Deux hommes armés se font remettre le contenu du coffre-fort (60.000 F), en pénétrant dans les locaux administratifs du supermarché de l'Alouette.

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L'affaire a été bouclée en quelques minutes seulement, comme à la hussarde, avec un professionnalisme évident. En entrant au Centre Leclerc de l'Alouette, à Joué-lès-Tours, les deux hommes à moustaches portant des lunettes noires pouvaient n'être que des clients ordinaires en cette fin de matinée. Ceux-là, toutefois, n'avaient pas besoin de caddie pour faire leurs provisions.
Ni vu ni connu, les compères traversent l'espace commercial comme une comète discrète, négligeant les gondoles encombrées de surplus alléchants. Leur trajectoire fait fi des ellipses : direction la direction. Dans les locaux administratifs se trouvent alors une demi-douzaine d'employés que l'apparition de ces Blues Brothers de supermarché soustrait brutalement à leur zèle.
60.000 F en libre-service
Les deux intrus ne portent pas plus de guitare que de chapeau. Point ne s'encombrent non plus de formules courtoises, pour revendiquer sèchement le contenu du coffre-fort. Leurs armes de poing parlent à leur place un langage évident au ton comminatoire. La direction ne peut donc se dérober à cette obligation majeure.
Nanti d'un pactole que l'on évaluera plus tard à 60.000 F, le duo tire sa révérence, mais pas la sonnette d'alarme. À chacun son rôle. C'est donc sans trop de souci qu'ils quittent l'Alouette après l'avoir plumée.
Secrets d’État
L'histoire n'est probablement pas finie, à en croire le SRPJ (Service régional de police judiciaire) finalement alerté, lequel a lancé ses limiers à leurs trousses. Ils ont beau se pavaner dans leur limousine frauduleusement soustraite à un malheureux habitant du Loir-et-Cher, ils finiront bien par se faire prendre ailleurs.
Le faits divers ci-dessus narré n'a pu être reconstitué avec toute la précision souhaitable et les témoignages requis, les dirigeants de cette bonne maison Leclerc n'ayant pas cru devoir autoriser les sachants à dévoiler leurs secrets d'État au petit reporter.
Alain Nordet, La Nouvelle République, 25 août 1996