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Billet de blog 25 juillet 2020

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LES PLANS SUR LA COMÈTE DESTRUCTRICE DU GOUVERNEMENT SÉGUR

LE POINT DU JOUR « C’est toujours au moment où l’on pense que les choses vont empirer qu’on se rend compte qu’elles sont déjà bien pires que ce que l’on pensait » Philip Kerr (1958-2018) – La Trilogie Berlinoise- Le livre de Poche, page 457

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Il y a une chose qu’on ne peut pas retirer à monsieur Castex, ce technocrate élevé au grain par monsieur Sarkozy est bel et bien un gaulliste pur beurre.

- Mais, c’est quoi, un gaulliste, au juste ?

- C’est un pétainiste qui a préféré Londres à Berlin en 40, Auguste.

Ainsi, dans ces mémoires 1944-1946, De Gaulle a expliqué :

« Si, dans le domaine financier et économique, ses technocrates s’étaient conduits, malgré toutes les traverses, avec une incontestable habilité, d’autre part, les doctrines sociales de la « révolution nationale » n’étaient pas sans attrait : organisation corporative, charte du travail, privilèges de la famille. Mais le fait que cette entreprise se confondait avec la capitulation rejetait les masses vers une toute autre mystique »

Les masses étant alors « rejetées vers une toute autre mystique », croquée ainsi par Le Général dans ce style à donner des ampoules aux doigts de l’auteur et au pied des lecteurs :

« …cette guerre, où Hitler luttait à la fois contre les démocraties et contre les Soviets, jetait toute la classe ouvrière du côté de la résistance. La nation voyait les travailleurs reparaître en patriotes en même temps qu’en insurgés, comme ça avait été le cas à l’époque de la Révolution, des journées de 1830, du soulèvement de 1848, des barricades de la Commune …»

De Gaulle n’en avait pas moins esquissé la trame de son PLAN ECONOMIQUE ET SOCIAL :

« Le plan que je me suis formé (…) vise à attribuer aux travailleurs, dans l’économie nationale, des responsabilités qui rehaussent de beaucoup le rôle d’instrument où ils étaient confinés. Qu’ils soient associés à la marche des entreprises, que le travail y ait les mêmes droits, que leur rémunération soit liée comme le revenu des actionnaires, aux résultats de l’exploitation, c’est à quoi je souhaite aboutir »

Traduire : les salaires ne seraient plus déterminés par le coût de la vie, ils ne seraient plus négociés de façon à couvrir les besoins et selon les qualifications des hommes et des femmes.

Ça, c’était en en 1945-1946. De Gaulle a dû jeter l’éponge. Mais le principe de la PLANIFICATION survit à son départ. Elle lui avait précédé, d’ailleurs. Le régime de Vichy avait jeté les bases d’un PLAN DE 10 ANS. A cet effet, le gouvernement Pétain-Darlan avait créé la délégation générale à l'Équipement national (DGEN) (loi du 23 février 1941) et décide du principe d'un plan (loi du 6 avril 1941). La DGEN présente en mai 1942 en un document de 600 pages un plan de 10 ans visant la reconstruction et un rattrapage industriel et technologique et une urbanisation contrôlée. C’est ce que rappelle l’encyclopédie en ligne Wikipedia. Il y est précisé :

« Au total, seule la "tranche de démarrage" sur deux ans du plan fut lancée mais elle sera reprise par le gouvernement De Gaulle à l'automne 1944. Pour sa part, la DGEN servira de base au futur commissariat au Plan, avec presque le même personnel ».

Le commissariat général au Plan vient donc directement d’un dispositif vichyste. Il sera piloté en 1946 par Jean Monnet, le « père de l’Europe » c’est-à-dire de l’Union européenne des États, des capitalistes et des banquiers. A partir des années giscardiennes, la Planif’ s’épuise. L’austérité a repris tous ses droits, les « 30 glorieuses » sans gloire marquent le pas. En 2006, le Premier ministre de Villepin décrète la fin du Commissariat général au Plan. Tant va la cruche à l’eau…

Jusque-là, nous sommes restés sérieux, au moins jusqu’à ce que les Fifis (JLM, Quatennens et Coquerel) se mettent à crier Cocorico. Ils ont en effet remporté une victoire à la Pie-Russe, en qualité de mouche du coche. Cela dit, les Fifis, qui réclamaient à cors et à cri la Planification depuis 2016 au moins, auront donc remporté cette victoire idéologique gaullienne.

Pour revenir aux Plans, ils étaient dédiés à la reconstruction du pays, en lien avec le Plan Marshall des Ricains, sans lesquels, comme dit la chanson, on s’rait toujours germains. Maintenant, nous venons de vivre des années de « destruction créatrice ». Cette destruction se veut créatrice puisqu’elle est censée créer une …Reconstruction, pardi. Reconstruction est un bien grand mot pour désigner une nouvelle saignée de Restructurations sans fin.

Quand il finira l’temps des queues de cerises

Y’aura du baume au cœur

Pour les beaux moqueurs

Seulement voilà, il ne faudrait pas que cette restructuration globale s’opère de façon anarchique. Il lui faut, comme dit Jeannot Casse-tête, un « enfléchage » et savoir comment « emmancher » tout ça. Il sait parler gras, le bougre, même en plein discours d’investiture. Le Premier ministre escompte peut-être passer ainsi pour un bon vivant…

Les grands leaders confédéraux sont donc convoqués pour participer à l’élaboration de la politique des revenus, grande idée du Général qui a avorté en son temps. En 1964, il s’en était entretenu avec le ministre Alain Peyrefitte. Cela avait donné

Alain Peyrefitte : Vous voulez que la politique des revenus soit intégrée au Plan, qui respecte les libertés individuelles, mais qui les oriente ?

Général de Gaulle : Il les oriente vers cette répartition du revenu national, ou du surplus du revenu national, entre les catégories sociales ; mais en outre, vers la distribution des revenus entre les diverses activités économiques. On peut donner plus à l’agriculture et moins l’industrie, ça dépend. Plus à la montagne, et moins à la région parisienne. Plus au logement et moins à l’Education nationale. Ou l’inverse. C’est ça, la politique des revenus. C’est ça, le dirigisme. Ce n’est pas autre chose. Et c’est ce que nous avons adopté.

N’est pas cette politique des revenus qui a été testée et éprouvée par le SEGUR DE LA SANTÉ ?

Il peut y avoir la queue de cerise sur le gâteau mais sans le gâteau, ou alors une part de gâteau qui est restée trop longtemps dans le congélo – Gel du point d’indice à l’appui. Le but étant d’en finir avec les indices, les catégories A, B, C, les « hors-classe » pour répartir une portion congrue entre les salariés. Ainsi marche le gaullisme « social ».

Pour mieux cerner ce que vaut le   gaullisme « social », nous vous invitons à consulter ou lire l’article de Romaric Godin, ancien rédac chef adjoint de La Tribune sur Mediapart, ici : https://www.mediapart.fr/journal/france/090720/comment-peut-etre-gaulliste-social                                   

Il y aurait matière à étoffer, à préciser voire à moduler car nous ne pouvons savoir de quoi demain sera fait. Nous misons plus que jamais sur la mobilisation indépendante de la jeunesse, des femmes-travailleuses, des salariés, de la population qui souffre dans la voie de la grève générale par en bas. Au moins une chose est claire pour nous autres, « marxistes-sauvages » :

Ou bien les dirigeants confédéraux des syndicats FO et CGT cessent maintenant les pourparlers avec le pouvoir

Ou alors ils prennent le risque d’être balayés avec Macron et son Gouvernement Ségur.

Les salariés et la population ne peuvent pas attendre et espérer qu’ils proclament l’unité antiMacron pour les revendications vitales. Ils comptent de plus en plus d’abord sur leurs propres forces, à ce jour.

Quant à nous, nous continuons à intervenir pour une politique ouvrière au service de la population et de ses besoins, pour la démocratie la plus complète, pour la démocratie représentative la plus directe.

A suivre, à discuter et, si le cœur vous en dit, à partager sur les réseaux – Avec ou sans masques, prenez soin de vous et belles escapades à celles et ceux qui partent en vacances

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