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Billet de blog 27 juillet 2022

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Du cynisme en politique

Au moment où le département de la Gironde était ravagé par des mégafeux, liées à la sécheresse et aux épisodes de canicule, l’Assemblée nationale adoptait en première lecture le projet de loi sur le pouvoir d’achat, entérinant plusieurs cadeaux à l’industrie fossile. Comble du cynisme, incompétence, déni de la réalité ou manque de courage politique face à la profondeur et à la gravité de la menace climatique ?

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Au moment où le département de la Gironde était ravagé par des mégafeux, liées à la sécheresse et aux épisodes de canicule, l’Assemblée nationale adoptait en première lecture le projet de loi sur le pouvoir d’achat, entérinant plusieurs cadeaux à l’industrie fossile. Au nom de notre souveraineté énergétique et de la crainte de ne pouvoir répondre aux besoins de nos concitoyens, cet hiver, le gouvernement, aidé par une majorité d’élu·es de droite et d’extrême droite, a choisi de faciliter l’installation d’un terminal méthanier pour importer du gaz de schiste étasunien, dont chacun sait les dégâts environnementaux (pollution des eaux, émission de méthane, séismes locaux) que son exploitation occasionne. Et pour couronner le tout, la même majorité de circonstance a voté, sans barguigner, la relance d’une centrale à charbon. 

Comble du cynisme, incompétence, déni de la réalité ou manque de courage politique face à la profondeur et à la gravité de la menace climatique ? Et pourtant l’accélération des effondrements en cours devrait dessiller les yeux de tout responsable politique digne de ce nom. Des pics de température historiques sur l’ensemble du territoire national, une sécheresse occasionnant des mesures de restriction de l’usage de l’eau, une productivité agricole impactée par la situation, des écosystèmes fragilisés par les incendies…

Que faudra-t-il de plus pour que nous arrêtions de nous payer de mots ? Certes, une partie de nos concitoyens subissent la hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires et n’ont plus les moyens de se déplacer ou même de se nourrir ; certes, selon l’expression consacrée, le coût de la vie augmente et notre pouvoir d’achat diminue.

Mais soyons clairs : ce n’est pas en augmentant le dit « pouvoir d’achat » ou en continuant à entretenir la fiction d’un consumérisme sans limite que nous serons capables de limiter les conséquences du réchauffement climatique. Ce n’est pas en réouvrant une centrale à charbon ou en signant un accord sur le diésel avec le président des Émirats arabes unis que nous ralentirons les effondrements en cours. 

La bifurcation que les écologistes appellent de leurs voeux suppose une autre philosophie de l’existence que celle que nous impose le capitalisme et sa marchandisation de chaque parcelle de nos besoins. Ce n’est pas en favorisant le ski in-door, l’obsolescence de nos objets, le tourisme de masse, la coupe du monde de football dans des stades climatisés, le développement du transport aérien, les piscines privées ou les fraises d’Argentine, que nous nous hissons à la hauteur du « temps de la fin », que Gunther Anders définissait comme l’époque où nous pouvons chaque jour provoquer la fin du monde.

Bifurquer urgemment, cela signifie se donner d’autres valeurs, d’autres signifiants maitres comme la sobriété ou la simplicité, le don, la lenteur ou le soin. Plutôt que la violence et la prédation, la convivialité et le sens de la mesure.

Alain Coulombel (Porte-parole d’EELV)

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