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Billet de blog 27 août 2015

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La ruse du régime néolibéral

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J'ai commencé, sous l'intitulé "La maxime néolibérale de la liberté", à donner lecture d'un fragment philosophique de BYUNG-CHUL HAN, LE DESIR ou l'enfer de l'identique

Sous ce titre général, l'ouvrage traite de la question qui voit l'amour vrai succomber sous les coups de l'individualisme contemporain : la dimension intéressée qui organise aujourd'hui le comportement des individus. 

Voyons le deuxième épisode. Il suit la partie où l' "éthique de soi" de Foucault est sévèrement critiquée, "aveugle à l'égard de cette violence de la liberté (néolibérale) qui fonde l'exploitation par soi-même."

Tu peux engendre une quantité massive de contraintes sur lesquelles le sujet de la performance se fracasse régulièrement. Parce qu'elle lui fait l'effet d'une liberté, la contrainte auto-générée n'est pas reconnu en tant que telle.

Tu peux engendre même plus de contraintes que tu dois. La contrainte que l'on s'impose à soi-même est plus fatale que la contrainte imposée par autrui, parce qu'aucune résistance n'est possible contre soi-même.

Le régime néolibéral dissimule sa structure de contrainte derrière l'apparente liberté de l'individu isolé qui ne se conçoit plus comme un sujet soumis (subject to), mais comme un projet concevant.

C'est là toute sa ruse. Celui qui échoue en est de surcroît responsable et transporte désormais cette culpabilité avec lui. Il n'existe pas d'autre responsable que lui-même.

Il n'existe plus non plus de possibilité d'effacer ses dettes et d'arrêter son exploitation. De là non seulement la crise des dettes, mais aussi celle de la gratification.

Aussi bien l'annulation de la dette (le terme allemand Schuld désigne aussi bien la faute que la dette. On gardera donc ici à l'esprit le fait que cette annulation de la dette est aussi une expiation de la faute. N.d.T.) que la gratification suppose l'instance de l'autre.

Le manque de lien avec les autres est la condition transcendantale de la crise de la gratification et de la dette.

Ces crises montrent clairement que le capitalisme, contrairement à une hypothèse largement répandue (voir par exemple Walter Benjamin), n'est pas une religion : chaque religion opère avec la dette et son annulation. Le capitalisme ne fait que créer la dette. Il ne dispose d'aucune possibilité d'expiation qui libérerait l'endetté de sa dette.

L'impossibilité de l'annulation de la dette et de l'expiation est aussi responsable de la dépression du sujet de la performance. La dépression constitue, en même temps que le burn out, un échec irrémédiable en matière de rapacité, c'est-à-dire une insolvabilité psychique - l'insolvabilité signifiant littéralement l'incapacité de solder la dette (solvere).

à suivre...

La troisième partie traitera de l'Eros comme étant précisément un rapport à l'autre situé au-delà de la prestation et de la capacité.

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