Dans la série « Sale temps », le sort jeté aux communes à l’occasion de ces municipales restera gravé dans les annales de la 5ème république en chute libre. Qu’en la circonstance, le Code électoral ait été piétiné ne pose aucun cas de conscience aux partis et aux medias conventionnelles en roue libre, mais le degré atteint par la crise du pouvoir saute aux yeux. Premières impressions.
A l’origine, c’était un livre de Claude Angeli et Stéphanie Mesnier : « Sale temps pour la république » paru en 1997. En voici une présentation :
Ce livre est le résultat de dix-huit mois d'enquêtes menées dans les arcanes de la majorité. En s'en tenant aux événements importants, aux décisions marquantes, les auteurs démontrent que l'amateurisme, les maladresses et les erreurs de débutants sont les caractéristiques du pouvoir actuel. Le président et son gouvernement détiennent tous les leviers économiques, politiques et juridiques en passant par le législatif, mais le pouvoir de peser sur les événements leur échappe. Qu'il s'agisse des réformes sociales ou fiscales, des essais nucléaires, de la lutte contre le terrorisme islamiste ou corse, de la crise de décembre de 1995, de la volonté d'étouffer certaines "affaires", les auteurs apportent révélations et éclairages inédits. En évitant les facilités du "tous incapables !" formule dont se délecte l'extrême droite, ce livre se veut une radiographie des hommes qui prétendent gouverner, et d'une république sur le déclin.
https://www.eyrolles.com/Litterature/Livre/sale-temps-pour-la-republique-9782246518013/
Depuis lors, les opérations sauvetage de cette « république sur le déclin » n’ont pas manqué, de la cohabitation Chirac-Jospin au quinquennat Hollande, en passant par l’Union « républicaine » sacrée contre JM Le Pen, débouchant sur Sarkozy qui, avant Macron, avait débauché d’éminents socialistes, dont le docteur Kouchner. Le sabotage des municipales a été, elle aussi, une de ces « opérations sauvetage » puisque les oppositions parlementaires voire extra-parlementaires l’ont approuvées au mépris des préconisations de l’OMS du 16 mars 2020. (Voir notre article…) et de l’article 24 du Code électoral[1].
Passé le moment d’effroi, et le laïus sur « la crise démocratique », média convenus et leaders politiques oublieront la déferlante abstentionniste sans précédent.
Jean François Copé, affichant une tête de poisson frit lors de la triste soirée télé (sans BFM !), a laissé tomber qu’il faut que les LR se tiennent prêts « s’il arrivait une difficulté majeure à Macron » d’ici 2022.
Sur France info, il a été question de la SINCÉRITÉ du scrutin.
Un second tour plus de trois mois après le premier, des maires en campagne pendant le confinement, la crise sanitaire comme argument, des projets mis à la poubelle... Certains candidats n'ont pas attendu l'annonce des résultats à 20 heures pour dire qu'ils avaient bien l'intention de déposer des recours.
Interrogé à ce propos, le constitutionnaliste Jean-Philippe Derosier a reconnu qu'il y avait "des vraies raisons de se plaindre parce que la sincérité du scrutin est mise à mal". Notamment parce que "la déconnexion entre les deux tours pose véritablement problème. Il y aura eu plus de trois mois entre les deux. Un candidat déçu peut très bien invoquer une sorte de concurrence déloyale." D'autant plus quand les résultats sont serrés, comme à Lille ou Annecy.
Sans compter les modes de campagne. Voir ici :
Eh oui, les masques comme « porte-voix ». Après avoir diffusé de l’angoisse à tout va !!!
Mais bon, il ne devrait rester de ce micmac moche que « la vague verte ». Pour sûr, nous nous réjouissons de la chute des LR et LREM à Bordeaux et à Lyon, par exemple et nous pouvons nous amuser qu’une bonne ville bon chic-bon genre comme Annecy passe « à gauche repeinte en vert ». Tout comme nous ne saurions être fâchés de voir le Defferre de droite (Gaudin) se prendre un gadin et Ravier mordre la poussière à Marseille.
Le résultat sans fards, le voici :
Le taux définitif de la participation est de 41.6%, selon le ministère de l'Intérieur. Il était de 62,1% en 2014.
Depuis trente ans, l'abstention lors des élections municipales n'a jamais cessé d'augmenter, passant de 26,91% en 1989 à 36,87% en 2014...[2]
Dans le contexte que nous venons de croquer au stylo Bic, la victoire de madame Anne Hidalgo à Paris est d’abord la défaite de Dati et Buzyn, sur fond d’abstentions écrasantes. Delahousse, le présentateur dandy voit déjà Hidalgo en candidate aux présidentielles. Nous verrons bien.
Il se pourrait que le régime explose avant des « présidentielles » sous de nouveaux coups de boutoirs de la colère et de la révolte des travailleurs et de la population qui souffre.
Edouard Philippe a été on ne peut plus clair « les choix sont faits par ceux qui se déplacent » a-t-il lâché devant la mairie du Havre. Ceux qui ne se déplacent pas n’auront qu’à bien se tenir. Ainsi va la dictature nerveuse en France, engagée dans un combat contre le temps. Le pouvoir n’a plus le temps de moduler ses coups, même si ces coups précipitent sa liquidation.
Comme toujours, comptons d’abord sur nos propres forces Pour la liberté, pour les droits fondamentaux, pour nous tous et pour nous-mêmes.Sans Césars, ni Tribuns !
[1] Depuis 1881, les élections à deux tours sont soumis à un intervalle d’une semaine- la seule exception : élections présidentielles
[2] https://www.lci.fr/elections/en-direct-resultats-elections-municipales-il-ne-s-agit-pas-de-tirer-des-consequences-excessives-de-scrutins-locaux-lance-macron-2148062.html