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Ambiance très chaude place Plumereau à Tours, la nuit de ce dernier week-end, alors qu'on n'en était qu'à la « répétition » de la Fête de la Musique, puisqu'elle devait être officiellement célébrée plus tard... On ne comptait plus les verres et bouteilles brisées un peu partout. Et c'est justement un cendrier cassé qui a déclenché une sacrée bagarre, vers 2 h 30.
Aux Trois Rois, une jeune femme le reçoit en pleine figure, le sang coule. Son ami va demander des comptes dehors au lanceur d'objet volant. L'autre sort son couteau (certains témoins ont parlé d'une serpette) après avoir donné des poings et poursuit l'ami de la dame jusque sur la place.
Intervention « difficile » de la police
Là, ça dégénère parce qu'on veut désarmer l'homme au couteau qui joue les terreurs. Le groupe qui joue, lui, de la musique devant le bar, en prend pour son grade, surtout le guitariste. La lame vole dans tous les sens, on la voit même sillonner un ventre. Ça craint vraiment maintenant, d'autant plus que l'agresseur a reçu du renfort.
Sur la place, la foule s'est arrêtée, la musique s'est tue. L'arrivée des policiers dans des conditions plutôt délicates à cause de tout ce monde aux alentours, met un terme à l'intermède sanglant. Des gens applaudissent d'abord l'intervention de la force publique, comme au spectacle, mais celui-ci n'est plutôt pas du goût de certains. Commentaire en forme d'euphémisme d'un responsable : « L'interpellation des protagonistes a été difficile, compte tenu de l'attitude du public. »
Il est vrai que si l'un d'eux a été remis à la police par des témoins, le surineur, après s'être enfui, revient narguer les agents. La poursuite est chaotique dans les petites rues autour de la place Plum. Un punk gonflé à la canette lance même son chien contre la voiture de police. Re-bousculade et interpellation du mohican qui ne sera pas le dernier.
Trois blessés
Le trancheur est bientôt récupéré lui aussi. Il retrouve son partenaire en garde à vue où ils sont maintenant sous la protection du ministère de l'Intérieur. Une prolongation de séjour pourrait même leur être accordée. Car s'ils reconnaissent avoir porté des coups (de poing), chacun d'eux nie en revanche avoir manié la lame, ce que contredisent les nombreux témoins de ces exploits nocturnes. À moins que les trois blessés – dont un porteur d'une plaie profonde au coude – comptabilisés par les enquêteurs, ne soient tombés tout seuls sur des bouteilles cassées…
Commentaire désabusé d'un riverain sur l'agresseur : « De toute façon, demain il sera dans la rue. » Faux (à l'heure où nous écrivions) : le seul à s'en être sorti, c'est le keupon, après avoir cuvé. Il répondra devant la justice de « dégradation de véhicule administratif. » Pour le reste, affaire à suivre.
Alain Nordet, La Nouvelle République, 22 juin 1993