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Billet de blog 23 août 2015

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La maxime néolibérale de la liberté

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans le prolongement d'une discussion tenue sur le fil de discussion du blog de Pascal Maillard, j'aimerai faire entendre quelques éléments de réflexion, relatifs à notre époque, dont les travaux de Byung-Chul Han sont porteurs.

L'auteur enseigne la philosophie à Berlin.

Ce que j'ai choisi, a trait à ce qui dans notre temps fait que " Le désir de l'autre cède la place au confort du même." 

Ce chapitre fait partie du livre : LE DESIR, ou l'enfer de l'identique. La lecture complète du chapitre demande que je le livre en plusieurs parties. Commençons.

Première partie

La société de performance est entièrement dominée par le verbe modal pouvoir, contrairement à la société disciplinaire qui énonce des interdictions et a recours au devoir. A partir d'un certain degré de productivité, le devoir se heurte rapidement à ses limites.

Pour augmenter le rendement, il est remplacé par le pouvoir. L'appel à la motivation, à l'initiative et au projet est plus efficace, pour l'exploitation, que le fouet et les ordres.

Entrepreneur de soi-même, le sujet de la performance est certes libre dans la mesure où il n'est soumis à aucun autre qui le dirige et l'exploite, mais il reste asservi car il s'exploite lui-même, et le fait, qui plus est, de son propre chef. L'exploitant est l'exploité. On est criminel et victime à la fois.

L'auto-exploitation est beaucoup plus efficace que l'exploitation par un tiers, parce qu'elle va de pair avec le sentiment de la liberté. L'exploitation devient ainsi possible sans même avoir recours à la domination.

Foucault indique certes que l'homo oeconomicus n'habite pas la société disciplinaire, qu'en tant qu'entrepreneur de soi-même il n'est plus sujet de l'obéissance (Naissance de la biopolitique, Cours au Collège de France, 1978-1979), mais il ne voit pas que cet entrepreneur de lui-même n'est en réalité pas libre, qu'il s'imagine seulement en liberté alors qu'il s'exploite lui-même.

Foucault a, vis-à-vis du néolibéralisme, un comportement affirmatif. Il accepte sans critique l'idée que le régime néolibéral, en tant que "système de la raison du moindre Etat" et "gestionnaire de la liberté", permet la liberté civique.

La structure de violence et de contrainte du discours néolibéral sur la liberté lui échappe totalement. Il l'interprète ainsi comme une liberté d'avoir la liberté : "Je vais produire de quoi te permettre d'être libre. Je vais faire en sorte que tu sois libre d'être libre."

La maxime néolibérale de la liberté s'exprime, dans la réalité, sous la forme d'un impératif paradoxal : Sois libre ! Elle plonge le sujet de la performance dans la dépression et l'épuisement.

L'"éthique du soi" de Foucault s'oppose certes au pouvoir politique répressif, et même à l'exploitation par un tiers, mais elle est aveugle à l'égard de cette violence de la liberté qui fonde l'exploitation par soi-même.

Tu peux engendre une quantité massive de contraintes sur lesquelles le sujet de la performance se fracasse régulièrement.

à suivre

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