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Billet de blog 16 février 2024

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Le social en plan chez SKF

« Loulou à la Nounou - Illustrations d'Azo »

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Le « plan social » chez SKF a eu un retentissement médiatique que ne souhaitait sans doute pas la direction en le mettant en œuvre.

Illustration 1
© Azo

Deux mois exactement après la présentation de la dernière mouture du « plan social » chez SKF à Saint-Cyr, sa première traduction dans les faits a provoqué une vague d'indignations répercutée jusque dans les médias nationaux. La contradiction n'est pas mince, ce type de plan étant précisément conçu pour faire passer en douceur des suppressions de postes, dans un climat de résignation quasi générale. Même si l'on accorde crédit aux intentions louables avancées par la direction locale de l'entreprise, force est de constater que la manière détonne : le social reste en plan. Les 35 salariés concernés par cette première charrette renvoyée en taxi ont d'abord été mis KO par la méthode expéditive. 
Ils n'en finissent pas de dire leur désarroi. « Nous avons été expulsés sur-le-champ de notre lieu de travail, chassés comme des malpropres. On n'a pas mérité d'être traité comme ça. Certains, ici, ont vingt ans de maison ! » D'autres comparent leurs situations respectives : « C'est bizarre, il y a parmi nous beaucoup de personnes de 49 ans. Ça permet à SKF d'échapper à la loi sur les licenciements de salariés âgés de 50 ans et plus. »
La réaction est venue plus tard, sous la forme d'un arrêt de travail observé mercredi. La veille, un texte portant la signature de douze sur les quinze membres du comité d'établissement et des trois représentants syndicaux (CGT, CFDT et FO) avait été envoyé à la direction, lui signifiant leur refus de participer à la réunion ordinaire du CE, prévue le 27 mai. Ce jour-là, une manifestation est prévue devant l'usine à 10 h, à l'appel de l'Union départementale CGT et des syndicats de la métallurgie d'Indre-et-Loire.
Parmi les 35 salariés concernés figurent deux élus du comité d'établissement pour le licenciement desquels le CE doit être consulté. Restera ensuite à obtenir l'autorisation de l'inspection du travail. En attendant la lettre fatidique, ils sont en congé. Un congé exceptionnel, cela va de soi.

Alain Nordet, La Nouvelle République, 22 et 23 mai 1993

Dans un communiqué, la FEN exprime son « indignation devant les atteintes à la dignité et aux droits de l'homme dont la direction (de SKF) est responsable » et « apporte son total soutien » aux salariés. De son côté, Jean-Michel Bodin, conseiller régional communiste, exprime sa « révolte contre les méthodes patronales et celles de SKF en particulier qui traitent les salariés comme des pions. » Réclamant l'arrêt des licenciements, il appelle au « contrôle de l'utilisation des fonds publics qui doivent servir à créer des emplois ».

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