Alain Chauvet (avatar)

Alain Chauvet

Peintre, www.alain-chauvet.com

Abonné·e de Mediapart

77 Billets

0 Édition

Billet de blog 23 avril 2013

Alain Chauvet (avatar)

Alain Chauvet

Peintre, www.alain-chauvet.com

Abonné·e de Mediapart

7- Destitution de l'emblème démocratique, ou le vieux rockeur increvable

Alain Chauvet (avatar)

Alain Chauvet

Peintre, www.alain-chauvet.com

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce qui définit l'homme démocratique, éduqué par cette anarchie, c'est qu'il en subjective le principe, celui de la substitualité de toute chose.

On a alors une circulation ouverte des désirs, des objets auxquels ces désirs s'attachent, et des courtes jouissances qu'on tire de ces objets. C'est dans cette circulation que se constitue le sujet.

On a vu que, parvenu à un certain âge, il accepte, au nom du primat de la circulation (de la modernisation), une certaine indétermination des objets. Il ne voit plus que le symbole de la circulation, l'argent comme tel.

Mais la passion originaire seule, celle qui s'attache à l'infini potentiel des jouissances, peut animer la circulation. De là que, si la sagesse de la circulation réside chez les vieux - qui ont compris que l'essence de tout est la nullité monétaire -, son existence animée, sa perpétuation incessante, requiert que la jeunesse soit un acteur privilégié.

L'homme démocratique greffe un vieillard avare sur un adolescent avide. L'adolescent fait tourner la machine et le vieillard encaisse les bénéfices. Platon voit parfaitement que, au bout du compte, le faux monde démocratique est contraint d'idolâtrer la jeunesse, tout en se méfiant de ses emballements.

Quelque chose dans le démocratique est essentiellement juvénile, quelque chose relève d'une puérilisation universelle.

Comme Platon l'écrit, dans un tel faux-monde, "les vieillards s'abaissent aux façons des jeunes gens de peur de passer pour ennuyeux et despotiques". Pour toucher les dividendes de son scepticisme cynique, le vieux démocrate doit lui aussi se déguiser en un jeune battant, il doit exiger chaque jour plus de "modernité", de "changement", de "vitesse", de "fluidité"..

Son paradigme est le vieux rockeur increvable et milliardaire qui continue, si flapi et ridé qu'il puisse être, à brailler dans son micro en contorsionnant sa vieille carcasse.

Que devient la vie collective, quand son emblème est la jeunesse éternelle ? Quand le sens de l'âge a disparu ?

à suivre 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.