"En 1971, Nick Kaldor, fameux économiste de Cambridge, avait formulé la mise en garde suivante : l'instauration d’une union monétaire avant celle d’une union politique ne conduirait pas seulement à l’échec de cette union monétaire mais également à la déconstruction du projet politique européen.
"Bien plus tard, en 1999, le sociologue germano-britannique Ralf Dahrendorf devait à son tour avertir que l'union économique et monétaire diviserait l'Europe plutôt que de l'unir. Durant toutes ces années, j’ai eu l'espoir qu'ils se trompaient.
"Les pouvoirs en place à Bruxelles, Berlin et Francfort se sont aujourd’hui employés à leur donner raison".
Yanis Faroufakis, ex ministre de l'économie du gouvernement Tsipras, fragment extrait du blog de Dimitri Alexakis "Un nouveau traité de Versailles hante l'Europe" 14 juillet 2015.
"Durant toutes ces années, j'ai eu l'espoir qu'ils se trompaient".
Là est la grave erreur d'appréciation et d'analyse des nouvelles conditions de la lutte politique.
Yannis Faroufakis, et nombreux comme lui, à travers l'Europe, ont voulu ainsi se rassurer, et pourquoi pas espérer pouvoir jouer, à leur avantage, des contradictions et, pourquoi pas, des supposés supports dits démocratiques relatifs au droit européen.
On vient de voir ce que cela donne.
Une autre ère de la politique doit s'ouvrir, s'expérimenter, loin du démocratisme de la représentation étatique de la politique.
N'est plus sourd à cette nouvelle et incontournable condition que celui qui ne veut pas entendre, persistant à tenter velléitaire, et vainement, à manoeuvrer au coeur de la machinerie étatique, qui est la garantie politique, économique, militaire et idéologique, que le pouvoir reste aux mains des puissants.
Trop nombreux encore sont ceux qui croient, pour la sauvagarde de leurs intérêts immédiats (je pense aux couches moyennes intégrées au bénéfice des retombées du profit capitaliste), qu'une "politique du moindre mal" est possible ; qu'un capitalisme à "visage humain" ou de l"humain d'abord" (rouge, vert, rose) est négociable, dans les conditions de ce même système.
Ils se veulent, ces représentants de gauche ( plus ou moins tendres humanistes de la larme à l'oeil ou de la plume lyrique, à chaque défaite), dans la continuité du système, dont ils persistent à faire croire qu'il est démocratique. Qu'ils "espéreraient", certes, quelque peu arrangée et modifiée, mais aucunement, et surtout pas, transformée, en rupture.
C'est ainsi que, comme la chèvre à son piquet, ils restent foncièrement attachés à l'Etat et aux Partis qui en garantissent l'inique fonctionnement de division et de séparation dont ont à souffrir les plus exploités, sous le régime capitaliste de l'austérité pour les plus démunis.
Il n'y a d'alternative que par la création, l'expérimentation, de politiques d'émancipation soustraitent à toute soumission aux règles et procédures de la représentation politique, chère aux gouvernements de Gauche (sociaux-démocrates) et de Droite (républicains) des Etats dit du monde libre.