ALAIN BATAN (avatar)

ALAIN BATAN

Abonné·e de Mediapart

104 Billets

1 Éditions

Billet de blog 11 septembre 2020

ALAIN BATAN (avatar)

ALAIN BATAN

Abonné·e de Mediapart

LA PERVERSION D’UN MONARQUE MANQUÉ

CHRONIQUE DE SEPTEMBRE- 1ère partie - 11-03-2020

ALAIN BATAN (avatar)

ALAIN BATAN

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Contenu

Chronique de septembre. 1

GAMBETTA contre « LES VICES D’UN HOMME ». 1

Traiteurs d’hier et d’aujourd’hui 2

Union sacrée pour madame la Député Obono. 2

Pauvre Bayrou. A peine propulsé Commissaire général au Plan, il se charge lui-même de révéler que de Plan, il n’y a pas. Juste de la prospective. Et, le Mélenchon avait proclamé une victoire insoumise dès que Castex avait prononcé cette formule sésame. Chéfik ! Macron, du coup, est passé à la célébration des 150 ans de la troisième république qui n’est pas « née » le 4 septembre 1870, mais cela marquait une première cérémonie de « naturalisation ». La perversion de ce vil monarque est en proportion de sa déliquescence.

Monsieur Emmanuel Macron ne pouvait manquer de panthéoniser Léon Gambetta, enfant d’immigrés italiens, histoire de bien faire le message lepéniste « Etre français, ça s’hérite ou ça se mérite ». Gambetta est né en 1838, il a donc 20 ans en 1848. A ce moment-là, seule existe la qualité de Citoyen. La notion de français n’est pas dans l’air du temps, même si Louis-Philippe avait été intronisé en août 1830, « roi des français » et, souvent nommé « roi-citoyen » puisqu’il n’a plus de « sujets » mais des « concitoyens ». Marx notera à propos de l’époque louis-philipparde : « La révolution de 1830, qui aboutit à un transfert de gouvernement des propriétaires terriens aux capitalistes, le transféra des antagonistes les plus éloignés des ouvriers à leurs antagonistes les plus directs.[1] »

GAMBETTA contre « LES VICES D’UN HOMME »

Ainsi même, Gambetta n’est pas un « français » de prime abord mais un Citoyen. Dans son testament, il écrit :

« Un homme ne peut incarner la République ; non ! Il peut la représenter comme fonctionnaire, il doit la défendre comme citoyen (…) C’est précisément par le caractère collectif, unanime, général, du gouvernement républicain que se trouvent son excellence et sa supériorité »[2]

Cette approche du régime républicain  où Gambetta mettait en garde « contre les vices d’un seul homme » (tiens, donc) est aux antipodes des vues de Macron-Castex- Castaner – Schiappa.

Du même coup, c’est un exercice « juridico-pantoufle »[3], celui qui consiste à dire la date de naissance de la 3ème république.

Peut-être en août 1871 par la loi Rivet qui a permis à Adolf 1er (A. Thiers) de devenir président de la République.

Peut-être par la loi monarchiste- orléaniste de mars 1873.

Peut-être par les lois de l’hiver 1875.

En réalité, la Troisième république naît vraiment en 1879-1880, lorsque les partis républicains prennent en main la « Chose publique », trustée depuis 10 ans par les royalistes. La période 1880-1890 a apporté les libertés publiques, nationales et municipales bafouées par Macron et ses séides, avec la mansuétude de la gauche,  une gauche versaillaise[4] en fin de comptes.

Une chose est certaine en tout cas : c’est le peuple « émeutier » de Paris qui, occupant le Palais- Bourbon, a sommé les députés républicains à proclamer la République puis à former ce gouvernement de Défense nationale, deux jours après la capture de Napoléon III à Sedan. Au sein de ce gouvernement, Gambetta aura été le seul, si ma mémoire est bonne, à refuser l’invasion de la France par la Prusse. Cette guerre de Badinguet (sobriquet donné à Napoléon-le-petit), le peuple n’en avait pas voulu. Mais, il ne voulait pas non plus d’une paix de monarchistes prussiens imposant les sacrifices humains, territoriaux et sociaux sans fin. Placé sous la botte du gouverneur militaire Trochu, rompu au double-langage, le gouvernement de Défense cherche activement un Traité de Paix avec la Prusse, bon moyen de mâter la « populace ». Le Communard Prosper-Olivier Lissagaray écrira en 1876 :

« Quel est donc leur but ? Leur but est de traiter. […]  Devenus gouvernement, ils battent la même chamade […] Quand tout Paris leur crie « Défendez-nous, chassons l’ennemi », ils applaudissent, acceptent et, tout bas, ils disent : « Tu vas traiter ». Il n’y a pas dans l’Histoire de trahison plus haute. […] »[5]

Traiteurs d’hier et d’aujourd’hui

Soit dit en sifflotant, toute ressemblance de ces « traiteurs » avec nos actuels Martinez- Veyrier serait purement fortuite. Ou bien ?

Martinez ne se contente pas de deviser avec la bande à Macron. Il est vent debout pour madame Danièle Obono contre le journal immigrophobe Valeurs Actuelles. Nous n’avons pas besoin de défendre la liberté d’expression de cet hebdo qui recycle de vieilles valeurs contre-révolutionnaires : monsieur Michel Onfray sait bien mieux le faire que nous, en tant que chroniqueur privilégié de CNews, BFM et LCI.

Union sacrée pour madame la Député Obono

Si madame Obono est l’étendard de quelque chose, ce quelque chose est la 5ème république.

C’est cette grande icône qui avait clamé au moment de la tempête Benalla :

 « Je suis sous le choc, je défends des institutions bourgeoises et parlementaires de la 5ème République ».[6] Je sais, on pourra toujours dire que cette grande dame ironisait alors. Mais, quelque jours plus tard à l’occasion d’une motion de censure, la voilà qui prend la pose avec madame Le Pen[7]. Postérité, quand tu nous tiens !

La postérité ne la lâchera plus, à présent. Une véritable union sacrée se dessine pour Obono. Macron lui a téléphoné pour l’assurer de son soutien. Sur les réseaux, son lieutenant Castex a piaffé : « Cette publication révoltante appelle une condamnation sans ambiguïté […] La lutte contre le racisme transcendera, toujours, tous nos clivages», et  assure la députée «du soutien de l’ensemble du gouvernement». Dans cette opérette obonesque, nous distinguons aussi la voix du ténor Wallerand de Saint-Just d’Autingues, second couteau de Le Pen-     RN : «le combat politique ne justifie pas ce type de représentation humiliante et blessante d’une élue de la République». Quant à Macron, se souvient-il que le 25 octobre dernier, il s’épanchait longuement dans Valeurs Actuelles ?[8]

Cette chronique s’inachève ce vendredi 11 septembre- La suite dans les tout prochains jours.

Merci de nous lire, de nous survoler, de partager et/ou critiquer. Beau week-end à vous et à tous les enfants.

[1] Karl Marx. La guerre civile en France Pages 49.50.53.55 Editions sociales 1946. Cet ouvrage devient quasiment introuvable et n’est plus réédité depuis 15 ans

[2] Gaston Bonheur. La République nous appelle. Robert Laffont, éditeur, octobre 1965. Page 250

[3] Expression de Léo Ferré dans « Il n’y a plus rien », 1972

https://www.bing.com/search?q=leo+ferr%C3%A9+il+n%27y+a+plus+rien+paroles&form=ANNTH1&refig=b08c1fd807b446e188632663ad0e5596&sp=3&ghc=1&qs=SC&pq=l%C3%A9o+ferr%C3%A9+il+&sk=PRES1SC2&sc=8-13&cvid=b08c1fd807b446e188632663ad0e5596

[4] La gauche versaillaise a existé contre la Commune, représentée par une partie des élus républicains de l’époque

[5] Proper-Olivier Lissagaray. Histoire de la Commune de 1871 (avant-propos de Jean Maîtron). Editions la Découverte- 2002- Pages 62,63.

[6] https://www.europe1.fr/politique/affaire-benalla-la-revanche-du-senat-3723971

[7] https://www.bing.com/images/search?view=detailV2&ccid=M2a2dmVb&id=4CBB2F1BA9B6A000077DE55F939E437E6A1B9F55&thid=OIP.M2a2dmVbIDhurePfBhz5fQHaEn&mediaurl=https%3a%2f%2fs.yimg.com%2fuu%2fapi%2fres%2f1.2%2fn5IQVISBh7nYmCOPB37cxQ--%7eB%2faD0xMDY0O3c9MTcwODtzbT0xO2FwcGlkPXl0YWNoeW9u%2fhttp%3a%2f%2fmedia.zenfs.com%2ffr-FR%2fhomerun%2fhuffingtonpost%2f27a526b6805c49f9790a65f1451c78a4&exph=1064&expw=1708&q=photo+dani%c3%a8le+obono+et+marine+le+pen&simid=607990751653334739&ck=E445A0ABC4FB79B2D2511047285A67AA&selectedIndex=0&qpvt=photo+dani%c3%a8le+obono+et+marine+le+pen&FORM=IRPRST&ajaxhist=0

[8] https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/10/31/entre-emmanuel-macron-et-valeurs-actuelles-les-secrets-d-un-flirt_6017528_823448.html

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.