On a pu lire récemment dans Libération : « La lutte pour le climat est contraire aux libertés individuelles ». La démocratie serait donc menacée par le sauvetage de la planète ! C’est sûr que l’on aura du mal à sortir de l’impasse où nous sommes si l’on pose les problèmes à l’envers.
C’est quoi notre problème ? La surconsommation. La boulimie des pays riches. Vingt pour cent de la population mondiale qui s’octroient 80 % des ressources planétaires et dont les modes de vie font figure de modèle au reste du monde. Pas durable à plus d’un titre !
C’est bien notre niveau de consommation très excessif qui dévaste les écosystèmes et accablent les populations du Sud qui n’ont pas suivi la prétendue voie du « progrès ». Or, loin d’être naturelle, cette boulimie résulte pour une très large part d’un puissant formatage de l’opinion qui impose toujours des nouveaux besoins souvent inutiles. 450 milliards d’€ y sont consacrés mondialement, avec des méthodes de persuasion relevant souvent de la manipulation mentale. L’addiction joue à plein.
Peut-on qualifier de démocratique un régime politique fondé sur un système économique dont les grands bénéficiaires possèdent où financent les grands médias populaires ? En situation de quasi monopole, ils ont une mainmise de fait sur notre liberté de choix qu’ils orientent à leur gré.
Réalité gravissime qui semble avoir échappé à l’auteur de l’article : ce déni de démocratie ordinaire et banalisé assure la suprématie d’un système économique qui met en péril ce qui permet la vie sur notre planète. Inédit !
Guérir de cette addiction, se libérer de cette emprise maléfique doit être au centre des préoccupations et pour cela, il faut amener le sujet au centre des débats. Le changement climatique, l’effondrement de la biodiversité, les multiples pollutions, la destruction des écosystèmes, les famines, les migrations… ne sont pas problèmes en eux-mêmes en ce qu’ils n’ont pas isolément de solution. Celles-ci résident dans une profonde remise en question des modes de vie occidentaux dont ils sont les conséquences.
Oui, ce retour à des choix conformes aux capacités de régénération de la planète et à nos aspirations profondes sera pacifiant et libérateur. La possibilité retrouvée de consommer selon nos seuls vrais besoins dont on sait qu’ils sont globalement modestes sera fondateur d’une vraie démocratie et permettra progressivement un retour à la normale écologique et humanitaire. Vaste chantier certes mais certainement plus crédible et soutenable, voire attendu, qu’il n’y paraît. Avons-nous d’autres choix ?