Alain NORDET

Abonné·e de Mediapart

79 Billets

1 Éditions

Billet de blog 6 novembre 2023

Alain NORDET

Abonné·e de Mediapart

La Touraine pas à la traîne

« Loulou à la Nounou - Illustrations d'Azo »

Alain NORDET

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Signe des temps, la Touraine se branche sur Internet, via le Comité départemental du tourisme qui lance www. tourism-touraine.com.

Illustration 1
© Azo

Il ne s'agit pas de proposer des balades virtuelles au Jardin de la France, mais bien d'une opération de marketingue, comme dit mon gardien de musée préféré. Afin d'épargner nos sous en jouant à l'unisson, les six départements de la région Centre ont créé des serveurs similaires pour livrer leurs informations sur le web. Plus tard, on pourra sans doute y trouver le contenu complet du guide pratique Touraine-Val de Loire, histoire de mieux séduire nos visiteurs étrangers. C'est à l'étude, because money.
Les surfeurs anglo-saxons et autres barbares connectés accèdent désormais au « www. tourism-touraine.com » sur Internet, version Molière ou Shakespeare, alors que les passéistes franchouillards peuvent se contenter, pour quelques temps encore, du 3615 Touraine sur Minitel. Au menu, après la page titre en forme d'étiquette de vin baptisée en franglais Touraine Loire Valley : visites, hébergements, animations et tout et tout.

La préférence touristique

Chaud devant sur l'écran ! Voici les six modules qui ondulent : un flash info en assiette anglaise, les points forts touristiques en plat de résistance, un jeu quizz pour faire couler, des brochures à commander en dessert, des produits à consulter pour digérer, et le marketing sur un plateau pour l'addition.
Le Touraine tourist board frappe fort et il a bien raison. Dans un pays envahi l'été par des hordes d'immigrés pâles, mais riches, il faut savoir faire jouer la préférence touristique. Madame Sofres, consultée l'an dernier, nous a raconté que les châteaux sont plébiscités à 73 %. Peu douée pour les langues, elle n'a toutefois interrogé que les touristes français. Nul n'est parfait. Des étrangers myopes auraient peut-être fait la confusion avec les mini-châteaux…

Vieilles pierres et gastronomie

Le fonds de commerce tourangeau se concentre donc sur les vieilles pierres. Les vedettes sont toujours Chenonceau (900.000 visiteurs), Azay-le-Rideau, Amboise et Villandry (350.000 à 400.000 chacun). Quant aux jeunes parpaings peints (les mini), ils attirent les familles par paquets : 400.000 membres.
Bien sûr, le Comité départemental du tourisme s'intéresse à tout le monde. À destination des pas branchés, même pas français, il édite toujours de superbes brochures : Patrimoines, Loisirs et randonnées, Visites et découvertes. Le tout est disponible gratuitement dans les offices de tourisme, avec le sourire des hôtesses.
Le fin du fin, c'est « Escapades », un catalogue de séjours pour tous les goûts : bacchiques ou bucoliques, littéraires ou gastronomiques, sportifs ou historiques, etc. Dans la fiche technique, on trouve même le prix. Ce n'est pas gratuit. Normal puisqu'il s'agit d'une collaboration avec des agences de voyages.
L'invitation est plaisante, sur le papier comme à l'écran. Et contrairement à ce que pensent de mauvaises langues, la Touraine n'est donc pas à la traîne ! 

Alain Nordet, La Nouvelle République, Mars 1999

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.