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Il a franchi le pas à la date prévue. Malgré le refus de son employeur de le laisser prendre un congé, Dominique s'en est allé vers son rêve : assister au show américain de Johnny à Las Vegas. L'aide cuisinier du resto « U » du Sanitas sait qu'il encourt les foudres de la répression patronale en s'envolant vert ce haut leu du capitalisme ludique. « Tant pis j’assume », a-t-il lancé en prenant le train à Saint-Pierre-des-Corps. « Je reprendrai le travail à la date prévue, comme je leur ai écrit. »
Parce qu'il ne faut pas pousser : « C'est la première fois que je demande un congé sans solde et on me le refuse, après quatorze ans de boulot ! ». À 41 ans, quand on est un fan d'Hallyday depuis trois décennies, qu'on a gagné un concours pour être propulsé gratuitement « destination Vegas » pour le voir, qu'est-ce qui peut vous retenir ?
Surtout qu'il en a reçu des témoignages de sympathie depuis un article paru dans la « N.R ». « Même l'Inspecteur du travail, que j'ai interrogé sur les risques que je prenais, m’a dit que c'était super et m'a souhaité un bon séjour. »
Il a été interviewé par des tas de journalistes, « tous des gens sympa ». Avec son caméscope et son appareil photo, il va jouer, lui aussi, les reporters pour capturer des souvenirs inoubliables.
Allez, ces messieurs-dames du CROUS, on va tout de même pas faire des embêtements à ce bon mec aux moustaches joviales qui embarque ce matin en Boeing 747. Bon voyage, Dominique !
Alain Nordet, La Nouvelle République, 23-24 novembre 1996