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Billet de blog 27 avril 2015

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Pour être heureux, faut-il changer le monde ? 3

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

A quelle échelle peut-on commencer à parler de monde ?

Alain Badiou propose de distinguer Cinq niveaux de généralité, ou d'existence, afin de comprendre ce que c'est qu'un monde :

1- le monde des individus (avec leur corps et leur esprit), qui est celui de la psychologie (monde intérieur de représentations, de passions, d'opinions, de souvenirs)

2- le monde des groupes fermés, qui est celui de la sociologie (ces mondes sont dépendants d'une identité fixe), mondes collectifs (celui de ma famille, de ma profession, de ma langue, de ma religion, de ma culture ou de ma nation)

3- le monde du processus ouvert qu'est l'existence de l'humanité, ou Histoire (on peut considérer l'histoire globale de l'humanité comme un monde) 

4- notre monde naturel, celui de la biologie et de l'écologie (notre contexte naturel, notre inclusion dans la nature, que nous partageons avec les pierres, les plantes, les animaux, les océans, etc)

5- l'univers, le monde de la physique et de la cosmologie (les étoiles, les galaxies, les trous noirs...)

Je redonne ici la parole à Alain  Badiou, à son texte, qui revient sur chacun des cinq niveaux.

" Il est clair que notre potentialité ou notre capacité de changer un monde est absolument dépendante du niveau de définition de ce monde.

Niveau 1  "Si je suis marié et que je tombe amoureux d'une autre femme, cela peut éventuellement définir un changement très important des deux premiers niveaux : mon monde individuel - passions, représentations, etc. - et mon monde familial fermé. Et sans aucun doute cela influe grandement sur ma représentation du bonheur personnel.

Niveau 2  "Au deuxième niveau, il y a de nombreux types de changements : la révolution, les réformes, les guerres civiles, la création de nouveaux Etats, la disparition d'une langue, le colonialisme, ou encore ce que Nietzsche appelle "la mort de Dieu". A chacun de ces changements correspondent à l'évidence de nouvelles dialectiques du bonheur et du malheur.

Niveau 3  Au troisième niveau, celui de l'Histoire, il y a les notions contrastantes de progrès, d'internationalisme ou de communisme d'une part, et de l'autre le capitalisme en tant que fin de l'Histoire, la démocratie en tant qu'objectif universel, et, derrière tous ces noms prestigieux, l'impérialisme objectif et le nihilisme subjectif. Ce sont là, je l'ai dit, des cadres possibles pour une philosophie du bonheur, soit stoïcienne et résignée, soit révolutionnaire et militante.

Niveau 4  Au quatrième niveau, nous avons le débat actuel complexe portant sur les problèmes écologiques, les changements climatiques et le futur de notre planète. Il y a là une ressource pour une conception millénariste du bonheur de l'espèce humaine.

Niveau 5  Au cinquième niveau, nous ne pouvons pas faire grand-chose. Nous ne sommes qu'une toute petite partie, un fragment insignifiant de l'univres global. Mais nous cherchons des signes de vie au-delà de notre misérable planète, et peut-être avons-nous l'espoir de rencontrer un jour des formes totalement inédites de béatitude.

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