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Billet de blog 22 août 2025

Alain-Joseph Cattet

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DES LE 1er SEPTEMBRE, FAISONS TOUTES ET TOUS LA GRÈVE GÉNÉRALE DES LOYERS !

Le texte qui suit est un APPEL A LA MOBILISATION, à relayer en masse. C'est aussi un manifeste pour en finir avec les spéculateurs et un guide d’action pour ceux qui veulent y prendre part.

Alain-Joseph Cattet

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

   Que proposent les organisateurs du 10 septembre ? De se prendre le chou sur Télégram ? De distribuer des tracts payés avec le peu d'argent qu'ils encore si (véridique) ? D'aller discuter dans la rue (véridique aussi) ? De ne pas se présenter au travail (donc une journée de salaire en moins) ? De ne pas consommer ce jour là ? De payer en liquide et pas en CB ?

   Au secours, les Bisounours attaquent ! Le capital commence à être en panique celtique. Macron et Bayrou qui ont pour eux l'armée, la police, les institutions et les médias mainstream doivent trembler ! 🙂 Ou alors on défile ? Bastille Nation ? Nation République ? Préfecture - Salle polyvalente ? On allume des barbecues sur les ronds points ? La police, elle, prépare les gaz lacrymo et les LBD, les gars sont à la salle, ils font du gainage et feront du nassage. Les flics en civils casseront des vitrine, des gens perdront un oeil et les mass merdias n'auront plus qu'à passer le balai. 

   J'ai PLUS SIMPLE, BEAUCOUP PLUS SIMPLE mais bigrement EFFICACE : dès début septembre vous ne payez pas votre loyer, et le 10, vous écrivez à votre proprio ou agence "je participe à la grève nationale et illimitée des loyers, et ce jusqu'à nouvel ordre". Et vous renouvelez l'opération jusqu'à ce que le système s'écroule, lentement mais sûrement.

   Ne tremblez pas, si vous songez à cette grève des loyers qu'un huissier va venir frapper à votre porte en octobre, mettre vos meubles et tous vos effets personnels sur le trottoir , vous laissant seul.e.s et désemparé.e.s Comme dirait Gégé Darmanin "Calmez vous, ça va bien s'passer". Ca pourrait ressembler non pas un cauchemââââââr, mais à une société juste, comme l'ont expérimentés les Catalans en 1936

   Si un jour j'avais cru citer celui qui troque des faveurs sexuelles contre un logement... La vie est marrante quand même.

   Trêve de plaisanterie. Soyons francs, la grève des loyers fait peur. On imagine immédiatement devoir sortir de chez soi sous escorte de la police, et dormir à la rue.

   Pourtant, ce n'est ni un gros mot, ni une lubie d'illuminé, ni un truc pour jouer à se faire peur. D'ailleurs si une personne seule s'avise de ne plus payer son louer il faut parfois jusqu'à trois ans pour la faire sortir, ce qui laisse le temps de rebondir, alors songez si ce n'est pas une mais mille, cent mille, un million de personnes qui décident, à partir de septembre, de ne plus payer le moindre loyer !

   La grève des loyers est un moyen d'action anarchiste qui a fait ses preuves à petite échelle et qui mérite de faire ses premiers pas "en grand" dans la France de 2025. C'est à dire A GRANDE ECHELLE.

Illustration 1

   Historiquement, la grève des loyers a déjà fait trembler les propriétaires : aux États-Unis, dans les années 1930, des milliers de locataires new-yorkais, ruinés par la Grande Dépression, ont refusé en masse de payer leurs loyers, forçant les propriétaires à négocier sous peine de voir leurs immeubles vides et leurs revenus s’évaporer.

   À Barcelone, après la crise de 2008, des collectifs comme la PAH (Plateforme des victimes des hypothèques) ont organisé des grèves de loyers et des occupations pour loger les expulsés, pendant que l’État espagnol fermait les yeux - quand il ne réprimait pas.

   En Allemagne, dans les années 1970, les locataires de Berlin-Ouest se sont mobilisés contre la spéculation, obtenant des gel de loyers… avant que les propriétaires ne reprennent la main une fois la pression retombée.

   Elle a aussi été pratiquée en Islande en 2008 mais tiens, Ophélie Meunier et Bernard de la Vitrarière n'en ont pas fait un doc sur M6. Ils préfèrent parler pour l'une des zoos, des campings et parcs d'attraction, et pour l'autre des musulmans, des mahométans, et de l'entrisme frériste.

   Partout, la même limite : on arrache des miettes à un gâteau dont le cœur est un peu moisi, alors qu'il faudrait renverse la table ; congédier le cuistot et revoir la recette. Partout, la même trahison : on négocie un répit, on ne supprime pas la rente.

   Jamais je crois on n’a osé ce que je propose : une grève nationale, massive, sans compromis, pour en finir avec le cumul des logements et la propriété spéculative.

   Les réformistes diront que c’est impossible. Les révolutionnaires savent que c’est nécessaire.

   Jusqu'à aujourd'hui, la grève des loyers a servi à négocier un délai, pas à supprimer la rente. On mendiait un toit, on ne l’exigeait pas.

   Cette fois, nous ne demanderons pas. Nous prendrons.

   Pas à l'échelle d'un immeuble vétuste, d'un quartier pauvre, ou d'une ville, mais pour tout un pays. Pas pour une réduction de loyer, mais pour l’abolition de la propriété spéculative dans un pays entier, la France. Celui de la Révolution de 1788, pays qui n'a pas osé abolir la propriété privée à ce moment là, moment où c'était possible, discuté et abandonné.

Un logement par personne. Point.

   Précision utile : cette grève ne concerne que ceux qui enrichissent un propriétaire privé. Si vous êtes locataire d’un HLM, votre loyer ne finance pas la rente d’un spéculateur, mais un service public (même défaillant). Si vous avez acheté votre logement, vous n’êtes pas concerné sauf si vous possédez d’autres biens que vous louez, et dans ce cas, vous faites partie du problème.

   Cette grève vise un seul ennemi : la propriété privée spéculative. Celui qui possède dix appartements vides tout en touchant des APL pour son propre logement. Celui qui hérite d’un parc immobilier et vit de vos loyers sans jamais travailler. Celui qui transforme un droit fondamental -se loger- en machine à cash.

   Les autres ? Les propriétaires de leur propre toit et uniquement de celui-ci, les accédants, les locataires sociaux ? Ils ne sont pas nos cibles, mais nos alliés. Car quand les loyers s’envolent, quand les expulsions se multiplient, quand les résidences secondaires pullulent dans des villes où des familles dorment à la rue, personne n'est à l'abri. Demain, c’est votre enfant qui ne trouvera pas de logement, votre parent qui sera expulsé, votre voisin qui dormira dans sa voiture.

   La grève des loyers, c’est l’affrontement final entre ceux qui possèdent pour posséder… et ceux qui veulent simplement vivre.

1-La vie contre le capital

   Je pourrais vous raconter ma vie, mais elle n'a aucun intérêt pour comprendre ce que je propose. Je vais donc vous livre le fruit de plusieurs années de réflexions. Et ça tient en peu de mots.

   Je suis vivant, mon toit est mort. Facile à dire objecterons les finauds, mais ça va mieux en le disant.

   Je suis vivant, donc j'ai besoin d'un toit pour vivre. Je suis vivant et j'aime la vie : la mienne et celle des autres. Le capitalisme, lui, est mortel : pour moi et pour les autres.

   Je choisis donc la vie : la mienne, et celle des autres. Je veux que tout le monde vive, que tout le monde ait accès au même confort, ou que nous disparaissions tous. Je veux l'égalité parfaite : que chacun ait un toit, de quoi manger, se laver, se vêtir, le reste n'étant que superflu.

   Puisque le capitalisme se fiche des vivants, puisqu’il se sert de tout, vivant ou mort pour se maintenir coûte que coûte, puisque même la mort de quelqu’un ou de quelque chose lui est une occasion de prendre son gain, il est temps déclarer la guerre à mort au capitalisme. Et pour cela rien de plus simple : que toute personne occupant un lieu à titre onéreux pour son habitation principale, cesse de verser quoi que ce soit.

   "Cet homme est fou" crieront mes adversaires. C'est à leurs yeux une chose sacrilège. Mais la France, qui a mis fin à la féodalité en quelques semaines en 1789 (puis instauré le droit à la propriété privée, on y reviendra), c'est donc le pays où tout est possible. Y compris celui de voir Patrick Drahi créer une fortune personnelle immense alors que ses sociétés sont toute lourdement endettées.

La grève des loyers, acte révolutionnaire

   Que les locataires cessent de payer leur loyer, voilà qui renverserait le système. Tiens, au fond de la salle quelqu'un se réveille : "Eric Cantona avait proposé que l'on vide nos comptes en banque, il y a quelques années, il disait que le système s'effondrerait en moins de deux si on faisait tous ça". Oui, je m'en rappelle moi aussi. Il a dû recevoir quelques coups de fils de gens importants, puis il s'est rétracté en disant me souvient-iil qu'il avait juste lancé ça comme ça, en l'air, sans appeler à le faire. Dans un monde de couards, personne n'a jamais tenté de la faire, ou alors un gars dans son coin, alors on ne saura jamais si ça marche.

   Et vous savez quoi ? Je m'en fiche. Car je ne lance pas une idée en l'air. Qu'on ne se méprenne pas sur mon compte : je ne suis pas un ancien footballeur propriétaire (Cantona l'est, un ami à moi était son voisin), ni un personnage un brin fantasque et à l'exagération toute marseillaise. Je suis pour mieux dire un ami du genre humain.

   Quoiqu'elle paraisse scandaleuse, je ne rétracterai pas ma thèse, dussè-je être sali par les médias, embêté par les agents de l'Etat, excommunié par une église catholique dont je n'ai que faire depuis que j'ai compris qu'en se faisant la complice des iniquités du capitalisme elle renie chaque jour les Evangiles et le message du Christ. Qu'on se rappelle que Luther, qui n'avait pas l'ambition de créer une nouvelle religion, a demandé à la papauté. Donner mon nom mettrait à mes trousses nombres de journalistes et pseudo intellectuels qui voudraient me chercher des poux dans le tête.

   On me dira aussi : "d'où sort-il celui là avec ces idées extravagantes ? Il n'est certainement pas économiste". Entendre : diplômé en économie. Certains "chroniqueurs", "consultants" ou "expert" des plateaux télés n'ont pas à déposer le moindre diplôme attestant d'un quelconque parcours universitaire, et ce que je dis, fut-ce en amateur éclaire, tombe sous le bon sens. Et puis avant de faire la grève des loyers, il existe déjà plein d'autres solutions. L'Etat est sur le coup (avec DALO) et des idées intéressantes ont été proposées.

   Je vais donc exposer en quoi le droit au logement opposable est une chimère, et en quoi les idées proposées avant moi, ne se proposent que de corriger à la marge le problème des inégalités économiques, alors que la mienne se propose de corriger totalement la donne. Economie et société vont de pair : une société où se creuse l'écart entre ceux qui possèdent plus qu'il ne faut et ceux qui ont de moins en moins, ne peut que revenir à un état de nature primitive, soit la guerre de chacun contre chacun.

   Guerre qui existe déjà malgré la démocratie et qui ne peut qu'empirer dans un monde climatiquement désordonné. Je fais donc œuvre de salubrité publique en proposant cette réforme. Réforme qui n'a pas besoin d'un quelconque législateur mais de la ferme volonté de chaque personne, qui lassée de se voir abandonnée à son sort, dit un jour « basta ».

   Si une personne seule cesse de payer, comme le fit Jérôme Vigliano avec son appartement parisien de la rue de Chantilly, elle subit les foudres de la justice. Je parle de lui car il a tenu un blog sur Médiapart et s'est battu avec férocité, honneur à lui. Il était hélas seul. Mais que des millions de personnes résidant en France, ouvriers, employés, étudiants, cadres, qu'ils soient bien ou mal payés, français ou non, que tous ces sans-grade cessent de payer en même temps et fassent le pacte de ne pas avoir peur des lettres de relance, et le système inique s'effondre.

   Dans une démarche à La Boétie (Soyez résolus de ne servir plus, et vous serez libres"), face aux refus des plus modestes de se soumettre à une iniquité, le rapport de force change et de dominateur et étouffant qu'il était pour les plus pauvres, il lui devient tout à coup favorable.

   Le but de cette grève est simple : un logement par personne, interdiction de la multipropriété. Plus de rente, plus de spéculateurs, plus de logements vides. Chaque individu doit pouvoir posséder son toit, sans qu’un autre en possède dix pour en tirer profit. Ce n’est pas une réforme, c’est une révolution par l’usage.

La grève des loyers, pour quoi faire ?

   Le but de cette grève est d'instaurer un nouveau système de la possession du logement pour chacun :

   Mais avant de présenter plus avant la mise en place de la grève, et ses effets attendus, puisque donc on me dira « il y a d'autres solutions, pas besoin de proposer quelque chose d'aussi radical que la grève des loyers », voyons ce que d'autres proposent pour favoriser l'accès de chacun à la possession de son toit. Je dis bien possession et non propriété. Les amateurs de Proudhon qui connaissent bien cette distinction fondamentale, apprécieront. La possession, c’est l’usage légitime d’un bien tant qu’on l’occupe ; la propriété, c’est le droit de le posséder même sans l’utiliser, et d’en tirer une rente.

   La grève des loyers n’est pas une utopie. C’est l’outil le plus simple, le plus juste et le plus efficace pour rendre à chacun ce qui lui est volé : un toit. La grève des loyers n'est pas de mon invention. Elle a déjà été pratiquée dans le passé mais pour dans une circonstance bien précise, pour un immeuble, un quartier, ou une ville, et pour obtenir une contrepartie de circonstance, mais sans remettre en cause la sacro-sainte propriété privée.

  Jamais encore cette grève des loyers n'a été pratiquée à l'échelle d'une nation, par des millions de locataires afin de faire cesser le cumul des propriétés dans un but spéculatif. Chiche ? Que Macron qui voulait restaurer la valeur travail nous soutienne, car un bien immobilier est improductif, ou qu'il retourne aux oubliettes de l'histoire (il est déjà en chemin).

2-Pourquoi les réformes ne suffiront jamais ?

   Je ne suis pas le premier loin s'en faut, à m'être penché récemment sur la question de permettre à chacun d'accéder à un toit. Il me paraît donc utile de voir ce qui a été présenté dans ce domaine ces dernières années.

   Rien de bien transcendant, vous le constaterez, même si bons nombre penseurs... pensent. Qu'on songe par exemple Glen Wey et Eric Posner ("Radical Markets") qui se proposent d'abolir la rente par un système d’enchères continues et de taxation permanente sur la propriété (y compris immobilière). Chacun déclare la valeur de ses biens ; on paie un pourcentage de cette valeur en taxes, et on peut être contraint de vendre à ce prix si quelqu’un veut acheter.

   Il s'agit de rendre l’accumulation coûteuse et dissuader la spéculation. Hélas, c'est une solution très complexe, qui repose sur une administration numérique sophistiquée, or on ne sait si l'Internet est soutenable dans les prochaines années, avec le réchauffement climatique. De plus, c'est une mécanique incompréhensible pour le grand public, et surtout applicable uniquement via un cadre légal étatique lourd. Or l'Etat français, déjà si défaillant et abîmé au plus profond par 8 ans de macronisme, ne peut accompagner ce genre de réformette. Et puis le but de tout socialiste libertaire est d'aller vers mois d'état. Quand une société est juste, apaisée et le but de la grève des loyers est , nul besoin d'un appareil étatique lourd.

   Eric Freyfogle ("The Land We Share, On Private Property") veut encadrer la propriété privée pour qu’elle serve l’intérêt général, et intégrer la dimension écologique et communautaire dans les droits de propriété. Leur mécanisme : réformes légales, planification urbaine responsable, intégration de critères environnementaux. L'objectif est une propriété responsable et équitable. Je pense qu'on publiera leur livre quand la grogne sera forte, car il n'y a là qu'une énième émanation du réformisme progressif : pas question de toucher au cœur de la rente immobilière, on reste sur un cadre moral plus que structurel.

   Pour John F.C. Turner ("Housing by People"), les habitants doivent contrôler la conception, l’usage et la maintenance de leur logement. C'est du proudhonisme light : auto-construction, coopératives d’habitants, décentralisation des décisions. Certes il est question d'autonomie résidentielle, d'empowerment des habitants, ça ferait un super reportage dans un journal bobo, mais ça ne met pas en cause la propriété multiple, et c'est surtout applicable dans des contextes informels ou en développement.

   On peut aussi promouvoir l'intervention forte de l'Etat dans la construction, comme le préconise Catherine Bauer Wurster ("Modern Housing") c'est à dire construire du logement social massivement est coûteux alors que les caisses de l'Etat sont vides. Les villes qui refusent de construire du logement social par crainte de voir débarquer des classes sociales plus pauvres préfèrent payer les amendes prévues par la loi. Se focaliser sur l’augmentation de l’offre publique sans interdire l’accumulation privée ne sert à rien.

   Quant au Site Value Tax (taxer la valeur du sol plutôt que le bâti, pour neutraliser la spéculation foncière pour Inciter à utiliser les terrains plutôt qu’à les laisser vacants), elle peut être contournée par les grands propriétaires, et ne supprime pas la multipropriété. Si des terrains restent vacants c'est juste pour une question de rentabilité. Et puis c'est encore trop mou vu les temps que nous vivons.

   Ce que je demande à l'Etat en faisant grève du loyer, c'est de poser une limite ferme, simple et définitive à un abus (l'accumulation de la rente), pour ne plus avoir à s'en occuper ensuite. Cela nécessite des emplois ? Il faudra en effet que des fonctionnaires veillent au respect de cette loi, mais il y a certainement des fonctionnaires déjà en poste qu'on peut affecter à cette mission. Et cela coûtera toujours moins à la collectivité de faire respecter une loi qui promeut l'accès au logement pour tous que d'avoir à résoudre les problèmes liés aux grandes inégalités actuelles, faut d'avoir mis en place une loi si vertueuse.

Illustration 2

   Il faut reprendre les idées du grand Pierre-Joseph Proudhon et les adapter : le Bisontin dit que la valeur créée par le travailleur lui est volée par le bourgeois qui possède les structures de production. Et il parle à des ouvriers plus que précaires (locataires, sans épargne, qui n'ont que de quoi se nourrir pour continuer à enrichir les bourgeois par leur force), dans un contexte de Révolution Industrielle. C'est avec ta sueur que le bourgeois gagne sa vie : il s'enrichit sans travailler, en volant la valeur que tu crées, et c'est avec ce vol qu'il devient propriétaire.

   Nous ne sommes plus au XIXe siècle, et les idées de Proudhon doivent être vues avec les lunettes de 2025. La situation actuelle est que : l'extraction massive des ressources qui a été un moteur de la Révolution Industrielle est un frein à l'économie, l'eau et les énergies se raréfient, et le climat pose problème. De plus en plus. Voyez les canicules récentes et répétées dont nous avons souffert ; ce n'est que le début. Des effets de domino extraordinaires sont en marche. Le réformisme lent ne suffira pas.

   La réalité rend les approches réformistes insuffisantes : le capitalisme est outrancier, et la crise écologique est mondiale. Les mesurettes sont autant de coups d'épée dans l'eau. Le revenu universel d'existence (RUE), qui ne peut être piloté que par l'Etat, ressemble de plus en plus au pompon dans les manèges d'antan : les caisses sont vides, l'Etat ne versera rien.

   Si vous voulez regagner de la liberté et du pouvoir d'achat et laisser la planète souffler un peu, il va falloir du courage : cesser de payer votre loyer. Sinon, vous pouvez aller défiler avec les syndicats le 10 septembre au lieu prévu à cet effet, les policiers en civil prêts à jouer les agents provocateurs sont déjà en train de faire du gainage à la salle de sport et vous attendent avec leur gazeuse ou leurs LBD pour apprendre à donner votre avis dans la rue. « Ferme-la et paye ton loyer » pourrait être la maxime de notre temps. Et pourtant...

L’immobilier, valeur-refuge mondiale pour les capitaux

   Aujourd'hui et tout le monde s'en plaint, l'immobilier est un “bitcoin en pierre”. Les prix sont déconnectés de l’économie réelle, alimentés par la spéculation internationale (combien d'appartements parisiens appartenant à des émirs du pétrole, des magnats russes de l'énergie, combien de villas de la côte d'Azur vides 52 semaines par an?), et la financiarisation des loyers. Les solutions progressives (taxes, réglementations, coopératives) se heurtent à un marché globalisé où l’argent circule plus vite que la loi.

   Alors que la planète se réchauffe dangereusement, le bâti représente 40 % des émissions mondiales de CO₂. Dans cette circonstance, laisser des logements vides ou multiplier les résidences secondaires est une aberration écologique. On continue à construire alors que certains logements sont vides.

   Les réformes douces ne suffisent pas : il faut réduire immédiatement l’empreinte écologique liée à la construction immobilière en optimisant l’usage du parc existant. Ainsi les entrepreneurs du bâtiment, au lieu de construire de nouveaux biens pour la spéculation pourront se reconvertir dans l'amélioration des bien existants : réhabilitation des logements insalubres , reconversion des hôtels de luxe en logement social, mise aux normes écologiques de toutes les habitations. En faisant du logement le fer de lance de révolution écologique, personne dans le BTP ne risque de se retrouver les bras croisés.

   Les mouvements de populations inévitables car le réchauffement climatique entraîne des migrations climatiques massives. L'instabilité politique et pénuries est la cause de déplacements forcés à grande échelle.

   Les États occidentaux devront loger des millions de personnes en plus de leur population actuelle. Dans ce contexte, laisser l’habitat soumis à la rente privée, c’est organiser un apartheid résidentiel.

   La seule mesure capable d’agir immédiatement et massivement est celle que je propose : un logement par personne, obligation de revente du précédent, vacance interdite, possession par étrangers conditionnée à la résidence effective et fiscale.

   Non pas une réforme lente par la loi, mais une action directe collective : cesser de payer, cesser de cautionner la rente. Une nouvelle propagande par le fait, sans bombe mais qui assène : ami locataire, tu paies ton loyer à quelqu'un qui possède ton toit alors qu'il en a déjà un (voire plus) pour sa tête.

3-Comment mener la grève des loyers ?

Avant la grève : s’organiser

   Créer des collectifs de locataires ar immeuble, par quartier, par ville : des assemblées pour décider ensemble. Exemple : À Barcelone, la PAH a stoppé des milliers d’expulsions en s’organisant en réseaux locaux. Créér des groupes sur Signal ou Télégram, afin de communiquer en toute sécurité, organiser des réunions publiques (halls d'immeuble, parcs, locaux associatifs), cartographier les logements vacants (Pappers Immobilier, Cadasta), lister les propriétaires spéculateurs des environs.

Connaître ses droits (pour mieux les contourner)

  • délais d’expulsion : En France, un propriétaire ne peut pas vous mettre à la rue du jour au lendemain. Comptez 6 mois à 2 ans selon les cas.

  • essentiel : exiger un huissier physiquement présent pour toute tentative d’expulsion (beaucoup de propriétaires abandonnent face à la résistance) filmer les interactions avec les proprios ou les FDO, ne jamais ouvrir sa porte sans mandat d'expulsion en règle ,

Préparer les arguments

  • face au propriétaire : "Je ne paie plus parce que mon loyer finance votre spéculations. Rejoignez-nous pour exiger un gel des loyers et la fin de la multipropriété."

  • face aux voisins dubitatifs ou hostiles : "Vous préférez payer pour enrichir un rentier, ou vous battre pour que tout le monde ait un toit ?"

  • face aux médias : "Nous ne sommes pas des profiteurs, nous sommes des travailleurs qui refusons de financer l’injustice."

  • face aux policiers : comme le recommande Victor Serge (« Ce que tout révolutionnaire doit savoir de la répression », éditions Maspero), silence le plus complet. Vous avez droit à un avocat, ne parlez qu'à celui-ci.

Se protéger

  • Caisses de solidarité : demander à chaque participant une cotisation mensuelle (même symbolique) pour nourrir cette caisse, qui sert à aider ceux qui subissent des représailles. Les élites et patrons se serrent les coudes pour maintenir leurs privilèges, soyons unis entre nous.

  • Réseaux juridiques : contacter des avocats militants (Syndicat des avocats de France, asso Droit Au Logement).

Pendant la grève : résister

   Le but est de pas payer, mais dans un but politique. Il ne s'agit pas de se taire, ne faire profil bas, comme si nous avions honte. Bien au contraire il faut expliquer que ce refus de payer a des motivations sérieuses, qui dépassent sa propre personne. Comme le chantait France Gall, résiste, prouve que tu existes !

  • Actions visibles : affiches dans les halls d'immeubles : "Ici, on ne paie plus la rente !", rassemblements devant les agence immobilières, mairies, préfectures, conseils généraux ou régionaux, CAF, etc., occupation des logements vides avec des banderoles. On se souvient que l'occaupation de logements vides rue du Dragon (Paris 6e) avait beaucoup fait pour médiatiser cette cause, dans le passé.

Face aux menaces :

  • lettre-type pour répondre aux relances :

    "Madame, Monsieur, Je participe à la grève nationale des loyers pour exiger l’abolition de la propriété spéculative. Mon loyer servira à financer une caisse de solidarité pour les locataires expulsés, jusqu’à ce que l’État et les propriétaires acceptent nos revendications (voir ci-joint). Cordialement, [Votre nom ou 'un.e locataire en grève']."
  • En cas de coupure d’électricité/eau : alerter les médias locaux, organiser des branchements solidaires avec l'aide d'électriciens militants. EDF est très syndiqué, on peut se faire aider par eux.

Médiatiser la lutte :

  • Les réseaux sociaux ne servent pas à grand chose mais au moins essayons de les utiliser comme relais pour une juste cause : utiliser les hashtags #GreveDesLoyers et #UnLogementParPersonne.

  • Au besoin, passer à des actions coup de poing : blocage d'agences immobilières, organisation de "visites guidées" des logements vacants du coin (vous savez, toutes ces pancartes "à vendre" ou "à louer" aux fenêtres)

Proposition de loi à exiger

Une fois le rapport de force établi, la loi à faire adopter est celle-ci :

Article 1 : Toute personne physique résidant au moins six mois de l'année en France et payant ses impôts dans le pays ne peut posséder qu'un seul et unique logement.

Article 2 : Interdiction des résidences secondaires. Exception 1 : Les logements familiaux (transmis par héritage) devront être occupés sous 6 mois ou réquisitionnés. Exception 2 : Les logements de fonction (affectés à des travailleurs mobiles : enseignants, soignants, militaires, etc.) sont autorisés uniquement s’ils sont occupés à l’année par leur bénéficiaire.

Article 3 : Interdiction des logements vacants. Tout logement inoccupé plus de 3 mois est réquisitionné par la commune et attribué à un ménage en attente de logement.

Article 4 : Socialisation des grands bailleurs. Les sociétés possédant plus de 100 logements (Action Logement, foncières, etc.) sont placées sous contrôle citoyen.

Article 5 : Amnistie pour les grévistes. Aucune sanction (expulsion, fichage) ne peut être prise contre les locataires participant à la grève.

   Cette loi détruit la rente sans toucher aux petits propriétaires. Elle résout la crise du logement en 6 mois. Elle coûte moins cher à l’État que les aides au logement actuelles.

Comment la faire passer ? Par la grève nationale et illimitée des loyers.

Question / Réponses

   Q : Et si je me retrouve à la rue ?

   R : Les propriétaires ne pourront pas tous expulser. S’ils essaient, nous occuperons les logements vides. Personne ne dormira dehors. En 2008, en Islande, les ménages ont refusé de rembourser leurs crédits toxiques. Résultat : les banques ont plié. Ici, ce sera pareil : si nous sommes des millions, ils ne pourront rien faire.

   Q : Les petits propriétaires vont souffrir !

   R : Nous ne visons pas les propriétaires modestes (1 logement), mais les spéculateurs. Proposons-leur un moratoire sur leurs crédits en échange de leur soutien. L’ennemi, c’est le Système, pas la retraitée qui vit en EPHAD et loue son ancien appartement en attendant de le donner à ses enfants à sa mort.

   Q : les loyers vont exploser après la grève !

   R : si des millions de locataires ne paient plus, les propriétaires seront forcés de négocier. Et avec notre proposition de loi, les loyers seront gelés. C’est maintenant ou jamais.

   Q : c’est illégal !

   R : eh oui. Comme l’était la prise de la Bastille, les grèves de 1936, ou les occupations de mai 68. Les droits se prennent, ils ne se demandent pas. La désobéissance civile a toujours été le moteur des progrès sociaux.

   Q : et si l’État réprime ?

   R : l’État ne peut expulser des personnes isolées et sans soutien, mais pas expulser des millions de personnes qui se serrent les coudes dans un combat politique. Et s’il essaie, nous organiserons la résistance : occupations, blocages, grèves générales. Ils ont besoin de nous pour faire tourner l’économie. Nous, nous survivons et l'Etat montre qu'il n'a rien pour nous aider, et menace de retirer le peut qu'on avait. Ce que l'on croyait "acquis" n'etait que concédé temporairement. On va devoir reconquérir nos droits et parler désormais de "conquis sociaux".

   Q : je suis en HLM, je fais quoi ?

   R : soutenez la grève ! Organisez des assemblées dans votre résidence pour exiger plus de logements sociaux. Votre lutte est la nôtre : contre la privatisation des HLM et les loyers qui flambent.

   Q : Je suis propriétaire de ma résidence principale, je risque quoi ?

   R : Rien. Cette grève ne vous concerne pas. En revanche, si vous avez un deuxième logement que vous louez, vendez-le ou rejoignez-nous. La spéculation, c’est comme une drogue : soit on arrête, soit on en crève tous.

Après la victoire : construire l’après

Gérer les logements libérés

  • Coopératives d’habitants : Les locataires gèrent eux-mêmes leur immeuble, sans intermédiaire.

  • Autogestion : Réhabilitation des logements insalubres par des artisans locaux (financés par les économies réalisées sur les loyers).

Empêcher le retour de la spéculation

  • Lois d’urgence :

    • Interdiction définitive de la multipropriété.

    • Création de bourses locales du logement pour attribuer les biens réquisitionnés.

  • Contrôle citoyen : des assemblées de quartier décident de l’attribution des logements.

4-La victoire qui nous attend (conclusion provisoire)

   Car oui la victoire est proche, elle nous attend comme un fruit mûr, prêt à tomber de l'arbre. Il suffit de donner un bon coup de pied dans l'arbre. "Sans armes, ni haine, ni violence" aurait dit Albert Spagiari. Après tout Gandhi a réussi à faire triompher l'indépendance de l'Inde par la non violence.

   Avec la grève des loyers, pas besoin de défiler de République à Nation, pas de risque de se faire gazer. Mais ce n'est pas une sinécure : cette grève, mère de toutes les batailles, nécessite des actions concrètes et coordonnées, de la solidarité, de l'endurance. Dans la vie, on n'a rien sans rien, parole d'anarchiste. Mais votre argent n'ira pas à ce propriétaire que, comme moi sans doute, vous n'avez jamais rencontré et qui se fiche de votre existence comme de son premier compte bancaire.

   Vous avez lu, vous avez frissonné, mais déjà vous voyez que le texte touche à sa fin... votre série Netflix vous attend. Le 10 septembre, on va faire des choses douces, distribuer des tracts, comme on nous le dit sur les réseaux. Allez avouez que vous vous sentez bien dans ce système, et trouvez des arguments pour ne rien faire... Le 14 juillet 1789, il y a certainement des Parisiens qui ont vu des gens en colère qui se dirigeaient vers la Bastille et qui se sont dit "ces gens sont fous, ils vont mourir pour rien".

   Alors vous reprenez mentalement les éléments : oui, c'est tentant mais si je paie plus mon loyer mon argent ira où ? Si vous l'avez oublié, relisez le manuel plus haut. Votre argent ira dans une caisse commune.

   Oui, il est question de faire une action commune (oh le gros mot, ça fait penser à communisme), préparée, concertée, radicale. Pas de sortir dans la rue, de rentrer en courant dès les premiers jets de gaz lacrymo, ni de fournir de belles images de vitrines cassées aux mass merdias.

   Il est bel et bien question d'une caisse commune, comme la fameuse caisse dans le jeu de Monopoly. Ou caisse de solidarité si la référence au communime vous emmerde. Si le monde actuel vous déprime comme dans une partie de ce jeu lors de laquelle vous êtes en train de perdre, retrosuvez la fraîcheur de votre enfance : envoyer tout balader, les pions, le plateau, déchirez les billets.

   Et n'oubliez pas que nos vies valent plus que leurs profits. Et vive l'anarchie qui n'est pas le bordel mais UN SOCIETE DE JUSTICE POUR TOUS ET D'EGALITE.

   Première action : si vous êtes pour, commentez "J'en suis". Si vous êtes contre, retournez devant Netflix, ou TF1.

   Dans le prochain article de blog, on parlera de la fameuse caisse commune. Si vous en avez déjà organisé une, commentez, ça nous intéresse.

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