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Billet de blog 26 mai 2015

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De quelques phrases lues qui me donnent à penser

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Sur le blog du 23 mai 2015, d'Eric Fassin, "Manifeste pour un antiracisme politique", je lis :

" Ce qui menace la démocratie, c'est ce qui défait la société française... c'est le racisme ... l'islamophobie... une racialisation ... le fantasme d'une France blanche..." 

Sur ce même blog, dans le fil de la discussion, PATLOTCH écrit : "on ne choisit pas les conditions dans lesquelles on peut agir sur l'histoire." 

Je commencerai mon intervention par la deuxième phrase, et terminerai en revenant sur la première, qui fait le coeur du Manifeste. 

PATLOTCH, vous écrivez : "on ne choisit pas les conditions dans lesquelles on peut agir sur l'histoire".

Voilà une formule qui demande à être éclairée. Je dirai, pour ma part, qu'on ne choisit pas la situation dans laquelle on se trouve pris ou inscrit. On intervient  toujours dans une situation déjà là, celle qu'ordonne le pouvoir de l'Etat, qui y impose ce qui, par lui, y est dit possible et impossible. 

Dans cette situation, qu'ordonne l'Etat, il revient possiblement à chacun de décider, en conscience et conséquence, s'il se contente de se conformer aux règles de ce partage ou s'il les conteste, se disposant alors à penser, par lui-même et avec d'autres, les conditions politiques par lesquelles sortir de l'état d'une situation en en réorientant différemment le cours. 

C'est ainsi que je prône, pour la longue période qui s'ouvre, l'expérimentation d'autres façon d'envisager la politique.

En premier lieu, et fondamentalement, en dégageant ses actes de pensée et de décision de tout ce qui la maintient dans l'espace de l'Etat, des partis et de la représentation parlementaire. 

Pour faire image, je dirai que, de la même façon qu'il y a eu séparation de l'Etat et de l'Eglise, il nous faut penser aujourd'hui la séparation de la politique d'avec l'Etat.

L'Etat étant cette instance de pouvoir qui, pour asseoir sa domination (la domination de ce qui fait loi au service des puissances oligarchiques mondialisées), oeuvre quotidiennement, par divers procédés, à la dépolitisation des gens, à leur division, faisant de chacun un être séparé, désemparé, face à sa puissance d'assujettissement. 

La dépolitisation consiste pour l'Etat à empêcher, par tous les moyens à sa disposition, et ils sont considérables, toute capacité des gens à se rassembler, à s'organiser et à agir par eux-mêmes, en vue d'une vie voulue pour tous et qui vaille pour chacun. 

Ce qui m'apparaît être le seul et véritable enjeu et défi de ce qui mérite le nom de politique.

Pour en revenir au texte du blog, sa faiblesse consiste, non pas bien sûr dans son appel à lutter contre le racisme (tous les types de racisme), mais de sembler faire du racisme (réduit à la question du "blanc" occidental), la question centrale de la politique.

Manquant la critique et le type réel de combat à mener, doublement et simultanément, contre ce qui est au fondement du système capitaliste mondialisé et contre la forme étatique de son assise et de sa domination.

Aujourd'hui, l'islamophobie consiste, du côté de l'Etat, à définir un ennemi, l'islam, comme axe du mal à éradiquer.

L'appel étatique à la guerre contre ce supposé fléau sert à masquer le réel fléau planétaire - cause, de par ses logiques d'accaparement des richesses par une infime minorité d'oligarques, des souffrances majeures de notre temps - dont le nom, connu de tous est capitalisme.

Ce capitalisme, comme l'argent, qui est sa source et sa fin, n'a pas d'odeur, pas plus que de couleur. La race n'est pas proprement son problème, bien qu'il fasse feu de tous bois, notamment des différences culturelles, pour asseoir et perpétuer son emprise.

Pour terminer, examinons ce propos, pris au texte du blog : "Ce qui menace la démocratie, c'est ce qui défait la société française".

Parler ainsi, suppose que nous serions en démocratie. C'est croire et reprendre ce que dit et répète l'Etat à longueur de temps. C'est avoir une mince idée de ce qu'est une véritable démocratie, et non son semblant.

D'autre part, parler de "société française", c'est croire à quelque chose qui au vrai n'existe pas.

N'existe que l'Etat. Face à lui, à son organisation, à son ordre et à ses prérogatives, n'existe rien qu'on puisse nommer une "société".

Le terme de "société", défini comme un ensemble, une réalité distincte de l'Etat, qui lui ferait face, n'a aucune existence, autre qu'imaginaire.

L'Etat est un pouvoir séparé. Il n'a aucun vis à vis avec lequel il entretiendrait une quelconque interlocution.   

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