Mais quel lien avec la question du monde ? Tout monde pour Platon comme pour moi, ne s'éclaire que des différences qui s'y construisent, et singulièrement de la différence, premièrement entre une vérité et une opinion, et deuxièmement entre deux vérités dont le type n'est pas le même (amour et politique, par exemple, ou art et science).
Dès lors qu'est postulée l'équivalence de toutes choses, on a des surfaces, des supports, des apparences illimitées, mais aucun monde ne peut apparaître. C'est bien la pensée de Platon quand il déclare que la démocratie est une forme de gouvernement "agréable, anarchique et bizarre, qui dispense une sorte d'égalité aussi bien à ce qui est inégal qu'à ce qui est égal"
L'agrément est celui que la jeunesse y trouve, qui est celle des désirs satisfaits, ou qui en droit peuvent l'être. L'égalité instituée entre l'inégal et l'égal n'est autre, pour nous, que le principe monétaire, l'équivalent général qui barre tout accès à des différences réelles, à l'hétérogène comme tel, dont le paradigme est l'écart entre une procédure de vérité et la liberté des opinions.
C'est cette égalité abstraite, asservie à la quantité numérique, qui interdit la consistance d'un monde et impose le règne de ce que Platon nomme "anarchie". Cette anarchie n'est autre que la valeur attribuée mécaniquement à ce qui est sans valeur.
Un monde de la substituabilité universelle est un monde sans logique propre, et qui par conséquent n'est pas un monde, seulement un régime "anarchique" de l'apparaître.
Ce qui définit l'homme démocratique, éduqué par cette anarchie, c'est qu'il en subjective le principe, celui de la substituabilité de toute chose.
à suivre