alain duez (avatar)

alain duez

Fondateur du journal l'âge de faire. Editeur de presse alternative pour tous

Abonné·e de Mediapart

34 Billets

0 Édition

Billet de blog 26 janvier 2023

alain duez (avatar)

alain duez

Fondateur du journal l'âge de faire. Editeur de presse alternative pour tous

Abonné·e de Mediapart

Les mots pèsent sur les maux

Conscients, inconscients ? Toujours est-il que beaucoup des personnalités et journalistes appelé.es à s’exprimer publiquement sur la responsabilité des travers qui affectent notre société pointent la plupart du temps l’ensemble des populations, « les gens », indistinctement.

alain duez (avatar)

alain duez

Fondateur du journal l'âge de faire. Editeur de presse alternative pour tous

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un exemple dans la bouche de Flore Vasseur* dont on ne peut pas mettre en doute l’empathie populaire, je cite : « Nous subissons aujourd’hui cette ultra-prétention, cette vanité de l’Homme (envers la nature). ». Heureusement plus loin elle corrige : « Pour perdurer, le système a besoin de nous séparer les uns des autres ». On est bien d’accord.

Cette confusion couramment pratiquée entre ceux qui assignent et ceux qui subissent entretient chez les seconds le fatalisme voire une culpabilité contre- productive en termes de motivation au changement. Pour améliorer, que ce soit une technique ou des modes de vie, il faut d’abord bien en comprendre le fonctionnement et les défauts. Et en haut, les premiers de cordée sont dédouanés. 

Pour justifier cette mise à plat abusive des valeurs, il n’est pas rare d’entendre l’argument « Chacun dispose d’un même libre arbitre ». Ce qui signifierait que tous sont sur un pied d’égalité en termes de responsabilité, par exemple, face à la catastrophe climatique. Selon cette vision élitiste, chacun aurait la possibilité de refuser le système et ses injonctions à surconsommer, très au-delà de ses besoins. Vrai en théorie, cela peut néanmoins être assimilé à la double peine : confiscation déguisée de la liberté de choix par la manipulation mentale à laquelle il est très difficile à beaucoup d’échapper. Et en prime, subir les conséquences catastrophiques engendrées par les enjeux de ce conditionnement. Tous responsables au même degré. Comme c’est commode !

L’exemple des peuples premiers où l’autolimitation par respect de ce que la nature offre atteste bien que la boulimie consumériste est une anomalie.

On a compris que cette vision perverse a pour conséquence, d’une part la légitimation du système puisqu’il est accepté, mais surtout qu’elle empêche les victimes de prendre conscience qu’elles ont été flouées. Alors que le sentiment d’être trompé sur des choses graves engendre de la saine et salutaire colère. Et c’est bien cela qui  fait défaut pour refuser l’intolérable !

Cette analyse nous intéresse particulièrement ici, à l’heure où il faut impérativement amener les masses à comprendre qu’il n’y a pas d’autres issues à notre drame collectif que de rompre avec le capitalisme et ses exigences mortifères. Et bien connaître les mécanismes qui nous gouvernent au travers des mots justes est essentiel à l’imagination d’un autre futur.

* https://urlz.fr/ktIB

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.