L'assemblée générale de la Fédération des chasseurs d'Indre-et-Loire a donné lieu à une... passe d'armes, samedi, entre les « jeunes Turcs » de l'opposition et l'équipe dirigeante, accusée d'immobilisme.

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Il était remonté, Claude Couderchet, samedi au palais de Rochepinard à Tours, face à la contestation venue de quelques-uns des cinq cents participants à l'assemblée générale de la Fédération des chasseurs d'Indre-et-Loire. Sans se départir de sa bonne humeur, le président n'en a pas moins montré des signes évidents d'impatience – et même un autoritarisme certain – quand la discussion s'est portée sur une éventuelle limite d'âge imposée aux dirigeants.
« Âge dépassé »
Une proposition, émise par un groupe de quadragénaires, candidats « d'opposition », suggère de fixer à 72 ans l'âge maximum admis pour siéger au conseil d'administration. Une façon non déguisée de dire que certains ont fait leur temps. Dans son discours introductif, M. Couderchet, lui-même âgé de 68 ans, avait pris les devants contre « ce genre de coup bas » : « Que l'on ne nous dise pas qu'après 72 ans les hommes ne sont plus bons à rien ! »
Il a contre-attaqué ensuite : « Compte tenu de la durée du mandat, qui est de neuf ans, il ne serait pas possible d'avoir des administrateurs de plus de 63 ans. Je ne crois pourtant pas avoir le cerveau ramolli ». Le président a enfoncé le clou en affirmant que « les retraités sont les plus disponibles pour travailler bénévolement. »
Figure de proue des opposants, Claude Chaillou, 48 ans, cadre d'imprimerie, président de l'Association départementale des chasseurs de gibier d'eau, chroniqueur chasse à Radio France Tours, avait pourtant pris les précautions d'usage en proclamant un peu perfidement son respect pour les personnes âgées. Estimant que « limiter l'âge, ce n'est pas exclure », Mais M. Chaillou n'a pu s'empêcher de préciser sa pensée sans nuance : « Il y a un âge où l'on peut s'occuper de ses petits-enfants. » Et de citer une lettre datée de 1991 par laquelle un ancien administrateur explique pourquoi il n'avait pas demandé le renouvellement de son permis de chasser : « A 85 ans, je me plonge dans mon livre de souvenirs... »
Le message était clair, mais d'autres opposants sont revenus à la charge, parlant « d'âge dépassé », voire « canonique », de la nécessité d'un « sang neuf », arguments développés dans un tract distribué aux participants, condamnant « l'immobilisme des élus, leur manque d'idées, de dynamisme et leur attachement à des intérêts trop personnels... »
Faisant fi de la contestation. le président Couderchet n'a pas hésité à clore le débat. sans même soumettre la proposition au vote de l'assemblée. Et pour enchaîner sur une seconde proposition des opposants remettant en cause le projet d'agrandissement des locaux de la fédération « accepté par vous tous et par un vote à bulletins secrets. » M. Chaillou – encore lui – a eu beau monter au créneau pour proposer une autre solution jugée moins dispendieuse, le débat s'est clos sur un « On arrête là-dessus » du président, décidément bien agacé. Non sans accusations réciproques de « diffamation ».
« Élections noyautées »
L'ambiance était alors assez chaude pour la présentation des nombreux candidats au conseil d'administration, où cinq postes étaient à pourvoir. Ils ont défilé un à un pour que l'on sache qui était qui, entre ceux de « l'opposition », les « indépendants » et les « officiels » (présentés par le conseil d'administration). On a frôlé la foire d'empoigne (verbale) quand M. Michel Tréfoux, notaire âgé de 41 ans, s'est écrié : « Ces élections sont noyautées ! », interrompu par M. Couderchet tranchant : « C'est fini. »
Alain Nordet, La Nouvelle République, 1994