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Il a fait quelques apparitions au petit écran ces temps-ci, mais on l'avait peu vu sur scène depuis belle lurette. A preuve, Vassiliu n'avait pas mis les pieds à Saint-Pierre-des-Corps depuis dix-huit ans... Pas assez pour se faire oublier au fin fond du Gers où il a trouvé refuge.
Bien pleine était la salle, vendredi soir au centre culturel communal : des habitués de trente ans, leurs enfants qui ont eu le temps de grandir, et les enfants de leurs enfants qui en avaient fait autant. La plupart connaissent de ce mec-là les mémorables tubes qui ne sonnent pas creux, comme dit Gérard Pierron.
Entre-temps, si Pierre a pris du bide, il n'a pas arrondi les angles, surtout pas celui d'attaque. Les roulés-boulés tropicaux de son Bataclan (cinq musiciens et deux choristes, tous du Sud au sens large) en font voir de toutes les couleurs. Pas toujours rose, d'ailleurs : parfois le bougre se met en rogne contre les hommes de pouvoir parce que « ces gens-là sont dangereux ».
Ça n'empêche pas de rigoler, au contraire. Et ça fait des ravages, évidemment subversifs. Contre le conformisme (pour ne pas employer un autre mot), les rafales sont envoyées dans la bonne humeur gourmande, à coup de calembours chaloupés et d'escamoteuses contrepèteries.
Vassiliu fait encore et toujours autant vaciller entre l'amour et l'amitié. Ses mélodies se baladent alors avec des langueurs d'africaines mamans. De tendresse protectrice, il entoure les siens – et nous avec – « avant que les huissiers survolent, comme des vautours, notre maison... »
Pendant près de deux heures, son chaud show fait monter une bonne fièvre exotique. Ça ne se calme pas lorsque, de plages en pages de souvenirs, remontent les chansons d'hier aux effets pervers toujours bien verts.
Après le spectacle, mesdames et messieurs, on a bu un coup, deux coups, etc. aux 49 ans de Gérard Pierron de qui venait la lumière ce soir-là. On en boira bientôt d’autres ailleurs, pour les 57 ans de Pierre Vassiliu. Eh oui ! la vie ça va.
Alain Nordet, La Nouvelle République, 17 octobre 1994