La figure du musulman n'est pas devenue par hasard l'altérité adverse fondamentale de l'Europe, synthétisant dans sa seule image tentaculaire l'ancienne peur de l'explosion démographique des non-Blancs.
On peut résumer, de façon caricaturale mais signifiante, en quatre grandes étapes la mutation du regard européen sur l'islam : le regard fasciné, surtout carastéristique du XIXe siècle, le regard méprisant caractéristique du XXe siècle, puis le regard effrayé à partir des années 80 et enfin, aujourd'hui, le regard paranoïaque.
Dans les trois premières situations, le musulman était un objet de fascination, de mépris et d'effroi parmi d'autres, à côté de l'Arabe, du Noir, de l'Asiatique, de l'étranger, de l'immigré.
Au XXIe siècle, le musulman devient - c'est du moins ce que nous voulons faire observer - la figure centrale de l'altérité indésirable, inassimilable, et par surcroît douée du désir d'anéantir l'Europe.
Ces quelques lignes pour inviter tout un chacun à lire un livre qui lui permettra de comprendre pourquoi l'Europe et la France en particulier ont tant besoin de "l'ennemi mulsulman".
Le mythe de l'islamisation, essai sur une obsession collective, Raphaël Liogier, Seuil, octobre 2012.
- Raphaël Liogier est professeur à l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence, où il dirige l'Observatoire du religieux.