pour titre "15 millions de mérite" - saison 1, épisode 2.
L'épisode est décrit dans le détail de son déroulé dans la partie 1 qui suit. Ceux qui ne se destinent pas à regarder l'épisode peuvent justement lire cette partie 1. La partie 2 évoque aussi des éléments de l'épisode mais propose surtout une brève réflexion, prétexte à convoquer des concepts de Stanley Milgram, Serge Moscovici, Pierre Bourdieu et Abraham Maslow et la mémoire de feu Mohamed Bouazizi.
PARTIE 1 : déroulé de l'épisode (destiné plus spécifiquement à ceux qui ne vont pas le visionner)
Est dépeinte dans ce remarquable épisode qui a pour titre "15 millions de mérite" une société où les membres des masses travailleuses pédalent chaque jour sur des sortes de vélo d'appartement, alignés les uns à côté des autres, chacun devant un écran de télévision individuel sur lequel ils peuvent zapper à loisir sur des émissions et programmes abêtissants de type télé-réalité, poussant notamment à la consommation et dénigrant les personnes obèses. Telle émission de télé-réalité se moque des personnes obèses qu'elle met en compétition et humilie ostensiblement. On comprend que pédaler sur ces vélos tout la journée permet aux masses de gagner des points qui constituent le revenu avec lequel assurer leur existence. Comble de la solitude, tous ces individu vivent seuls dans des chambres individuels -la notion de couple ou famille n'est pas représenté dans ce monde- où continue cette projection sur un écran immersif qui les entoure en recouvrant tous les murs de celle-ci. L'écran de la réalité médiatique devient le monde où ils sont littéralement immergés, unique médium modifiant leur environnement visuel qui est caractérisé par l'uniformité et l'absence de tout mobilier et objet personnel. Le seul acte individualisant est celui de pouvoir zapper. Mais même la liberté de cet acte est perdu quand le nombre de points atteint un seuil minimal critique. Chacun a en effet une lentille de contact numérique aux yeux qui le contraint alors à garder les yeux ouvert et regarder tel ou tel programme. Esclaves modernes, ils sont condamnés à pédaler, non seulement pour subvenir à leur besoins, tel se nourrir, mais pour garder un dernier pré-carré de liberté : celui de pouvoir regarder ce qu'ils désirent. L'économie de l'attention portée à son paroxysme. Il s'agit d'une société totalitaire, comme l'humanité en a connu. Un société de consommation, hypersexuée, "médiacratique" telle qu'elle devient de plus plus aujourd'hui. Une sorte de dictature cognitive inaugurée par cet épisode et plus globalement par cette série, Black Mirror. Dans ce monde sordide, la personnalité individuelle et le libre arbitre individuel sont réduits à un minimum affolant de pauvreté, celui d'un spectateur qui pédale pour produire on ne sait quoi mais qui génère une valeur qui constitue ses avoirs monétaires. Tous ont les mêmes habits et n'ont d'autre échappatoire qu'acheter un billet pour une sorte d'émission de télé-crochet à grand succès type 'Britains's got talent'. Black Mirror est une série anglaise, l'accent british de la plupart des comédiens le rappelant. Cette émission phare a lieu chaque semaine face à un jury de trois personnes-producteurs de télévision et face à un public constitué d'avatars en réalité virtuelle animés par les foules qui regardent l'émission de leur chambre. Elle donne la chance à chacun, à condition de payer un ticket d'entrée coûtant l'équivalent d'une année de salaire et après une pré-selection sur des critères de nécessité on ne peut plus cynique -type 'jolie fille' ou 'issu des minorités' que vont respectivement remplir les deux protagonistes de l'épisode- de s'illustrer. Les postulants ont semble-t-il ainsi l'espoir d'améliorer leur sort en changeant de vie. Beaucoup rêvent donc de devenir chanteur, acteur ou autre troubadour de diverses émissions. Sont régulièrement diffusés les témoignages d'une vie meilleur de ceux qui ont réussi, qui évoquent le fait de pouvoir manger de bonnes choses et choisir leurs vêtements.
Dans ce monde, nous suivons le quotidien d'un jeune homme noir qui a le béguin et a sincèrement foi en le talent de chanteuse d'une belle jeune femme blanche, compagne de galère qui pédale à quelque mètres de lui. Il la pousse à se porter candidate à l'émission, devenir une de ces stars et ne plus avoir à suer sur le vélo. Tissant une amitié-amourette platonique il lui propose de lui offrir le ticket de candidature pour le show au prix d'une quasi banqueroute personnelle. Il la pousse à croire en elle, à tenter sa chance et la soutient jusqu'au jour J en l'accompagnant au casting. Les membres du jury, 'visage' des dominants de cette société du spectacle, jouent sur l'ardent désir de cette femme de s'extraire de sa condition, relativisant son talent et faisant fi de sa jolie voix et de son aspiration à devenir chanteuse. L'un deux, producteur d'une émission de charme, lui offre en direct et avec force vulgarité de devenir une de ses actrices et ainsi la soi-disant sauver de sa funeste condition. En direct, elle n' a que quelques secondes pour se décider. Poussée par un public en délire, elle accepte. Elle rejoindra les rangs des icônes sexuelles qui alimentent en fantasmes ces foules dont la pauvreté et la promiscuité sexuelle est évidente. Le jeune homme, choqué et haineux -il la verra malencontreusement dans cette émission de charme et sera forcé de regarder car n'ayant plus assez d'argent pour pouvoir zapper- est évidemment psychologiquement très fragilisé par cette issue. Il évitera de sombrer et se ressaisira pour passer à son tour dans l'émission après avoir passé un temps conséquent pour re-gagner le prix du ticket tout en s'entrainant pour semble-il faire un show de danse devant le jury. Il s'agira au final d'une action mi rébellion-dénonciation du système, mi cri du cœur-tentative de suicide quand il passera à son tour à l'émission : arrivé face au jury il démarre son show de danse puis brusquement et contre toute attente, menace de se suicider en direct, s'appuyant sur la carotide un morceau de verre qu'il avait soigneusement caché. Il déclamera une tirade héroïque lors de laquelle il critique toute la mascarade de cette vie insensée. Ce qui constituera le seul moment d'expression d'émotion et d'authenticité dans ce monde froid, uniforme et aseptisé qu'il dénonce avec une virulence et une intensité qui marque les esprits sur le plateau et devant leur écran. La stupeur passée, les forces de sécurité tenu en respect, remarqué (manipulé pour ne pas passer à l'acte?) par un des trois membres du jury, ce dernier lui propose une émission-tribune-one man show régulier où il est tacitement attendu de lui d'endosser ce rôle de rebelle véhément au paroles tranchantes et politiquement incorrectes. Ce qu'il accepte après un court mais bouillonant moment de réflexion, toujour en direct. L'épisode se termine sur lui, vivant désormais dans un grand appartement tout confort et avec vue sur une nature verdoyante qu'il apprécie en buvant du jus d'orange. Jus vraisemblablement de qualité puisque issu d'une belle carafe et non du mortifère distributeur dont il avait l'habitude (dont on ne sait même pas s'il avait accès à du jus d'orange). Tout cela est assurément une promotion et une joie tant le monde où évoluent les masses laborieuses est dépeint comme gris et pauvre en couleur, sans présence de quoi que ce soit de "naturel" et "sain". Le héros semble satisfait d'avoir réussi à changer de vie et s'en sortir, ne plus pédaler, pour finalement constituer (on suppose qu'il en est conscient puisqu'il a été le seul à priori à prendre un recul critique au point de se faire entendre) lui aussi un autre rouage de ce même système aliénant. Mais il occupe un échelon plus confortable, à coup sur envié, où il est devenu une star et n'est plus un anonyme parmi la masse de ceux qui pédalent.
Vendu son âme au diable pour une place au soleil ? Ou esclave qui saisit l'opportunité d'une vie plus digne ?
PARTIE 2 : proposition de réflexions
La noirceur, la portée angoissante, de malaise de cet épisode, par ailleurs fort bien réalisé et interprêté, est je suppose facile à imaginer pour ceux qui n'auraient pas vu l'épisode et je les encoutager à la regarder malgré la lecture de la partie 1 de ce texte. Mais l'intérêt cet épisode est surtout de constituer une parabole simple et claire d'enjeux centraux de notre époque.
On peut légitimement être déçu de ces deux héros. Elle, car elle abandonne son rêve. Lui, car il abandonne sa révolte.Tous deux deviennent des stars, des 'personnalités', de nouveaux visages sur les écrans de ce cirque médiatique. Ils vont divertir à leur tour leurs anciens compagnon-forçats et échappent du même coup à leur ancienne condition. Et on peut les comprendre tant leur vie était misérable. La nouvelle vie du personnage féminin, dont le corps est instrumentalisé sans vergogne est cepandant peu enviable. Mais elle est de façon évidnet droguée pour supporter tout cela (comme le producteur le lui avait dès le départ invité à le faire). Comme si cela valait de toute façon mieux que ce quotidien mortellement répétitif, aliénant et sans identité où chaque personne est engluée dans une masse, sans velléité de révolte. Semble-t-il même sans volonté de changement tant cet archétype de société du spectacle, correspondant à ce qu'a énoncé Guy Debort dans "La société du spectacle" (1967) semble ici être parvenu à ses fins : divertir la classe laborieuse en évitant soigneusement de la faire réfléchir ou l'informer, et ainsi la maintenir dans un état de main d'oeuvre soumise car anesthésiée dans des plaisirs primaires et abêtissants. Toute pensée critique, tout processus réflexif -dans le sens d'un retour sur soi, ses actions, sa condition- semble éteint. Même notre héros rebelle chez qui cette étincelle semblait naître ne s'extrait pas au final du système, ne se donne pas la mort, ne gagne pas sa rédemption en le faisant devant tous. Ce faisant il n'allume aucune mèche de rébellion chez les spectateurs pour au mieux dynamiter le système ou au pire faire se lever un vent de révolte. Il est vrai que ce dernier point est davantage un voeux pieux de spectateur devant cet épisode, frustré face à tant d'aliénation et de souffrance. Le héros (mais en est-il un ?) finira par vendre son âme au diable pour semble-t-il un peu de confort et de considération pour sa "différence", son acte de rébellion télévisuelle. Acte qui n'aurait pas été un acte de terrorisme mais plutôt un suicide à portée politique qui aurait pu rappeler, s'il avait eu lieu, celui de Mohamed Bouazizi, déclencheur du printemps arabe tunisien. Mais cela n'a pas eu lieu, douchant les espoirs des éventuels soutiens de sa cause chez qui ses paroles ou son authenticité auraient fait écho.
Notre héros est peut-être trop cynique ? Il n'en avait pourtant rien montré depuis le début de l'épisode et c'est là où le twist scénaristique des auteurs de Black Mirror a été habilement fomenté. Il est peut-être trop conscient (en a-til pris conscience durant ces quelques secondes de réflexion face à la proposition du producteur ?) du fait que cet acte d'immolation sur l'autel médiatique n'aurait en rien enrayé la perpétuation du système ? Sans doute est il ainsi fatalement pessimiste sur la capacité critique de ses compagnons de galère à vivre son acte comme un électro-choc salvateur, à se remettre en question, faire valser le système en se soulevant dans une révolte massive ? De même le producteur semble de son côté peu inquiet de contribuer à susciter cette éventuelle révolte ou éveiller les consciences en donnant une tribune pérenne à ce trublion qui ne pousse même pas son audace jusqu'à la mort. Peut-être justement car chacun est par bien des égards devenu bien trop partie intégrante du système, comme ayant atteint pour toujours cet 'état agentique' au sein d'une organisation que théorisait Stanley Milgram. Rappelons aussi, dans le même esprit, cet extrait du psychosociologue Serge Moscovici :
« Le but final des processus d’influence est la récupération des déviants. Leur mécanisme spécifique consiste à rendre tout le monde semblable, à estomper la particularité et l’individualité des personnes ou des sous-groupes. Plus on pousse loin le processus d’identification et de désindividualisation, meilleure est l’adaptation de chaque individu aux autres et à l’environnement » extrait de "Raison et culture" (1993)
Engoncé dans ce système d'influence, une hypothèse explicative serait donc que le héros n'a pu faire autrement que plier face à l'offre alléchante. Se considérant au final pas si différent mais juste en souffrance et en revendication personnelle. Par calcul politique, pragmatique pourrait-ton penser ? Souhaite-il faire entendre sa révolte au plus grand nombre grâce à sa tribune ainsi gagnée ? La dernière séquence dans son grand appartement nous le montre zapper brièvement sur son émission, qui le montre provocateur et maintenant son débris de verre à son cou, comme marque de fabrique d'un trublion médiatique, nouveau produit médiatique à ranger parmi les autres et dont la subversion n'est qu'une posture. Feinte. Hypocrite.
Il donne donc plutôt l'impression d'un parvenu dont la prétendu rébellion de pacotille n'est qu'un divertissement de plus du système, acheté par le producteur qui est un des animateurs de ce système et nullement inquiet de la portée politique de ses provocations qui sont au contraire divertissantes et originales, pour un temps sûrement.
Tout cela évoque que cet abandon, lui de sa révolte, elle de son rêve était considéré par nos deux protagonistes comme envisageable, acceptable et même souhaitable en échange d'un progrès social et matériel individuel. Actant ainsi une fuite tant espérée d'un horizon auquel ils ont été habitués depuis des années par ce système qui les a soumis. Une ambition et des aspirations réduites au minimum et selon des critères dictées par le système : manger mieux et plus varié, mieux s'habiller en ayant le choix, se démarquer des autres, être connu, reconnu. Ces aspirations matérielles primaires actent de leur statut d'esclave du système.
Cette reconnaissance qui leur est donnée, la considération dont ils jouissent désormais d'une certaine façon est une délivrance, ceci alors même que lui va être considéré comme un rebel devenu bouffon, et elle la jolie fille devenue vedette de charme et objet de fantasmes sexuelles. Mais ceci ils n'en ont sûrement que faire ou alors cela ne leur effleure sans doute pas l'esprit, anesthésié et sans recul réflexif qu'ils sont devenus par ces années d'aliénation mentale. Ceci dans une société où il n'y structurellement pas de recul reflexif et de moral. L'action radicale de notre héros ressemble dès lors davantage au passage à l'acte d'un individu en grande souffrance psychique. Et comme cette souffrance psychique ne fait pas l'objet d'empathie ou de compassion dans les réactions du publique (comme si cela constituait un énième moment de show) ceci contribuerait aussi à expliquer le cynisme et l'hypocrisie effarant lors du 'retournement de veste' du héros en nouveau nabab de la télévision. Penser sa 'plaie psychique' en changeant son quotidien aliénant, et surtout en se différenciant enfin.
Au final, oui, notre hypothèse est donc que leur esprit est pathologiquement malade, assoiffé de retrouver individualité, unicité, particularité. Leur esprit a perdu à leurs yeux et depuis si longtemps son ipséité (caractère de ce qui fait qu'une personne est unique et absolument distincte d'une autre) que toute alimentation de celle-ci est bonne à prendre, comme l'est pour un affamé une promesse de repas régulier.
Pour eux, le fait que cette reconnaissance vienne de gens (membres du jury) ou d'une institution (ce système qui les esclavagise), qu'ils critiquent ou détestent ne change rien au fait que cette reconnaissance répond à un pathologique besoin de ne plus être invisible, ne plus être un anonyme parmi d'autre, un besoin de considération, un rôle différent à jouer, conscient ou inconscient : s'agissant de lui, pour un passage à l'acte pseudo suicidaire mais courageux et qui se démarque de l'apathie de la masse. S'agissant d'elle, pour un charme, une beauté plastique, un angélisme, une pureté, source de fantasmes libidineux des masses masculines et illustré par les eructements de l'obscène voisin de vélo du protagoniste principal.
La destinée de ces deux personnages, peut à raison plonger le spectateur de Black Mirror (aussi bien que les foules qui pédalent) dans un abîme de fatalisme tant la société décrite fait écho à quelque chose de familier : notre propre société occidentale dite avancée et nos habitus (tel que l'entend Pierre Bourdieu). Dans cet épisode, le système politico-médiatique semble tout puissant et immuable grâce à sa capacité à instrumentaliser et recycler ses détracteurs pour continuer à alimenter sa mécanique de domination-asservissement. Les traits qui sont ici caricaturés et l'impression global sont lourdement porteurs de sens selon nous. Le sens d'une alarme qui nous est sonnée par une oeuvre de fiction éminemment intelligente et lucide sur les enjeux politiques et sociétaux à l'oeuvre aujourd'hui. Le recours à des mediums technologiques parsème Black Mirror mais ils ne constituent au final que les catalyseurs, accelerateurs des comportements qui mènent à l'aliénation de la majorité par une minorité. Les 'marketplace' tels que Uber, Deliveroo et consorts sont l'illustration d'outils modernes au service d'un asservissement digne du moyen-âge s'agissant de droit du travail et de protection sociale.
Cet épisode au titre "15 millions de mérite" en particulier, mais l'ensemble des épisodes de Black Mirror selon nous, jette une lumière, pour ceux qui veulent faire l'effort de la voir car la technologie peut la camoufler ou la mettre à distance, sur la tournure que prend notre société s'agissant du vécu de certains de ses membres. La part la moins qualifié, la plus marginalisée, mais dont la proportion croît, qui souffre selon nous d'une aliénation globale et pathologisante : celle conjuguée des images des médias et publicités suscitant du désir (d'être connu, reconnu, même ponctuellement, de posséder, de consommer), des médias de masse qui mal-informent, désinforment et anesthésient le sens critique. Du manque de considération du système scolaire pour le talent, le goût, les aspirations individuelle et sa visée aveugle de ne faire que correspondre chacun aux besoins du marché de l'emploi. La tyrannie de la productivité, la précarité et le manque de perspective d'évolution professionnelle (pour ceux qui ont un travail !). La souffrance au travail et le manque de considération (qui est particulièrement prégnant en France comparé aux autre pays européens). La somme de tout ces points finit de rendre le sujet qui en est au centre 'malade de sa place et de son être au monde' tel que nous le formulerions. Cette somme de facteur le rend définitivement aux abois quand ses frustrations sont cruellement et quotidiennement attisées par la publicité qui lui fait fantasmer une vie potentielle et les médias qui lui montrent sans vergogne tout ceux qui, pour chaque point cité, semblent avoir "réussi". Mais selon quels critères est donc jugée cette réussite ? Bien souvent par celles du système.
Le système actuel qui est la source des frustrations des masses laborieuse a-t-il au final grand chose à envier dans son ignominie à celle dépeinte dans cet épisode de Black Mirror ? Nous pensons malheureusement que non, et c'est là que réside la mise en garde de cette alarme qui peut à point nommé s'adresser à notre conscience du bien commun aussi bien qu'à notre inconscient collectif. Rendons nous compte que le sujet concerné par toutes ces frustrations peut se contenter, moral en berne et éthique anesthésié, d'un rôle qui répondra un minimum à ses besoins cruellement en souffrance depuis des années : reconnaissance, considération, respect sont les plus fondamentaux quand les besoins physiques sont pourvus (voir 'la pyramide des besoins' d'Abraham Maslow). Cela peut rendre ces personnes infiniment dangereuses et imprévisibles. Pour le mieux, voter pour l'extrême-droite et les fascismes. Pour le pire, aller se faire exploser avec une ceinture d'explosif ou conduire un camion tueur.
FIN