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On avait beau avoir été prévenus, Alain tu nous quittes d’une façon fulgurante, rien n’y fait, une grande tristesse, et un vide qui ne se comblera pas.
Peut-être as-tu décidé de ne pas laisser tes amours seules ? Ça serait bien ton genre.
J’ai connu Alain et Françoise, j’avais 20 ans, grâce à Azo, un beau soir de septembre 1975, au détour d’une allée à la fête de l’Huma et cette fois il ne pleuvait pas. J’ai tout de suite accroché.
Un couple qui vivait avec son temps, qui avait connu mai-68. 68, la "révolution", les conquêtes contre le capitalisme débridé, 68, la libération, enfin presque, pour les femmes, car ces deux-là ont bien étaient présents pour les droits des femmes et notamment à l’association ATLAC qui avortait clandestinement les femmes.
L’après 68 qui nous a permis toutes les extravagances, la fête, les découvertes plus ou moins heureuses, mais la fête sans jamais oublier que la liberté est toujours un combat.
De bons moment à refaire le monde jusqu’à pas d’heure, avec en fond musical Thiéfaine, Higelin, ou Armstrong, Davis, ou Mozart, Beethoven.
Comme il avait plus d’une corde à son arc et une curiosité à l’infini, quand j’ai ouvert la galerie Artgument, j’ai demandé à Alain s’il voulait bien écrire des articles sur les artistes, sur le coup il m’a répondu « j’aime les œuvres d’art mais je n’y connais rien » je lui ai répondu « moi je ne doute pas de ta plume je sais qu’elle se baladera entre les traits, les couleurs, les formes et les volumes. »
Et le fait est qu’il a su attirer l’attention, faire poser le regard sur le détail, qu’il m’a même parfois interpellée sur une poésie que je n’avais pas vue en regardant l’œuvre.
Il faut dire qu’à la galerie Artgument il y avait, autant que faire se peut, l’égalité hommes femmes et que celles-ci accrochaient bien son regard de Don Juan, que de clins d’œil et de sourires audacieux…
Des artistes ont repris ses écrits, ils font partie de leur biographie et on peut en retrouver certains dans des livres d’art.
Il se disait pas pédagogue sur le sujet et pourtant il a su transmettre son enthousiasme à des regardeurs, amateurs, collectionneurs qui ont découvert la galerie grâce à sa plume, sans prétention mais toujours avec sincérité et humour.
On t’aimera toujours et tu resteras dans l’histoire.
Agnès Bernard