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Billet de blog 28 juin 2015

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LA QUESTION POLITIQUE IMMEDIATE ?

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Retour sur un billet de l'édition MILLE COMMUNISMES, signé Yvan Najiels: "Une grosse manif pour un politique brumeuse ?" 

Le propos principal du billet d’Yvan Najiels, plus que problématique à mes yeux, est d’affirmer, sans plus de commentaire, que

« La question politique immédiate n’est pas de savoir si l’on va ou non en finir avec le capitalisme et si le socialisme doit être repensé. La question qui ... doit être traitée par l’Etat et la Mairie de Paris est celle du respect du droit des gens et de la loi qui existe depuis environ 70 ans et qui protège les mineurs sans logis mais également des réfugiés »…

Pour rappel, Yvan Najiels parle ici à partir de deux manifestations auxquelles il a participé, de "soutien aux migrants", qui ont eu lieu à Paris les 8 et 16 juin.

Ce qui est en tout premier lieu remarquable, dans cette façon de présenter les choses, sur un site qui se présente comme EDITION : MILLE COMMUNISMES, c’est qu’aucune allusion n’est faite au communisme. A croire qu’il est inactuel ?

Pour revenir à la « question immédiate de la politique » - celle « du respect du droit des gens et de la loi » que devrait traiter l’Etat - l’analyse pêche gravement du fait qu’elle ne prend absolument pas en considération que l’Etat n’est plus, depuis plus de trente ans, dans une quelconque interlocution. C’est un Etat séparé de toute interlocution.  

L’Etat n’est plus « l’Etat providence » des fameuses trente glorieuses d’après-guerre. Plus l’Etat de la régulation sociale et économique, mais un Etat de la séparation et de la division, de la discrimination et de la stigmatisation. Un Etat de plus en plus autoritaire, sourd à toute revendication populaire, dont la politique s’oriente des seuls intérêts du capitalisme à l’ère de sa mondialisation.

Dans ces conditions, s’en tenir à appeler l’Etat, et ses organisations périphériques, au respect de la loi, c’est plus qu’une illusion. C’est continuer de croire, et laisser accroire, qu’il serait en mesure, à la suite de manifestations aussi rituelles que le culte de la messe, d’accéder à ce type de requête, alors que, comme souligné plus haut, dans tous les domaines qui touchent à la protection des plus démunis, loin de respecter les lois, il les détricote et il les bafoue.

Le comble, ce serait alors de dire, pour justifier à tout prix ce type de revendication totalement adossée à l’Etat, que bien que sachant qu’elle n’a aucune chance d’aboutir, son intérêt est qu’elle aurait pour objectif d’ouvrir les yeux du plus grand nombre sur les carences de l’Etat, et la duplicité de ceux qui, du dehors et du dedans, y gravite.

A l’heure où nous sommes, ça ne tient pas une seconde.

Alors, comment comprendre cette position, si ce n’est qu’elle reste entièrement prise dans une conception de la politique ordonnée et bornée à l’existence de l’Etat comme lieu de la politique.

Si l’Etat est bien un lieu de la politique. Ce lieu n’est aucunement habitable par ceux qui en souffrent. C’est le lieu du pouvoir au service du seul maintien et renforcement de la domination des logiques de domination du capitalisme mondialisé.

Dans ces conditions, il est essentiel d’arracher la pratique politique à la fascination du pouvoir.

Aujourd’hui, sans attendre quelque conjoncture qui en favoriserait l’actualité, l’idée communiste dans son réel consiste en expériences politiques locales, totalement étrangères au mécanisme existant du pouvoir d’Etat .

Des expériences directement liées à ceux qui apparaissent en trop et ne comptent pour rien, les "sans-parts" de Jacques Rancière, les "ouvriers du monde" des foyers Adoma, les "mange-pas-cher" de Thomas Bernhard...  

Ces expériences politiques, comme réel du communisme, état de fait, ont pour but unique de construire des lieux politiques, de nouveaux lieux, sans comparaison avec ce qui perdure, en termes d’organisation et d’action, du côté des partis, des syndicats et des associations, tous ordonnés d'une façon ou d'une autre à la politique de l'Etat.

Des lieux politiques nouveaux où s’exercent des formes plus ou moins développées de pouvoir populaire ou, au minimum, d’autonomie de pensée, d’organisation ou d’action.

Ce n’est pas demain qu’il faut commencer à penser et à agir en ce sens, mais dès maintenant, sans attendre.

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