alain alpern

Abonné·e de Mediapart

24 Billets

0 Édition

Lien 18 mai 2011

alain alpern

Abonné·e de Mediapart

Quid du PS, maintenant?

alain alpern

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

http://www.alpernalain.blogspot.com


Dominique Strauss-Kahn ne sera pas candidat aux élections présidentielles des 22 avril et 6 mai 2012.

Cela est évident si le Grand Jury de vendredi le renvoie devant un tribunal pour le juger dans plusieurs mois. Et si ce Grand Jury le disculpait (le "classement sans suite" français), le traumatisme serait trop grand pour lui et les traces dans l'opinion publique trop fraiches pour qu'il soit un candidat potentiellement gagnant.

Que peut-il se passer au PS, maintenant?

2 remarques, au préalable:

- les hommes politiques de droite se sont relativement bien comportés (mis à part Bernard Debré qui a "pété les plombs"), même si l'on sent qu'il en faudrait peu pour que certains ne franchissent la ligne jaune.

Outre la décence, la droite avait tout à perdre de ne pas rester prudente alors que son principal adversaire potentiel disparaissait;

- le FN a été particulièrement odieux et confirme son peu de considération envers l'être humain. Voir les textes et les commentaires sur le blog de S. Briois et, particulièrement, le commentaire de ce matin (qu'un lecteur du présent blog a repris en note dans l'article précédent celui-ci), dans lequel les allusions antimusulmanes et antisémites font frémir...

La primaire de désignation du candidat socialiste va se dérouler à partir du 26 juin (dépôt des candidatures) avant le vote des militants et sympathisants en octobre.

Sans leur faire injure, les candidatures présumées de Valls et Montebourg ont peu de chances de prospérer, mais, bien entendu, il faudra être attentif à leur discours. On annonce que Moscovici, voire Delanoë pourraient suppléer DSK: je ne suis pas sûr que, si tel était le cas, ils puissent bouleverser la situation des 3 candidats les plus en vue:

- Martine Aubry: il n'est même pas certain qu'elle souhaite être candidate. Elle était prête à "accompagner" DSK... Elle a pour elle d'avoir maintenu l'unité du parti depuis le Congrès de Reims, elle a perdu cette froideur qui rebutait...Elle est suffisamment autoritaire pour en faire une candidate appréciable, même si elle n'a pas osé prendre les mesures qui s'imposaient dans le Pas-de-Calais et que l'on doute qu'elle fasse le ménage dans les Bouches-du-Rhône...Elle pourrait rallier, sans trop de difficultés, dans un second tour, les voix des électeurs des autres partis de gauche. Ne préfèrera-t-elle pas préserver l'unité du parti en s'effaçant derrière un autre candidat? Il lui resterait alors à briguer le poste de 1er Ministre qui est peut-être plus en rapport avec ses ambitions...

- François Hollande: "revenu du diable vauvert" dans l'opinion des Français, fortement influencée par le personnage des Guignols qui en faisaient un personnage falot, consensuel et peu intelligent. Alors qu'il est drôle, brillant et volontaire. Sa transformation physique alliée à une montée en puissance bien calculée et une autorité naturelle ont, semble-t-il, plu à beaucoup de Français, puisqu'il caracole en tête des sondages maintenant et, plus encore, depuis quelques jours...Seule ombre au tableau: ses prises de position pour le nucléaire qui ne peuvent pas plaire aux écologistes (ceux du PS et ceux de Europe Ecologie-Les Verts). Cela pourrait être rédhibitoire et nul doute qu'il devra nuancer ses positions s'il veut avoir une chance, en cas de victoire aux primaires, de rallier l'électorat anti-nucléaire quand même important, en nombre. Gageons qu'il saura y faire et que promettre "une sortie du nucléaire en une génération" est un bon compromis ("Paris vaut bien une messe", avait dit le futur Henri IV...).

- Ségolène Royal: elle a beaucoup changé depuis 2007. Ce n'est plus cette "madone incantatoire" qui en avait énervé plus d'un, mais bien une Présidente de Région épanouie, qui a su s'effacer après le troublant Congrès de Reims et donner une image rassurante. Son ex-compagnon la devançant largement dans les sondages, saura-t-elle se montrer digne et accepter, sans montrer son dépit, la victoire du père de ses enfants? Un dérapage de sa part plongerait les Français dans le désarroi né des problèmes d'alcôve des représentants du PS. S. Royal ne compromettra pas l'image de son parti dans des moments déjà bien difficiles.

Le PS doit donc combattre sur 2 fronts:

- l'image du Parti pourrait être écornée par ce qui vient de se passer. Il ne peut se permettre de montrer une quelconque division;

- Sarkozy, conforté par quelques statistiques favorables, mais illusoires, peut profiter de l'affaire DSK. La naissance de sa progéniture en octobre est une occasion rêvée pour des communicants de jouer sur une corde sensible de l'électorat...Sera-ce suffisant pour redresser une image désastreuse?


Pour triompher, le PS doit:

- éviter que les primaires ne donnent lieu à un spectacle de divisions entre les candidats;

- montrer l'unité du parti;

- mettre en avant son projet qui a beaucoup de mérites, mais devrait être précisé (c'est ce à quoi serviront les débats pour la désignation).

Il me semble que si un candidat se détachait largement dans les prochaines semaines ou mois, dans les sondages, il serait tout à l'honneur de ses concurrents de se retirer "dans l'intérêt du Parti et de la France". Nul doute que le traumatisme DSK pourrait alors être surmonté.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.